Le coût des FNB


Édition du 11 Février 2017

Le coût des FNB


Édition du 11 Février 2017

Perçus à juste titre comme peu coûteux, les fonds négociés en Bourse (FNB) le sont toutefois un peu plus qu'il n'y paraît au premier coup d'oeil.

Il est vrai que leurs frais de gestion bas sont l'un de leurs principaux avantages. Si l'on ne tient compte que des fonds gérés selon une approche indicielle classique fondée sur la capitalisation boursière, leur ratio des frais de gestion (RFG) moyens serait de 0,43 %, selon Daniel Straus, analyste au sein du Groupe sur les FNB et produits financiers de la Financière Banque Nationale.

Certains FNB reproduisant l'indice composé S&P/TSX et l'indice américain S&P 500 peuvent même avoir un ratio des frais de gestion aussi bas que 0,03 % et 0,08 %, respectivement. En comparaison, le RFG moyen des fonds communs de placement d'actions canadiennes et américaines de série F est respectivement de 1,14 % et 1,25 %, selon les calculs de Morningstar.

Le RFG est un pourcentage de l'actif net du fonds prélevé pour payer les services du gestionnaire du fonds, de même que pour couvrir les coûts d'administration, le marketing et les commissions de suivi (trailer fees) payés aux conseillers. Il ne faut pas le confondre avec les commissions à l'achat ou à la revente du fonds, le cas échéant.

Le RFG ne dit cependant pas tout. C'est qu'il ne tient pas compte des frais de courtage encourus par le fonds pour négocier les titres du portefeuille, appelé le ratio des frais d'opérations (RFO), plus connu sous son appellation anglaise de «trading expense ratio», ou TER.

Le RFO est généralement très faible dans le cas de plusieurs fonds qui ne visent qu'à reproduire un indice. Il est cependant beaucoup plus élevé pour des fonds gérés activement, ou dont la stratégie implique une rotation importante de portefeuille. Ainsi, le First Asset Morningstar International Momentum Index ETF (ZXM) affiche un RFG de 0,69 % et un RFO de 0,96 % pour l'année terminée le 31 décembre 2015, pour un coût de détention de 1,65 %. Sa rotation de portefeuille a atteint 128,9 %.

Jusqu'à présent, il était fastidieux de chercher le RFO d'un fonds. Il apparaît dans le Rapport de la direction sur le rendement d'un fonds, publié semestriellement, et disponible sur le site www.sedar.com. Mais on le trouve désormais dans la base de données de ETF Insight (http://www.etfinsight.ca/), sous l'abréviation TER. La dernière colonne du tableau de l'onglet «Facts» montre le total du RFG et du RFO. Il serait judicieux de consulter cette base de données avant d'acheter un fonds.

À tous ces coûts récurrents associés aux FNB s'ajoutent aussi des coûts ponctuels liés à leur négociation. C'est que, contrairement aux FCP, dont le prix d'achat ou de vente quotidien est le même et est fixé chaque jour ouvrable, les cours des FNB fluctuent durant la journée et, comme les actions, il y a un écart entre leur cours acheteur et leur cours vendeur (bid-ask spread).

Cet écart peut n'être que d'un cent sur des FNB où le volume de parts négociées est élevé. L'écart peut cependant être élevé si le fonds est peu négocié, ce qui est assimilable à un coût caché. On peut limiter son impact en choisissant des FNB au volume de transactions élevé ou en plaçant des ordres avec un prix limite. En fait, il vaudrait mieux ne jamais utiliser d'ordres au marché pour les FNB.

Pour les FNB cotés aux États-Unis, la base de données du site ETF.com indique cet écart sous l'onglet «Fund Basics», sous l'appellation «Spread», qu'elle montre en pourcentage. À ma connaissance, il n'y a pas de site équivalent pour les FNB cotés au Canada.

Les investisseurs pourraient aussi acheter un FNB à un cours supérieur à sa valeur liquidative nette, ce qui est impossible dans le cas d'un FCP. «Mais, de manière générale, cette valeur se situe au milieu du cours acheteur et vendeur parce que les mainteneurs de marché interviennent rapidement pour la maintenir entre ces deux pôles, explique M. Straus. Il y a cependant des moments où la valeur liquidative est difficile à établir, comme pour des actifs peu négociés, ou des actifs étrangers négociés sur des Bourses fermées.

Un autre coût associé aux FNB est le coût des commissions pour les négocier, qui sont habituellement les mêmes que pour négocier des actions. Depuis le 1er septembre dernier, les transactions sur des lots de 100 parts et plus de FNB canadiens sont gratuites chez Banque Nationale Courtage direct.

Questrade a aussi une offre intéressante : on peut y acheter tous les FNB cotés au Canada et aux États-Unis sans payer de commission. La commission standard, d'un minimum de 4,95 $ et d'un maximum de 9,95 $, s'applique seulement à la vente des FNB. Mais la meilleure offre est celle de Virtual Brokers, où il n'y a pas de commission pour acheter ou vendre des FNB. Cela permet de contourner un des problèmes majeurs des FNB : les achats fréquents pour de petits montants, tellement pratiques pour épargner systématiquement, y sont difficilement justifiables.

Enfin, les impôts représentent aussi une forme de coût. Les distributions d'un FNB détenu à l'extérieur d'un régime fiscalement avantageux, comme un REER ou un CELI, font l'objet d'une imposition. De plus, certains FNB contenant des titres étrangers, notamment américains, pourraient aussi faire régulièrement l'objet d'impôts prélevés à la source sur les revenus des titres en portefeuille.

Biographie

Fellow CSI, Yves Bourget a fait carrière dans l'industrie des valeurs mobilières pendant une vingtaine d'années, en particulier à titre de vice-président pour le Québec de Placements Altamira, de 1990 à 1997. Il a collaboré à la publication Finance et Investissement de 2001 à 2016, notamment en matière de fonds communs de placement.

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