La stratégie du bêta intelligent


Édition du 18 Avril 2015

La stratégie du bêta intelligent


Édition du 18 Avril 2015

Bêta intelligent (smart beta). En français, l'expression fait sourire. En fait, il s'agit de stratégies fondées sur des règles ou des facteurs permettant d'améliorer le rendement ou de modifier le risque d'un portefeuille indiciel traditionnel. Parmi ces règles ou facteurs, on retrouve le dividende, la faible volatilité, la valeur fondamentale et l'élan du prix des actions (momentum).

Il y a un réel engouement pour ces nouveaux fonds. Selon les données récentes de Morningstar, les actifs mondiaux investis dans les fonds négociés en Bourse (FNB) utilisant ces stratégies ont augmenté de 87 % pour atteindre 380 milliards de dollars américains.

Un fonds géré selon la méthode indicielle «passive» traditionnelle répartit son avoir dans les sociétés qui composent des indices boursiers (par exemple, l'indice composé S&P/TSX), en fonction de leur poids dans cet indice. Ce poids est déterminé par la capitalisation boursière de chaque société, de sorte que les grandes sociétés comptent pour une plus grande proportion du fonds que les petites.

C'est parce qu'ils trouvent cette méthode insatisfaisante que des chercheurs ont entrepris d'y remédier de manière plus «intelligente». Parmi eux, Robert Arnott, pdg de Research Affiliates, est le pionnier de l'«indexation fondamentale» (Research Affiliates Fundamental Indexing ou RAFI). Ses travaux sur la méthodologie ont paru en 2005.

M. Arnott juge que l'indexation passive fondée sur la capitalisation boursière augmente automatiquement l'exposition à des actions dont le prix a monté et réduit l'exposition à celles dont le prix a baissé. Ce qui a comme conséquence de surpondérer les actions surévaluées et de sous-pondérer les titres sous-évalués. Rob Arnott ne voit pas pourquoi il faudrait détenir deux fois plus d'une action parce que son prix en Bourse a doublé.

Par exemple, ceux qui ont investi dans un fonds indiciel fondé sur le S&P 500 à la fin des années 1990 ont acheté une quantité importante de titres de technologie fortement surévalués. Ils en ont subi les contrecoups lorsque la bulle a éclaté et que les titres ont plongé.

C'est pourquoi il préfère indexer un portefeuille en fonction de facteurs fondamentaux appliqués sur une période de cinq ans. Ces facteurs sont le total des dividendes en espèces, les flux de trésorerie disponibles (free cash flows), le chiffre d'affaires global et la valeur comptable.

Dans la 11e édition de son classique sur l'indexation, A Random Walk Down Wall Street, parue en janvier, le professeur d'économie Burton Malkiel rejette cette démarche. Selon lui, la méthode de Rob Arnott favorise les titres «valeur», ceux qui ont des évaluations basses en se fondant sur des ratios comme le prix par rapport à la valeur comptable. Il y a des périodes où ça fonctionne, et d'autres où ce n'est pas le cas.

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