«Warrnambool nous a accueillis comme des acquéreurs amicaux et non hostiles» - Lino Saputo Jr, chef de la direction, Saputo


Édition du 23 Novembre 2013

«Warrnambool nous a accueillis comme des acquéreurs amicaux et non hostiles» - Lino Saputo Jr, chef de la direction, Saputo


Édition du 23 Novembre 2013

Par Les Affaires

Lino Saputo Jr, chef de la direction et vice-président du conseil d'administration de Saputo [Photo : Aude Van Lathem]

Lino Saputo Jr, chef de la direction et vice-président du conseil d'administration de Saputo, était le conférencier du Rendez-vous financier Les Affaires, tenu le 14 novembre à Montréal. Il a répondu aux questions de notre journaliste Marie-Claude Morin.

Les Affaires- Pourquoi souhaitez-vous autant acheter l'australienne Warrnambool ?

Lino Saputo Jr - Cette acquisition est importante pour nous, parce qu'il n'y a que trois pays dans le monde où le lait est au prix international : la Nouvelle-Zélande, l'Australie et l'Argentine. Puisque la matière première représente 85 % de nos coûts de fabrication, ce prix est nécessaire pour vendre à l'international. Nous avons déjà une plateforme en Argentine et nous regardons l'Australie depuis déjà 12 ans. Warrnambool offre une usine avec beaucoup de capacité, une bonne équipe de direction et l'accès à une région où la production est en croissance. Mais il faut être disciplinés dans notre évaluation.

L.A. - Vous dites que cette transaction est la plus publique menée par Saputo. En quoi cela change-t-il la dynamique ?

L.S. - Nous avons participé à d'autres enchères, mais elles n'étaient pas publiques comme celle-ci. Plusieurs entreprises étaient invitées à faire une offre qui demeurait secrète, et la plus élevée l'emportait. Une enchère comme celle en Australie, avec l'implication des médias, des politiciens et des fermiers, c'est plus rare. Nous avons moins de flexibilité, puisque nos concurrents connaissent nos stratégies. C'est très différent. Il faut aussi savoir que nous sommes arrivés comme des chevaliers blancs [white knights], après l'offre hostile de Bega. L'équipe de Warrnambool, avec qui nous avons une relation depuis 12 ans, nous a accueillis comme des acquéreurs amicaux et non hostiles.

L.A. - La rentabilité de Warrnambool est en baisse depuis quelques années. De quelle façon pourriez-vous la relever ?

L.S. - Nous avons l'avantage d'avoir un bilan très sain. Nous pouvons offrir à l'équipe de direction d'investir dans l'usine afin d'avoir des produits à valeur ajoutée, qui dégagent de meilleures marges. De plus, grâce à notre présence à l'international, nous pourrions desservir des marchés où Warrnambool n'est pas actuellement.

L.A. - Que ça fonctionne ou non en Australie, quels pourraient être vos prochains mouvements dans cette région du monde ?

L.S. - L'industrie laitière est très consolidée en Australie. Six transformateurs représentent 93 % du volume total, dont nos deux concurrents pour Warrnambool. Les autres acteurs sont aussi bien établis. Je ne sais donc pas s'il y aurait une autre occasion comme Warrnambool.

L.A. - Pourriez-vous vous tourner vers la Nouvelle-Zélande?

L.S. - C'est un marché très concentré, où Fonterra a 85 % du lait de transformation total. Il s'agit d'une coopérative, qui n'est pas à vendre.

L.A. - Vous aviez fait deux petites acquisitions en Europe, au Royaume-Uni et en Allemagne, que vous avez fermées. Avez-vous fait une croix sur l'Europe ?

L.S. - Pas totalement, mais nous connaissons maintenant nos critères pour y faire une acquisition : contrôler notre destin. Nous avons été dans une position où le prix des matières premières n'avait aucun rapport avec le prix de vente. Nous avons donc décidé de mettre nos énergies là où ça rapporterait le plus à l'entreprise.

L.A. - Votre stratégie de croissance inclut l'élargissement de votre gamme de produits. De quelle façon ?

