Snowbirds: quand convertir vos dollars canadiens?

Publié le 28/10/2016 à 11:44

Snowbirds: quand convertir vos dollars canadiens?

Publié le 28/10/2016 à 11:44

Par Jean Gagnon

Avec le mercure qui s’approche du point de congélation au Québec, on présume que les «snowbirds», ces Québécois qui se précipitent vers la Floride au moindre froid, accélèrent leurs préparatifs du départ. Doivent-ils s’empresser de faire le plein de dollars américains ? Les économistes consultés par Les Affaires semblent divisés sur cette question.

La pression que subit le huard depuis le fin de l’été a de quoi laisser perplexe. Le dollar canadien avait rebondi remarquablement à partir du creux de 0,685 $US qu’il avait touché en février et s’était approché de 0,80 $US en mai. Cela coïncidait avec la remontée du prix du pétrole qui est passé de 28 $US à 50 $US durant cette même période.

Or, depuis l’été, le prix du pétrole a corrigé jusqu’à 45 $US pour ensuite revenir à 50 $US. Pendant ce temps, le huard a toutefois reculé jusqu’à 0,75 $US, mais n’a pas remonté. En fait, il semble se complaire dans une tendance à la baisse.

Si l’évolution du prix du pétrole et du dollar canadien converge moins actuellement, c’est qu’une thématique de politique monétaire divergente entre le Canada et les États-Unis semble de plus en plus évidente. En effet, il est probable qu’en décembre la Réserve fédérale américaine (Fed) haussera son taux directeur, alors qu’au Canada on se dirige plutôt vers un assouplissement monétaire qui pourrait même comporter une baisse de taux d’intérêt. Ce contexte favorise le dollar américain au détriment du huard.

Pétrole versus taux d'intérêt

Pétrole et taux d’intérêt, quel sera l’importance de ces deux facteurs ? Pour le dollar canadien, le prix du pétrole demeure le facteur numéro un, estime Sébastien Lavoie, économiste en chef, Valeurs mobilières Banque Laurentienne. Et les perspectives quant au prix pétrole penchent plutôt vers une hausse, selon lui. « Nous croyons que la prochaine réunion de l’OPEP (Organisation de produits exportateurs de pétrole) en décembre devrait nous rapprocher d’une entente quant à l’offre de pétrole », dit-il. « Notre prix-cible pour le baril de pétrole est de 55 $US à la fin de l’année, et nous prévoyons qu’il se dirigera vers 70 $US en 2017 ». « Dans ces conditions, le dollar canadien sera plus près de 0,80 $US que de 0,75 $US éventuellement cet hiver », ajoute-t-il.

Existe-t-il quand même un risque qu’une baisse du huard rende plus dispendieux l’achat de dollars américains par les «snowbirds » ? Il y a toujours un risque, mais il est relativement faible selon l’économiste de la Laurentienne.

La politique monétaire est le deuxième facteur qui influencera le dollar canadien. Mais le risque de politique monétaire divergente entre le Canada et les États-Unis ne sera pas suffisant pour contrebalancer la hausse du prix du pétrole, selon M. Lavoie. « Les “snowbirds” n’ont pas à se précipiter, car il est très peu probable que l’on assiste à une baisse du dollar canadien vers les 0,70 $US », dit-il. Ceux-ci pourront s’approvisionner en dollars américains à meilleur coût dans quelques mois, selon lui.

Chez les économistes de Desjardins, on ne s’attend pas non plus à une baisse prononcée du dollar canadien. Toutefois, l’éventualité d’une hausse de taux d’intérêt aux États-Unis limitera toute appréciation du dollar canadien, selon eux. « Le huard devrait se négocier à 0,74-0,75 $US pour quelques mois encore », dit Mathieu D’Anjou, économiste principal. Les « snowbirds » devront donc se satisfaire du niveau actuel du dollar canadien, selon lui.

C’est à la Banque Nationale que l’on semble le moins enthousiaste envers les perspectives du dollar canadien. Le cours cible pour la fin de l’année est de 0,735 $US, indique Paul-André Pinsonnault, économiste principal. D’autres facteurs viennent s’ajouter à ceux du pétrole et de la politique monétaire, selon lui. Il y a d’abord les restrictions que le gouvernement fédéral veut imposer au secteur de l’immobilier afin d’éviter une ébullition des prix, note M. Pinsonnault. Mais aussi, la rhétorique protectionniste que l’on retrouve à degré divers dans le discours des deux candidats à l’élection présidentielle américaine fait en sorte d’ajouter un poids de plus sur le dollar canadien. Dans ce contexte, les «snowbirds» ont peu à gagner à attendre une hausse du dollar canadien.

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