Rona bondit de 5%: et si Lowe’s revenait à la charge ?

Publié le 29/01/2016 à 14:23, mis à jour le 29/01/2016 à 18:37

Rona bondit de 5%: et si Lowe’s revenait à la charge ?

Publié le 29/01/2016 à 14:23, mis à jour le 29/01/2016 à 18:37

Par Dominique Beauchamp

Deux semaines avant que Rona (Tor.,RON,12,30$) ne dévoile ses résultats annuels, un analyste remet sur la table la possibilité que l’Américaine Lowe’s(NY,LOW, 71,24$U$) tente de séduire le quincaillier québécois à nouveau.

Même si Vishal Shreedhar, de la Financière Banque Nationale, prend bien soin de dire qu’aucun indice de transaction ne transpire, l’action de Rona a gagné 4,8% vendredi.

«Compte tenu de l’état du marché, Lowe’s pourrait potentiellement reconsidérer les mérites d’une offre pour Rona», se contente-t-il de dire.

Trois conditions sont plus favorables pour Lowe’s qu’en 2012. Le cours de Rona est revenu au niveau qu’il avait lorsque Lowe’s a fait ses premières avances, tandis que le quincaillier n’a plus besoin de redressement.

Le taux de change est aussi devenu un avantage pour Lowe’s puisque le huard s’est déprécié de 0,98$US à 0,71$US.

Par exemple, son offre de 1,8 milliard de dollars de juillet 2012 correspondrait aujourd’hui à un prix de 17$ par action pour Rona, soit une prime de 41% par rapport à son cours actuel.

La veille du rapport de M. Shreedhar, Anthony Zicha, de Banque Scotia, a aussi évoqué le potentiel que la valeur d’aubaine de Rona en ferait une proie de choix pour Lowe’s.

Son analyse pointait aussi vers un prix de 17$, en fonction du prix de son offre originale en 2012.

«Compte tenu de la valeur stratégique d’une telle transaction, une telle prime est envisageable. Lowe’s éliminerait un concurrent, ferait son entrée au Québec et obtiendrait des économies d’échelle», fait-il valoir.

La dépréciation du huard et le multiple d’évaluation nettement supérieur de Lowe’s figurent aussi parmi ses arguments.

Néanmoins, une offre d’achat potentielle n’est pas ce qui motive sa nouvelle recommandation d’achat ni son nouveau cours-cible de 15,50$.

À son avis, le titre donne peu de valeur aux progrès de sa relance, à l’ouverture disciplinée de 11 nouveaux magasins en 2015 et en 2016, au repositionnement de ses magasins à grande surface, ainsi qu’à sa meilleure répartition de capital.

Lowe's est là pour rester

Il est clair que Lowe’s veut faire son nid au Canada puisqu’elle compte faire passer de 41 à 70 le nombre de ses grands magasins d’ici 2017.

Lowe’s a racheté 13 baux et un centre de distribution de Target en mai 2015, pour 151 millions de dollars.

En novembre, Lowe’s a encore une fois fait parler d’elle en rencontrant des fournisseurs québécois, suscitant aussitôt la spéculation que le détaillant s’apprêtait à faire son entrée au Québec.

Toutefois, son président Sylvain Prud’homme a indiqué plusieurs fois qu’il n’y avait pas de plan pour s’installer au Québec.

Rona n’est pas à vendre

À maintes reprises, Rona a répété qu’elle n’était pas à vendre et que son plan de relance procurera de meilleurs rendements, mais son cours est inférieur à ce que Lowe’s lui a offert il y a quatre ans.

«Honnêtement, à moins d’une offre spectaculaire, je crois que les actionnaires sont contents de laisser le temps au redressement de donner des résultats», avait déclaré Robert Chevrier, le président du conseil, en marge de l’assemblée annuelle de Rona, en mai dernier. 

En août 2014,Robert Sawyer, le pdg de Rona, avait confié qu’il se donnait de 3 à 4 ans pour compléter le redressement et la relance de Rona, tout en minimisant l’impact de Lowe’s dont les 41 grands magasins ne sont toujours pas rentables au Canada.

L’action de Rona a toutefois reperdu 39% de sa valeur depuis avril 2015. Elle a atteint son plancher annuel (10,50$) le 20 janvier dernier, avant de rebondir au cours des dernières séances.

MM. Shreedhar et Zicha ne sont pas les seuls à croire à la possibilité d’une transaction éventuelle entre Lowe’s et Rona.

Si Lowe's veut atteindre son objectif de 100 magasins à long terme, elle ne pourra y arriver sans acquisition, indique Neil Forster, analyste de Franklin Bissett Investment Management, qui détient 1,7% de Rona. "Surtout que les meilleurs emplacements sont déjà occupés", dit-il.

Cette spéculation refait surface maintenant parce que l'action de Rona a nettement reculé et qu'elle s'échange à un multiple bien inférieur à celui de Lowe's, croit-il.

M. Forster ne conserve pas ses actions de Rona pour profiter d'une éventuelle offre. Son cours actuel ne reflète tout simplement pas la valeur intrinsèque du détaillant, en fonction des flux de trésorerie et des marges que le détaillant peut dégager, tout au long d'un cycle économique.

"Rona réussit à accroître ses ventes dans une conjoncture difficile, réduit ses coûts et rachète ses actions", énumère-t-il pour justifier sa patience envers la relance du détaillant.

En avril 2015, Keith Howlett, de Desjardins Marché des capitaux, avait indiqué qu’en combinant leurs forces, les deux entreprises pourraient mieux rivaliser Home Depot(NY, HD, 124,90$US).

«Rona n’a pas besoin de se marier à Lowe’s, mais une transaction serait logique. Les deux entreprises sont en bien meilleure santé qu’en 2012, ce qui améliore légèrement les probabilités d’un mariage», avait-il écrit à l’époque.

Un mariage serait aussi plus facile à ficeler, maintenant que Rona a racheté ses vingt magasins franchisés pour simplifier sa structure, signale aussi M. Zicha.

Incidemment, 17 d'entre eux sont des magasins à grande surface, du même type que Lowe's exploite, un segment que l'analyste juge déjà saturé, au pays.

Une nouvelle opposition du gouvernement du Québec serait un obstacle à une transaction. En 2012, le ministre des Finances Raymond Bachand avait jugé qu’une prise de contrôle n’était pas dans l'intérêt du Québec en raison de la valeur stratégique de Rona auprès des fournisseurs locaux.

La Caisse de dépôt et placement du Québec a aussi accumulé un intérêt de 17% dans Rona justement pour d’éviter de voir le quincaillier disparaître dans une offre au rabais.

Il serait étonnant que l'institution change aujourd'hui son fusil d'épaule, alors que l'action de Rona est au même cours qu'en 2012, en dépit d'un redressement des ventes et des marges du quincallier.

L'autre actionnaire important est le géant américain des fonds Invesco, avec un bloc de 9,4%.

Il faudrait une offre généreuse pour qu’elle soit considérée, admet M. Forster.

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