L.S. - Les produits de base, comme le mozzarella et le cheddar, nous réussissent bien. Toutefois, les marges sont supérieures dans les produits à valeur ajoutée, comme les fromages fins. Nous avons fait plusieurs investissements dans ce créneau, ainsi que dans le lait à valeur ajoutée (dont la marque Lait's go). Nous ajoutons aussi de la valeur aux sous-produits. Par exemple, en fractionnant le petit-lait et en vendant les composants séparément au marché industriel.

L.A. - Quelle croissance totale visez-vous au cours des prochaines années?

L.S. - C'est une bonne question. Je ne donne pas de chiffres, parce que je ne veux pas me limiter. Si j'avais dit en 1997 que nous aurions un chiffre d'affaires de 8,6 G$ en 2013, le monde m'aurait cru fou. Est-ce que nous pourrions doubler nos ventes? Oui, mais je ne sais pas si ce sera dans 5, 10 ou 15 ans.

L.A. - Vous avez redistribué de 350 M$ à 400 M$ en dividendes et en rachat d'actions au cours des deux dernières années. Est-ce un rythme qui peut se poursuivre ?

L.S. - Les dividendes sont très importants pour nous. Nous en versons depuis que nous sommes une entreprise publique et nous les augmentons chaque année. Quant au rachat d'actions, c'est vraiment un outil financier. Honnêtement, je préfère réaliser des acquisitions que de racheter des actions. Mais en l'absence d'acquisitions, c'est ce que nous faisons.

Ce que pensent les analystes...

... À propos des l'acquisition de Warrnambool

«L'offre de Saputo est probablement la plus attrayante pour les actionnaires de Warrnambool, vu les crédits fiscaux et le fait que celle de Murray Goulburn soit conditionnelle à l'approbation des autorités. Ce n'est pas dit, toutefois, que Saputo l'emportera. Murray Goulburn et Bega (les autres acquéreurs sur les rangs) détiennent 17 % et 18 % de Warrnambool.» - Peter Sklar, BMO Marchés des capitaux

«Saputo est prête à rivaliser avec les acteurs dominants en Australie, comme elle l'a fait en Argentine.» - Keith Howlett, Desjardins Marché des capitaux

... À propos des derniers résultats trimestriels

«Le bénéfice était moindre qu'attendu à cause de marges plus faibles aux États-Unis. Saputo a raté le consensus 11 fois au cours des 12 derniers trimestres. Nous maintenons notre recommandation de "surperformance" et abaissons notre cible de 55 $ à 54 $.» - Vishal Shreedhar, Financière Banque Nationale

«Saputo est un excellent producteur, avec de fortes liquidités et un bilan solide, mais son potentiel de croissance interne est limité et son titre, justement évalué.» - Mark Petrie, Marchés mondiaux CIBC

9 $ - Saputo a haussé son offre pour Warrnambool Cheese and Butter à 9 dollars australiens (8,81 $ CA) le 15 novembre. Le conseil d'administration de Warrnambool a choisi l'offre de Saputo le 18 novembre. La valeur totale de la transaction serait de 500 M$.

«Notre potentiel de croissance interne est d'environ 1 à 2 % par année. Le marché n'a pas de croissance au Canada, environ 2 % aux États-Unis et de 3 à 4 % en Argentine. La majorité de notre évolution vient des acquisitions.» - Lino Saputo Jr, chef de la direction, Saputo

À la une

Teck Resources affiche un profit en baisse au 1T

Il y a 22 minutes | La Presse Canadienne

Vancouver — Teck Resources (TECK) a annoncé que son bénéfice du premier trimestre a ...

Pas besoin d’être le meilleur pour gagner

Contrairement à ce qu'on pourrait croire, réussir en entrepreneuriat ne nécessite pas d’être le meilleur dans son marché

Gain en capital: ne paniquez pas!

Édition du 10 Avril 2024 | Charles Poulin

IL ÉTAIT UNE FOIS... VOS FINANCES. Faut-il agir rapidement pour éviter une facture d'impôt plus salée?