Walmart peut-elle résister à Amazon?

Publié le 08/12/2017 à 10:19

Walmart peut-elle résister à Amazon?

Publié le 08/12/2017 à 10:19

Par Stéphane Rolland

L’enseigne Walmart (WMT) a les munitions pour résister à Amazon (AMZN), sans qu’on s’inquiète pour sa pérennité. La question est plutôt de savoir si elle pourra faire prendre de la valeur à son titre en même temps qu’elle mène le combat. Le marché a un sursaut d’optimisme, mais bien des analystes demandent à être convaincus.

Dans un secteur ébranlé par le commerce en ligne, la direction du plus important détaillant au monde (en termes de revenus) avait de quoi sourire lorsqu’elle a dévoilé ses résultats du troisième trimestre. Le bénéfice d’exploitation avant impôts, intérêt et taxe a crû de 1,5%. C’est une première augmentation en deux ans. Les ventes comparables, pour leur part, ont progressé de 2,7%. Cette donnée clé pour mesurer la croissance interne a ainsi surpassé les attentes. La réponse des actionnaires a été favorable. Le titre a bondi de 10,9%, le jour même.

Ces résultats viennent apporter plus de clarté aux investisseurs, croit Daniel Binder, de Jefferies. Le plan comportait plusieurs pièces mobiles et les investisseurs viennent d’avoir un aperçu plus net du comment elles pourraient s’assembler. L’analyste reconnaît que le bond de l’action de 10% laisse croire que le marché en a pris bonne note. «La tendance reste notre ami et nous arrivons dans un cycle favorable, croit l’analyste. Les multiples années d’investissement vont porter leurs fruits tandis que la société est bien exposée tant aux magasins physiques ou en ligne.» Il a une recommandation d'achat et une cible de 110 $US.

Michael Lasser, d’UBS, admet que les résultats sont impressionnants, mais il est moins enthousiasme pour le prix du titre, qui s’échange à 21 fois le consensus des analystes sur le bénéfice par action des douze prochains mois. «On peut difficilement mettre en doute la capacité de Walmart à innover, c’est plus facile de se montrer sceptique par rapport aux arguments nécessaires pour justifier l’évaluation du titre sans révisions importantes à la hausse des bénéfices. » Il réitère sa recommandation neutre et sa cible de 91 $US.

Le marché accorde peut-être une trop grande valeur aux forces du détaillant, craint Bob Summers, de Macquarie. L’analyste «applaudit» la stratégie de Walmart. Il pense toutefois que les investisseurs allouent une trop grande «prime du survivant » au titre. «Le détaillant devra continuer d’investir et on dirait que c’est quelque chose qu’a choisi d’ignorer le marché», commente-t-il. Sa recommandation est à «neutre» et sa cible à 75 $US.

Matthew McClintock, de Barclays, admet que la période d’investissement pourrait également amener de la volatilité dans les résultats. «Ce qui est clair, toutefois, c'est que la stratégie affiche des signes de progrès et la tendance devrait se poursuivre en 2018 », poursuit-il. Il a une recommandation «surpondérer» et une cible à 110 $US.

Ces quatre avis reflètent bien le consensus partagé des analystes. Des 33 qui suivent le titre, 14 ont une recommandation d’achat, 17 suggère de le conserver et 2 de le vendre. Le cours cible moyen est à 99,94 $US.

La taille, un couteau à double tranchant

Il faut dire que Walmart a les armes pour combattre Amazon, croit John Brick, de Morningstar. La taille de son réseau de distribution lui procure un avantage au niveau des coûts, tant pour la concurrence en ligne que les magasins traditionnels. L’importance de l’épicerie (60% des ventes) est également un avantage qui soutient l’achalandage en magasin. De plus, les investissements, notamment pour offrir un meilleur service de livraison en magasin pour les commandes en ligne, devraient contribuer à conserver cet avantage concurrentiel.

La taille de Walmart joue toutefois en sa défaveur, croit, pour sa part, Scot Ciccarelli, de RBC Marchés des capitaux. «En raison de leur immense part de marché, il est raisonnable de croire que tous ceux qui sont susceptibles de magasiner chez Walmart magasinent déjà chez Walmart. » Les gains du côté du commerce en ligne se feront au détriment des marges, prédit l’analyste de RBC. Il fait partie des rares à avoir une recommandation «sous-performance», mais il bonifie sa cible de 83 $US à 92 $US. 

Dans notre machette du 9 décembre, nous avons fait le même exercice pour quatre sociétés : Canadian Tire, Dollarama, TJX Companies et Aritzia. Lire : Ces détaillants peuvent-ils survivre à Amazon?

Lire aussi: Voici pourquoi Amazon n'a pas encore battu Canadian Tire

 

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