Bourse américaine: Robert Schiller sonne l'alarme

Publié le 19/02/2015 à 13:55

Bourse américaine: Robert Schiller sonne l'alarme

Publié le 19/02/2015 à 13:55

Par Jean Gagnon

Il a gagné le prix Nobel d’économie en 2013, et son livre intitulé Irrational Exuberance publié en mars 2000 prédisait l’éclatement de la bulle boursière au moment même où il allait se produire. Aujourd’hui, Robert Shiller pense à investir son argent personnel ailleurs qu’aux États-Unis. « Je pense à sortir du marché américain, en faveur du marché européen qui est beaucoup moins cher », confiait-il hier en entrevue à CNBC.

Il avoue avoir déjà déplacé une partie de ses avoirs vers les indices boursiers italiens et espagnols. S’il est mal à l’aise envers les actions américaines, c’est que des taux à long terme étonnamment bas poussent les valorisations toujours plus hautes. « Vous regardez les principales classes d’actifs, et vous constatez qu’elles sont toutes très dispendieuses », dit-il.

Robert Shiller n’est pas le seul à regarder ailleurs qu’aux États-Unis pour trouver les meilleurs rendements en 2015. Marc Christopher Lavoie, gestionnaires de portefeuilles d’actions étrangères chez Hexavest à Montréal, croit également que le marché américain est maintenant très cher et que l’Europe, ainsi que le Japon, offrent de meilleures occasions.

Malgré que l’indice MSCI Europe soit en an hausse de 10 % depuis le début de l’année, son ratio cours/bénéfices est encore raisonnable à 15,2 fois les bénéfices anticipés pour les 12 prochains mois. Cela se compare à 16,9 pour la bourse américaine, explique M. Lavoie. Encore mieux, l’indice MSCI Japon ne se transige qu’à 13,7 fois les bénéfices anticipés.

Bien sûr, l’économie américaine fait présentement classe à part lorsqu’on la compare à celles de l’Europe et du Japon, admet le gestionnaire. Mais les bourses ont été soutenues au cours des dernières années par les injections de liquidités par les banques centrales. Et à cet égard, l’avantage va maintenant pencher du côté de l’Europe et du Japon.

« La Réserve fédérale américaine (Fed) a terminé ses rachats d’obligations et s’apprête à hausser les taux d’intérêt, alors que les banques centrales d’Europe et du Japon ne font que commencer à mettre en place des programmes vigoureux d’assouplissement quantitatif », dit Marc Christopher Lavoie. « C’est là que l’appétit pour le risque devrait être soutenue », ajoute-t-il.

D’autres facteurs viennent aussi ajouter à l’attrait des marchés européens et japonais, selon le gestionnaire. D’abord, l’euro s’est déprécié de 10 % au cours des 12 derniers mois, ce qui améliore grandement la compétitivité des sociétés européennes exportatrices. De plus, comme ils sont importateurs nets de pétrole, la plupart des pays européens, ainsi que le Japon, profiteront de la chute de plus de 50% du prix. « L’Europe et le Japon viennent de traverser des années difficiles, mais force est d’admettre qu’il y a maintenant une lueur d’espoir », dit M. Lavoie.

Par ailleurs, la prudence est de mise envers tous les marchés boursiers, pense le gestionnaire d’Hexavest. « Nous gérons beaucoup en fonction de la valorisation des marchés et du sentiment des investisseurs », dit-il. Malgré que les évaluations soient relativement élevées, les investisseurs font de preuve de beaucoup de complaisance, selon lui. « Nous aimerions assister à une saine correction de l’ordre de 13 % à 15 % », conclut-il.

 

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