SNC-Lavalin: deux premiers analystes se prononcent

Publié le 10/10/2018 à 16:18

SNC-Lavalin: deux premiers analystes se prononcent

Publié le 10/10/2018 à 16:18

Par Dominique Beauchamp

Deux analystes sont ébranlés par le refus d’Ottawa d'accorder à SNC-Lavalin (SNC, 44,86$) l’accord de poursuite différée dont elle a besoin pour s’extirper des accusations de fraude et de corruption qui pèsent contre elle depuis 2015.

Il faut dire que l’accord à l’amiable, et une amende estimée à 400 millions de dollars, devaient servir de déclencheur cet automne à la revalorisation longuement attendue par la société d’ingénierie-construction.

Le PDG Neil Bruce avait d’ailleurs nourri cet espoir en laissant entendre qu’une entente était à portée de main. Les analystes misaient sur cette résolution pour appuyer leur recommandation d’achat.

Une mise aux enchères ?

Maintenant que l’action a plongé de 16% en cours de séance le 10 octobre, au cours qu'elle avait en 2008, qu’en pensent les deux premiers analystes à se prononcer?

Bien que la société envisage de faire appel à la décision fédérale et que le report d’un accord ne perturbe pas ses activités courantes, le conseil d’administration devrait envisager ses options pour freiner la dévaluation du titre étant donné que le procès pourrait durer des années, avance Yuri Lynk de Canaccord Genuity.

Les audiences préliminaires du procès de corruption et de fraude alléguées en Libye commencent le 28 octobre et le procès pourrait s’éterniser. D’après la Gendarmerie royale du Canada, la firme aurait entre autres versé 47,7M$ au régime du dictateur libyen Mouammar Kaddafi dans le but d’influencer l’octroi de contrats gouvernementaux, entre 2001 et 2011.

L’analyste évoque la fermeture du capital ou la mise en vente de la société dont la Caisse de dépôt et placement du Québec a 10,5% des actions.

En avril 2017, la Caisse a notamment prêté 1,9 milliard de dollars à SNC-Lavalin et a acheté 400M$ de ses actions. Son bloc initial de 4% des actions remonte à 2010.

Le scénario potentiel de M. Lynk repose sur le fait que l’action battue de SNC-Lavalin se négocie à une évaluation de seulement 4,8 fois les bénéfices de ses activités d’ingénierie, abstraction faite de ses placements en infrastructures.

Ce multiple se compare à une fourchette de 10 à 20 fois pour ses semblables en Bourse, dit-il.

M. Lynk rappelle que SNC-Lavalin a acquis W.S. Atkins l’an dernier au prix de 3,6 milliards de dollars tandis que le cours actuel de la société évalue l’ensemble de ses activités d’ingénierie-construction à «seulement» 2,3G$, soit un écart de 1,6G$.


« Je ne dis pas qu'une mise en vente est le scénario le plus probable, mais les chances ont augmenté depuis hier »

L’incertitude qui persiste l’incite tout de même à abaisser le multiple d’évaluation qu’il accorde à SNC-Lavalin, de 14 à 10 fois les profits prévus dans 12 mois, ce qui réduit son cours-cible de 73 à 61$.

Ce nouveau cours-cible offre un regain potentiel de 38%.

Tout aussi étonné de la tournure des événements, Maxim Sytchev de la Financière Banque Nationale, juge que le cours du titre est quasi-irrésistible.

Au cours actuel, le titre n’accorde plus aucune valeur aux divisions des infrastructures et nucléaire de SNC-Lavalin, soit les deux secteurs les plus susceptibles de se voir écarter de futurs contrats du gouvernement fédéral.

«Il nous semble impensable que le gouvernement fédéral ait choisi cette voie étant donné l’amélioration des mécanismes de gouvernance interne de la société, et les règlements déjà conclus avec le gouvernement du Québec et les actionnaires», écrit-il, dans une note préliminaire.

SNC-Lavalin est aussi visée par une autre enquête de la GRC concernant le paiement de pots-de-vin à un haut fonctionnaire de la Société des ponts fédéraux entre 2000 et 2003. L’enquête aurait été élargie après la découverte de sociétés écran et de factures reliées à 19 projets dans onze pays.

SNC-Lavalin collabore avec les autorités qui enquêtent sur des malversations alléguées qu’auraient commis des parties qui ne sont plus liées d’aucune façon à la société.

 

 

 

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