L'attrait des obligations mondiales


Édition du 02 Avril 2016

L'attrait des obligations mondiales


Édition du 02 Avril 2016

[Photo : Shutterstock]

Le ralentissement de l'économie mondiale, notamment en Chine, a eu un effet positif sur le rendement des obligations gouvernementales depuis le début de 2016. Cela a attiré de l'argent frais dans les fonds négociés en Bourse (FNB) à revenu fixe : un peu plus de 24 G$ US ont été investis dans ces fonds aux États-Unis au cours des deux premiers mois de l'année, alors que 32 G$ US sortaient des fonds d'actions.

Cela, malgré le fait que le rendement à échéance de certaines obligations est négatif. Les politiques de taux d'intérêt négatifs ont un impact sur la courbe des taux d'intérêt des obligations à plus long terme.

Pour Kamyar Hazaveh, cogestionnaire du Fonds d'obligations mondiales Signature, les taux d'intérêt à long terme sont le loyer de l'argent, qui reflète l'équilibre entre l'offre et la demande pour cet argent : «Il y a actuellement beaucoup plus de demande pour l'épargne que pour l'investissement. Plutôt que de démarrer une entreprise et de dépenser en R-D, les détenteurs de capital préfèrent le mettre à l'abri dans des titres sûrs comme les obligations du gouvernement. La demande de ces titres augmente, et les gouvernements n'ont pas à offrir des taux aussi élevés pour attirer ce capital», nous a-t-il expliqué.

Il note que ce phénomène est prévalent dans tous les secteurs d'activité. On le constate dans l'encaisse très élevée des entreprises, un signal qu'elles n'investissent pas pour accroître leur capacité de production. Du côté des consommateurs, c'est la même chose. On aurait pu s'attendre à une hausse importante des dépenses dans la foulée de la baisse du prix de l'énergie, mais il n'y a aucun signe aux États-Unis, au Canada ou à l'échelle mondiale. Les consommateurs ont choisi d'épargner cet argent.

Cette surabondance d'épargne n'est pas la seule raison expliquant le niveau des taux. Dans certaines économies, l'endettement a atteint un degré tellement élevé qu'il est impossible que les taux d'intérêt montent sans plonger celles-ci en récession.

«Cela signifie que les taux seront plus bas pour plus longtemps. Par conséquent, les détenteurs d'obligations à long terme seront récompensés par des gains en capital», dit Kamyar Hazaveh.

Même son de cloche du côté de Scott Minerd, chef des placements chez Guggenheim, qui écrivait récemment : «Les banques centrales du monde entier, réagissant aux mêmes craintes de récession, sont susceptibles de provoquer une baisse prononcée des taux d'intérêt à long terme par rapport à leur niveau actuel. Je prévois que le rendement des obligations du Trésor américain de 10 ans chutera à 1 % avant la fin de 2016.».

«Aussi bas qu'ils soient aujourd'hui, les taux à court et à long terme fléchiront encore selon moi, tant en Europe qu'au Japon. À terme, la Banque du Japon et la Banque centrale européenne abaisseront leur taux directeur à un jour [overnight rate] respectif à - 1 %. Cela fera probablement en sorte que les obligations allemandes de 10 ans afficheront un rendement de - 0,50 %. Si vous prenez en compte l'écart récent de 150 points de base entre les obligations du Trésor américain de 10 ans et les Bunds allemands de même échéance, vous pouvez aisément comprendre pourquoi un rendement de 1 % sur les obligations du Trésor n'est pas inconcevable», poursuit-il.

Ne négligez pas l'impact des devises sur le rendement des obligations

Les politiques monétaires et fiscales accommodantes qui constituent la recette actuelle pour tenter de relancer l'économie le resteront pour les 5 à 10 prochaines années, ce qui signifie que les rendements sur les obligations peuvent continuer de tomber, et les gouvernements, de s'endetter davantage, selon Kamyar Hazaveh. «Y a-t-il une fin en vue pour ce cercle vicieux de dettes accrues et de taux toujours plus bas ? La façon dont le Japon résoudra son problème devrait nous donner des indices sur la manière dont les autres pays y parviendront.»

Outre les obligations à long terme, ceux qui souscrivent à cette thèse de taux à la baisse et dont le profil d'investisseurs est audacieux pourraient inclure des FNB de fiducies de placement immobilier (REIT) mondiaux, comme l'iShares Global Real Estate ETF (CGR), et des FNB axés sur les infrastructures, comme le BMO Global Infrastructure ETF (ZGI) et l'iShares Global Infrastructure ETF (CIF). Gare à vous cependant si les taux montent...

Par ailleurs, il ne faut pas négliger l'impact des mouvements de devises sur le rendement des obligations mondiales. Par exemple, la version en dollars canadiens de la classe A du Fonds d'obligations mondiales Signature a dégagé un rendement de 14,29 % en 2015, par rapport à - 4,18 % pour celle en dollars américains.

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