Québecor: Vidéotron mène toujours la charge

Publié le 15/03/2017 à 15:32

Québecor: Vidéotron mène toujours la charge

Publié le 15/03/2017 à 15:32

Par Dominique Beauchamp

Heureux de rentrer au bercail, Pierre Karl Péladeau s'est montré très satisfait de la performance de toutes les divisions en 2016 et s'est dit très confiant envers la stratégie de contenus-distribution de Vidéotron. (Photo: Jérome Lavallée)

Vidéotron reste la locomotive de Québecor(QBR.B, 39,25$) même si la concurrence s’accentue au moment où les taux de pénétration sont élevés pour l’accès Internet et le sans-fil.

Et pour cause. Au quatrième trimestre le fournisseur de télévision par câble, d’accès Internet et de téléphonie par câble et sans-fil a fourni à Québecor 76% de ses revenus de 1,05 milliard de dollars et 94% de son bénéfice d’exploitation de 389M$.

La hausse de 2,6% des revenus et surtout de 7,9% du bénéfice d’exploitation, le repère financier de l’industrie, a plu aux investisseurs qui ont propulsé l’action de Québecor en hausse de 3,5%, mercredi, près d'un sommet annuel.

La marge d’exploitation de 45,3% a aussi dépassé les attentes élevées de 44,4% de Drew McReynolds, de RBC Marchés des capitaux.

Depuis 12 mois, le titre de Québecor a surpassé l’indice S&P/TSX de 3%, malgré la plus grande popularité des ressources naturelles et des banques.

Pierre Karl Péladeau, dont c’est le retour officiel en tant que PDG, y a aussi fait allusion à la fin de l’appel-conférence en disant que bien peu a changé en son absence de presque quatre ans. La majorité des questions des analystes se destinent à Manon Brouillette, la chef de direction de Vidéotron, et continuera de l’être au cours des prochaines années.

Il y voit la validation de la stratégie de convergence derrière l’achat de Vidéotron il y a 16 ans, qui misait dès son origine sur le maillage de contenus originaux et d’un réseau de distribution performant.

«Nous avons vu venir l’ère Netflix et celle de la diffusion de musique en continu. Aujourd’hui, la production de contenus originaux est partout. Nous revenons de Barcelone avec la volonté de prendre notre part des revenus que les nouvelles technologies rendront possibles», a aussi évoqué celui qui a repris la barre de Québecor en février, après un détour en politique en 2014.

Saluant au passage la bonne gestion de tous les dirigeants en son absence, notamment celle de Pierre Dion qui est devenu président du conseil de Québecor Média, M. Péladeau était surtout fier d’annoncer que tous les segments d’affaires avaient contribué à l’amélioration du bénéfice d’exploitation au quatrième trimestre.

M. Péladeau s’est aussi dit très confiant envers l’avenir et la valeur de la stratégie du mariage contenu-distribution. En son absence, l'action de Québecor s'est appréciée d'environ 70%.

Il n’a pas voulu préciser quand Vidéotron vendrait les licences sans-fil à l’extérieur du Québec, sinon qu’elles le seraient quand elle pourrait en obtenir la pleine valeur, en réponse à la question d’un analyste.

«Nous sommes assis sur un bon actif qui a de la valeur. Nous n’allons pas négocier publiquement», a-t-il laissé tomber.

Greg MacDonald, de Macquarie Research, accorde aux licences sans fil hors Québec une valeur de 300M$ à 400M$, soit 2 à 3$ par action de Québécor.

Le principal actionnaire de Québecor est aussi resté vague concernant le rachat de la part résiduelle de 18,9% que détient encore la Caisse de dépôt et placement du Québec dans Québécor Media, avant la date butoir de 2019.

Un combat de tous les instants

Si les derniers résultats ont satisfait les analystes, la société prévient tout de même que la forte croissance de la clientèle enregistrée dans le secteur télécommunications au cours des dernières années n’est pas nécessairement représentative de la croissance future, peut-on lire dans le rapport de gestion.

La société y rappelle aussi qu’elle doit continuer à investir d’importantes sommes pour la mise à niveau et l’expansion de ses réseaux par câble et mobile, pour le lancement de nouveaux services complémentaires et pour soutenir la demande de capacité accrue de bande passante.

En novembre, Vidéotron a notamment amorcé le déploiement sur son réseau de la technologie Docsis 3.1 qui permettra ultimement d’atteindre des vitesses allant jusqu’à 10 Gbit/s en aval et à 1 Gbit/s en amont.

