Secteur financier : les assureurs remportent encore la palme, mais...


Édition du 12 Décembre 2015

Secteur financier : les assureurs remportent encore la palme, mais...


Édition du 12 Décembre 2015

Par Stéphane Rolland

[Photo : iStock]

Les assureurs restent les favoris du secteur financier canadien. Certains experts, dont Claude Boulos, président de Gestion de portefeuille Selexia, commencent toutefois à remettre cette préférence en question.

«Le hic, c'est que les taux à long terme sont encore extrêmement faibles, commente le gestionnaire de portefeuille. Pour l'instant, ce n'est pas problématique. Il n'en demeure pas moins que, plus les taux resteront bas longtemps, plus cela risquera d'avoir un impact.»

En contrepartie, l'évaluation des banques a reculé dans une fourchette de 9 à 11 fois les bénéfices de 2016, ce qui fait en sorte qu'elles sont plus abordables, poursuit M. Boulos. Certes, le marché est difficile (endettement des ménages, surévaluation de l'immobilier résidentiel, ralentissement économique). Malgré tout, les institutions financières ont continué à relativement bien performer. Au sortir de la récession de l'économie canadienne au premier semestre de 2015, la débâcle crainte par certains investisseurs étrangers ne s'est pas concrétisée.

Steve Belisle, gestionnaire de portefeuille chez Gestion d'actifs Manuvie, ne voit pas lui non plus de catastrophes majeures se profiler à l'horizon. Les multiples actuels ne sont toutefois pas suffisamment abordables pour l'inciter à réduire sa sous-pondération relativement aux banques canadiennes. Les compagnies d'assurance restent ses favorites. «La croissance de leurs bénéfices est nettement supérieure, elles ne sont pas exposées au cycle de crédit et bon nombre d'entre elles ont une présence importante à l'extérieur du Canada, résume-t-il. Les banques ne sont pas très chères, mais ce sera déjà très beau si elles parvenaient à faire croître leurs bénéfices par action de 5 % à 6 % l'an prochain.»

Dans un portefeuille, les assureurs permettent de réduire le risque lié à une hausse des taux d'intérêt, explique M. Belisle. Les fonds immobiliers, les services publics et les télécoms y sont exposés. À un creux historique, les taux d'intérêt des obligations 10 ans sont susceptibles de se «normaliser».

Manuvie et la TD, les favorites

Manuvie (Tor., MFC, 21,84 $) est la grande favorite des analystes, banques et assureurs confondus. Des 20 analystes qui suivent le titre, 18 en font une recommandation d'achat, soit 90 %. Avec le tiers de ses revenus en provenance de l'Asie, l'assureur offre un accès «unique» à cette région où la croissance s'annonce supérieure, commente Doug Young, de Desjardins Marché des capitaux. De légères secousses sont susceptibles de se produire, mais il juge que la valeur en tient compte. L'analyste émet une recommandation d'achat et établit sa cible à 27 $.

La banque canadienne préférée des analystes l'est, elle aussi, en raison de sa présence à l'étranger. Des 19 analystes qui suivent le titre de la Banque TD (Tor., TD, 54,04 $), 12 en recommandent l'achat, soit 63 %. Avec la «meilleure plateforme» des États-Unis, la TD est la mieux placée pour profiter d'une augmentation des taux chez nos voisins du Sud, croit Peter Routledge, de la Financière Banque Nationale. Il formule une recommandation «surperformance» et a récemment bonifié sa cible de 58 $ à 59 $.

Steve Belisle a longtemps surpondéré la Banque TD, mais il estime que l'évaluation reflète bien ses forces. Par contre, il croit que la Banque Scotia (Tor., BNS, 57,99 $), présente en Amérique latine et en Asie, est sous-estimée. «Son action s'est longtemps échangée à prime, mais ce n'est plus le cas en raison des craintes à l'égard des pays émergents. Pourtant, elle a livré des résultats robustes. Je ne vois pas de raison pour laquelle elle ne devrait plus s'échanger à prime.»

Suivez Stéphane Rolland sur Twitter @srolland_la

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