Que se passe-t-il chez Bombardier ?


Édition du 17 Octobre 2015

Que se passe-t-il chez Bombardier ?


Édition du 17 Octobre 2015

[Photo : Bloomberg]

À peine six mois après avoir reçu du marché un financement par actions de plus de 1,1 milliard de dollars canadiens, Bombardier semble de nouveau à la recherche de liquidités, et les démarches ne se font pas sans heurts.

Des interrogations sur la situation financière de l'avionneur québécois se sont présentées il y a quelques jours avec des échos de presse faisant état de discussions avec la Caisse de dépôt et placement du Québec. Puis est arrivée cette surprenante révélation selon laquelle des pourparlers avaient eu lieu avec Airbus concernant la vente d'une participation majoritaire dans le programme CSeries.

Depuis, les spéculations vont bon train sur les marchés.

Bombardier manque-t-elle d'argent ?

Pas à l'heure actuelle, mais le statu quo n'est pas une option. Des liquidités devront s'ajouter pour couvrir le développement et la mise en service du CSeries, et éventuellement d'autres programmes.

Fadi Chamoun, de BMO Marchés des capitaux, estimait récemment que la société aurait besoin d'une injection de liquidités à la fin de 2016, afin de pouvoir faire face aux importants besoins financiers de la première moitié de l'année.

Selon M. Chamoun, l'injection nécessaire était de 1 à 1,5 G$ US.

Dans un récent commentaire, David Tyerman, de Canaccord Genuity, voyait lui aussi la nécessité d'une injection supplémentaire de liquidités, mais à un moment différent. Quelques millions pourraient être nécessaires en 2016, et 1 G$ US devrait s'ajouter en 2017.

D'où proviendra cette injection de liquidités ?

La société prévoit amener en Bourse sa division Transport et compte en profiter pour céder au marché (ou à un tiers) une participation minoritaire. En théorie, Bombardier pourrait régler les difficultés de trésorerie en cédant 25 à 30 % de sa division Transport, selon les calculs de certains analystes.

Il n'y a cependant pas unanimité. Turan Quettawala, de Banque Scotia, ne croit pas que la vente d'une participation soit une solution gagnante. Il estime notamment qu'elle aurait pour effet de diminuer dans l'avenir l'accès de Bombardier au marché de la dette (NDLR : la société n'étant plus autorisée à utiliser 100 % des flux de trésorerie).

Les récentes négociations avec la Caisse de dépôt laissent croire que de l'argent externe est nécessaire, mais personne ne sait si c'est obligatoire ou dans un simple souci d'efficacité financière et préventif.

Que veut dire l'«échec Airbus» ?

La raison de l'approche n'est pas claire. Devant les faibles ventes de CSeries et ses besoins en liquidités, Bombardier peut avoir jugé que la meilleure option pour créer de la valeur pour ses actionnaires était de faire équipe avec le géant européen. Une façon pour elle de profiter de ses réseaux de ventes et d'entretien, entre autres.

Plusieurs observateurs se demandent cependant si le geste n'est pas plutôt un aveu d'échec du programme. En l'absence d'un partenariat, le marché serait trop difficile à conquérir, étant donné qu'Airbus et Boeing réduisent le prix de leurs appareils concurrents remotorisés.

Quelles sont les options ?

Robert Spingarn, de Credit Suisse, se demande si le programme ne devrait tout simplement pas être interrompu. Il croit que Bombardier devra encore y injecter de 1 à 2 G$, alors que son interruption coûterait bien moins que 1 G$.

D'autres spéculent que Boeing pourrait s'y intéresser davantage qu'Airbus, ses programmes de développement étant achevés, contrairement à ceux de sa concurrente. Un partenariat pourrait également être exploré du côté chinois, où Bombardier a déjà des ententes de collaboration avec Comac.

Évidemment, il y a aussi la possibilité que l'aventure se poursuive en solo. Ce qui amène alors une discussion sur la dette élevée de Bombardier et sa capacité à faire face à ses engagements futurs si le programme ne lève pas et que le secteur entre dans un cycle baissier.

Une majorité d'analystes recommandent de «conserver» le titre. Le cours cible moyen est à 2 $.

Les recommandations des analystes qui suivent le titre de Bombardier

12 Conserver

2 Acheter

2 Surperformance

3 Sous-performance

Cours cible : 2,00 $

Le titre de Bombardier (Tor., BBD.B) a reculé de 54 % depuis un an

Source : Bloomberg

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