Retour sur la table ronde de 2017 : un rendement moyen de 14,3 % pour nos experts


Édition du 15 Septembre 2018

Retour sur la table ronde de 2017 : un rendement moyen de 14,3 % pour nos experts


Édition du 15 Septembre 2018

Par Stéphane Rolland

Nos experts ont respecté un des principaux commandements de l'investissement : ne pas perdre d'argent. De leurs 12 choix, un seul connaît une perte importante et un autre se trouve en territoire légèrement négatif. C'est une meilleure moyenne au bâton que les années précédentes. Au total, leurs choix affichent un rendement moyen de 14,3 %, en tenant compte des dividendes et de la variation de devises.

François Rochon

À 22,6 %, François Rochon, président et gestionnaire de portefeuille de Giverny Capital, affiche le plus fort rendement grâce à la bonne tenue de deux de ses choix et à l'appréciation du dollar américain.

Le Groupe MTY (MTY, 61,03 $) a affiché un rendement de 32,6 %, porté par son modèle de croissance par acquisitions. L'année dernière, M. Rochon exprimait sa confiance à l'égard du PDG et fondateur, Stanley Ma. Ce dernier laissera son poste au chef des finances Éric Lefebvre en novembre, mais il restera au conseil. «Ça n'a pas changé mon opinion sur le fait qu'il s'agit d'une bonne direction, commente M. Rochon. M. Ma aura plus de temps pour se concentrer sur les acquisitions.»

Le détaillant de voitures usagées CarMax (KMX, 78,37 $ US) a connu un petit passage à vide au premier trimestre, mais a repris du poil de la bête avec un gain de 25,6 %. Le titre a toujours du potentiel et l'évaluation est raisonnable, juge le gestionnaire de portefeuille.

La tendance a été moins favorable pour Bank of the Ozarks, qui a changé de nom pour Bank OZK (OZK, 40,36 $ US). Le titre a stagné, mais la hausse du dollar américain permet d'afficher un rendement de 9,6 % en dollar canadien. Les résultats financiers «corrects» n'ont pas été aussi bons qu'espéré, mais M. Rochon pense que la banque demeure bien gérée et devrait bien performer à long terme.

Christine Décarie

Le pari «anti-Amazon» fait en misant sur l'épicier américain Kroger (KR, 32,60 $ US) a été payant pour Christine Décarie. La gestionnaire de portefeuille de Placements Mackenzie obtient un rendement total de 17,3 %.

Le rendement de 38,3 % de Kroger permet de conclure que le marché est rassuré. La société a signé plusieurs partenariats et a amélioré ses ventes comparables, une donnée clé pour mesurer la croissance interne d'un détaillant. Le retour de l'inflation alimentaire devrait aussi aider l'entreprise à améliorer ses marges, selon Mme Décarie. «Je pense toujours que c'est une société novatrice, mais une partie de ma thèse était liée à l'évaluation, qui s'est améliorée depuis. Ce n'est pas que je pense que Kroger ne performera pas bien, mais j'irais voir ailleurs, comme Metro (MRU, 40,73 $), par exemple.»

L'actualité est venue contrarier l'élan qu'avait connu le titre de SNC-Lavalin (SNC, 53,63 $), qui termine avec une perte de 1,7 %. Les tensions entre l'Arabie-Saoudite et le Canada ont pesé sur le titre. «C'est sûr que c'est une ombre au tableau, mais je ne pense pas que ce soit une raison de vendre le titre. C'est peut-être même une occasion d'en accumuler.»

Canadian Natural Resources (CNQ, 43,05 $), pour sa part, a profité de l'appréciation du prix du baril du pétrole, comme l'avait anticipé Christine Décarie. Elle ajoute qu'elle aurait pu choisir à nouveau le titre à la table ronde de cette année, mais elle a choisi Cenovus, car elle voulait présenter une nouvelle suggestion. Le titre de Canadian Natural Resources a fait 15,3 %.

Guillaume Maurice

Avec un rendement de 10 %, Guillaume Maurice trouve qu'il a obtenu un bel équilibre entre le risque et le rendement. «C'est sûr qu'on aurait mieux performé en proposant des titres de croissance, mais on préfère être plus prudents», commente le gestionnaire de portefeuille de Gestion de patrimoine Banque Scotia.

La prudence ne l'a pas empêché d'obtenir un gain de 18,2 % avec l'action de Canadian National (CNR, 114,16 $). Le transporteur ferroviaire s'est trouvé aux prises avec une saturation de son réseau, mais le changement à la tête de la société qui s'est ensuivi a été bien reçu par le marché. «On aime l'entreprise, mais l'évaluation est un peu étirée. On croit qu'il y a de meilleures occasions, comme SNC-Lavalin qu'avait proposée Mme Décarie l'année dernière, par exemple.»

M. Maurice n'a pas eu la main aussi heureuse en choisissant la Financière Manuvie (MFC, 23,30 $), qui obtient un rendement de 3,6 % (l'équivalent environ du dividende). Il croit toujours que la hausse progressive des taux d'intérêt est favorable à l'assureur et juge que le titre est encore attrayant. C'est d'ailleurs ce que pense Mme Décarie, qui propose le titre dans notre table ronde de 2018.

Le portefeuille de produits en recherche et développement augure toujours bien pour Bristol-Myers Squibb (BMY, 61,02 $ US), croit M. Maurice. Par contre, les recommandations d'analystes, auxquelles il se réfère pour effectuer ses choix, sont moins enthousiastes. «J'en suis à conserver ou à réduire un peu ma position.» Le titre a fait 8,3 %.

Steve Bélisle

C'est la sélection des extrêmes. Parmi les trois choix de Steve Bélisle, gestionnaire de portefeuille de Gestion d'actifs Manuvie, on trouve le meilleur et le pire de la table ronde. Le rendement moyen des trois choix s'établit à 7,4 %.

Le titre d'Enbridge (ENB, 45,02 $), qui perd 22 %, a été secoué. L'exploitant de pipelines a affronté plusieurs vents de face, dont l'augmentation des taux d'intérêt, qui a plombé les titres de dividende, et l'incertitude réglementaire quant au projet de la ligne 3, dit M. Bélisle. Le bon côté de la médaille est que la société a réduit son endettement en vendant des actifs, et qu'elle a simplifié sa structure. «Malgré les taux d'intérêt plus élevés, je pense qu'il y a encore un bon potentiel de hausse dans le titre.»

Ce revers a été compensé par un coup de circuit de 40 % avec le titre de Boyd Income Fund (BYD.UN, 129,62 $). Le spécialiste de la réparation de voitures accidentées a continué de croître par «petites acquisitions» et grâce à une «bonne gestion des opérations», explique le gestionnaire de portefeuille. «Il reste encore un potentiel de hausse, mais le titre s'approche maintenant de sa pleine valeur.»

En comparaison, à 4,2 %, la performance du titre d'Oracle (ORCL, 47,80 $ US) est moins flamboyante. «Les résultats ont été très bons, explique le gestionnaire de portefeuille. Un des problèmes est que l'entreprise a décidé de fournir moins d'information sur la segmentation des résultats, ce qui donne moins de visibilité sur la migration des logiciels vers l'infonuagique. Le marché a mal réagi et pour nous aussi, c'est un drapeau rouge, car on perd en transparence. Avec, pour résultat, que nous ne sommes pas prêts à en racheter.»

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