Une rentrée boursière sous haute tension


Édition du 15 Septembre 2018

Une rentrée boursière sous haute tension


Édition du 15 Septembre 2018

Par Dominique Beauchamp

[Photo: 123RF]

Comme on pouvait s'y attendre, la rentrée boursière offre tout un contraste avec l'été caniculaire qui a procuré de bons gains aux investisseurs.

Les investisseurs doivent négocier avec une «mutinerie» à la Maison-Blanche, de nouvelles menaces de représailles de tarifs douaniers entre la Chine et les États-Unis, un durcissement des négociations sur l'ALÉNA entre le Canada et l'administration Trump et la chute de 20 % des marchés émergents. Ce tumulte a de quoi faire oublier les bons bénéfices des sociétés et l'appréciation estivale des cours.

Des experts aux antipodes

La rentrée est aussi l'occasion pour les stratèges de mettre à jour leurs prévisions. Cette fois encore, les divergences sont criantes.

D'un côté, Tony Dwyer, de Canaccord Genuity, explique en ondes à CNBC comment le S&P 500 peut gagner encore 11 % d'ici la fin de l'année. Jonathan Golub, stratège chez Credit Suisse, prévoit que le S&P 500 s'appréciera de 16,5 %, à 3 350 points, d'ici 16 mois, grâce au prolongement de la solide croissance économique aux États-Unis et à une amélioration de 7,7 % des bénéfices.

Ces deux facteurs fondamentaux auront raison des soucis suscités par le rapprochement des taux à court et à long terme, les élections américaines de mi-mandat en novembre et la hausse des taux par la Fed, fait-il valoir.

L'économiste Ed Yardeni fait écho à M. Golub et maintient sa cible de 3 100 points pour le S&P 500 à la fin de 2018. La hausse historique des revenus, des profits et des flux de trésorerie des entreprises est ce qui compte en Bourse, dit-il.

Même la productivité rebondit, alors que la surcapacité mondiale et les avancées technologiques empêcheront une flambée de l'inflation, soutient l'économiste.

M. Yardeni évoque même la possibilité d'une flambée des cours (melt-up) si la guerre commerciale de Donald Trump venait à bout des failles des ententes actuelles. «On assisterait alors à un autre grand soupir de soulagement qui s'ajouterait aux 61 récupérations précédentes survenues à la suite de tous les mouvements de panique depuis 2009», écrit-il.

Les dangers

À l'autre bout du spectre, Tobias Levkovich, stratège de Citigroup, estime à 70 % les probabilités que le S&P 500 procure un rendement négatif d'ici 12 mois. L'indicateur précurseur Bull/Bear de Goldman Sachs atteint d'ailleurs des niveaux qui ont précédé les deux précédents marchés baissiers.

Chez Capital Economics, les économistes préviennent que l'effet cumulatif des mesures protectionnistes commencera bientôt à affaiblir l'économie et la Bourse américaines.

Les données économiques donnent des munitions aux deux camps.

Les demandes initiales d'assurance chômage sont à leur plus bas depuis 1969 et l'indice manufacturier américain ISM vogue au plus haut depuis 2004.

Par contre, d'autres indicateurs laissent présager un ralentissement économique, soit les ventes d'automobiles, les ventes de maisons et l'indice ISM des services, énumère Liz Ann Sonders, chef des investissements chez Charles Schwab.

Les observateurs débattent à savoir si le ralentissement mondial infectera la Bourse américaine ou, si au contraire, la forte économie américaine sera assez vigoureuse pour empêcher le reste du monde de piquer du nez malgré les conflits commerciaux.

Tout le rendement de 3,5 % de l'indice mondial MSCI, depuis le début de l'année, provient du gain de 8,7 % du S&P 500.

Une police d'assurance

Comment réagir à toutes ces contradictions ?

Le pragmatique Stéfane Marion, de la Banque Nationale, maintient la police d'assurance qu'il avait instituée en juin : une encaisse de 10 % et des choix de secteurs prudents. Il rappelle que sans l'effervescence des titres du cannabis, le S&P/TSX de la Bourse de Toronto serait dans le rouge depuis le début de l'année. Le stratège favorise les industries de la consommation de base et des services aux collectivités. Il se tient à l'écart du secteur industriel et de celui de la consommation discrétionnaire.

Si les tensions commerciales s'envenimaient et commençaient à contaminer la Bourse américaine, il faudrait redéployer l'encaisse en obligations et réduire la répartition actuelle de 51 % en actions, selon M. Marion. Il semble toutefois pencher pour le scénario d'une éventuelle résolution des conflits commerciaux, d'ici la fin du mois pour le Canada, et d'ici la rencontre du G20, en novembre, pour la Chine.

Il se dit aussi rassuré par le fait que la Fed semble moins mariée à la trajectoire transmise pour son taux directeur. «C'est un élément essentiel au prolongement de l'expansion économique. Nous nous tenons prêts à redéployer nos liquidités si des occasions se présentaient.» Dans ce deuxième scénario, les actions canadiennes et les pays émergents seraient de bons placements.

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