Vidéotron sera ainsi en mesure de répondre aux besoins croissants de vitesse et de bande passante de clients qui consomment toujours davantage de vidéo en haute définition et en ultra haute définition et qui se convertissent de plus en plus à l’infonuagique, à l’Internet des objets, à la réalité augmentée et à la réalité virtuelle.

Ainsi, bien que Vidéotron termine la mise à niveau de réseau sans-fil à la technologie LTE l’entreprise devra bientôt investir dans la technologie de l’accès Internet, de la télévision accessible partout, nécessitant la technologie IP (Internet Protocol) afin de mieux rivaliser le service Bell Télé Fibe.

«Tout le réseau doit passer au protocole Internet. C’est essentiel pour répartir la capacité du réseau de façon plus optimale entre les services internet et vidéo par exemple», a expliqué Mme Brouillette.

Les dépenses en technologie IP seront de même envergure à celles de la mise à niveau LTE et elles s’étaleront sur plusieurs années, a indiqué Jean-François Pruneau, le chef de la direction financière. Les dépenses en immobilisations prévues de 650 à 700M$ en 2017 excluent la technologie IP.

Ses rivaux Rogers et Shaw ont choisi la plateforme X1 de l'Américaine Comcast, mais Mme Brouillette n'a pas dévoilé son jeu.

Avec un accès à des liquidités d’un milliard de dollars, des financements bancaires prolongés et les flux de trésorerie générés par son exploitation, la société a des fonds «plus que suffisants» pour mener à bien tous ces projets, a-t-il assuré.

M. Péladeau s’est dit à l’aise avec une dette qui équivaut de 3 à 4 fois le bénéfice d’exploitation. Québecor a terminé l’année avec un ratio de 3,4 fois.

Sans-fil: encore un rattrapage à combler

Entretemps, Vidéotron continue de profiter de l’avantage que lui procure l’offre de contenus en français dans le marché francophone et de bénéficier du rattrapage de son service sans-fil par rapport à celui de ses rivaux.

L’année 2016 a vu la plus forte croissance d’abonnés sans-fil depuis 2011. Sa part du marché sans-fil a augmenté de 2% à 15%, estime la société.

Les revenus sans-fil ont bondi de 23%, grâce à une hausse de 5,5% des revenus mensuels moyens par abonné et de 16% du nombre d’abonnés.

La progression de 45000 abonnés Internet est aussi la meilleure depuis 2013, a souligné Mme Brouillette.

«Il y a encore de la croissance sans-fil à aller chercher à mesure que ses abonnés se procurent des appareils plus performants, qu’ils migrent sur les forfaits de données plus chers et que Vidéotron améliore son réseau. Vidéotron devrait continuer à rétrécir son retard sur des rivaux (en terme de revenus par abonné)», prévoit Maher Yaghi, de Desjardins Marché des capitaux

La hausse de 3,6% des revenus et de 4,5% du bénéfice d’exploitation de Vidéotron au quatrième trimestre sont en tête de son industrie, ce qui donne au titre un profil de croissance attrayant aux yeux de la majorité des analystes dans un secteur qui ralentit.

L’entreprise gère aussi un équilibre délicat entre la croissance et la rentabilité des abonnés sans-fil.

Mme Brouillette a donné en exemple les forfaits sans-fil aux clients qui veulent garder leur appareil.

Bien que ces forfaits à petit prix affaiblissent initialement le revenu mensuel moyen par abonné, une fois ces clients dans la famille, Vidéotron réussit à convertir certains d’entre eux dans l’année qui suit à des forfaits plus chers incluant la subvention d’un nouvel appareil.

«Les clients au service apportez nos appareils personnels (BYOD) représentent 30% de nos nouveaux abonnés. En Europe, ces clients comptent déjà pour 70 à 80% des nouveaux abonnés. Il nous faut donc attirer ces clients, car une fois qu’ils renouvellent leur service, le revenu mensuel de ces abonnés augmente de 6%. La valeur économique de ce client croît aussi au fil du temps s’il reste», a expliqué Mme Brouillette.

C’est ce qui explique que le revenu moyen par abonné sans-fil par exemple a baissé du troisième au quatrième trimestre. En revanche, le recul des frais de marketing a contribué à abaisser le coût d’acquisition des clients de 10% à 404$ depuis un an.

Même stratégie pour les clients qui optent pour son service de films et de séries Illico dont le nombre d’abonnés a crû de 57000 à 315000 en 2016. Vidéotron cherche à convaincre 20% des clients qui n’achètent pas déjà d’autres services de Vidéotron à le faire.

Les clients à trois services (56% de tous les abonnés résidentiels) procurent non seulement des revenus mensuels plus élevés, mais les forfaits fidélisent aussi les clients, ce qui réduit les coûts et améliore les marges.

 

 

 

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