Pourquoi le pionnier canadien de la fintech dégringole de 43%

Publié le 26/10/2016 à 14:46

Pourquoi le pionnier canadien de la fintech dégringole de 43%

Publié le 26/10/2016 à 14:46

Par Dominique Beauchamp

Les mauvais résultats de DH Corp. (Tor., DH,16,25$) ont eu l’effet d’une bombe et ébranlent la confiance déjà fragile concernant sa rentabilité future, son dividende et même ses emprunts bancaires.

Le titre de la société a terminé la journée sur un plongeon de 12,45$, ou de 43%, à 16,25$ à la Bourse de Toronto. Il a touché un cours plancher de 14,97$ en cours de séance. Quelque 10 millions d'actions ont changé de mains.

«Au lieu d’être un trimestre qui allait rebâtir la crédibilité de la société après deux trimestres décevants, la mauvaise surprise en rajoute», évoque Phil Hardie, de Scotia Capital.

Les revenus de 418 millions du troisième trimestre ont été seulement de 2% inférieurs aux attentes, mais leur stagnation a eu un impact majeur sur la rentabilité.

Le bénéfice d’exploitation de 109,6M$ a raté la cible de 14% et le bénéfice net de 0,49$ par action, de 22%.

Surtout, la société fondée en 1875 prévoit désormais des revenus stables et un recul de 3 à 7% de son bénéfice d’exploitation pour l’année. En juillet, elle prédisait une croissance de 4 à 6%.

Une transformation laborieuse

La hausse des coûts de développement de ses nouveaux produits augmente plus vite que ses revenus, au moment où certaines banques, en Europe surtout, font plus attention à leurs dépenses, explique Dylan Steuart, d’Industrielle Alliance Valeurs mobilières.

Depuis l’achat de Fundtech l’an dernier, DH réalise environ 8% à 10% de ses revenus en Europe.

Les revenus de ses solutions pour le traitement des prêts ont aussi décliné aux États-Unis parce que DH migre ses clients sur un nouveau mode de paiement. Cette transition devrait être terminée l’an prochain.

C’est une tempête parfaite pour l’ex-fiducie de revenu Davis + Henderson autrefois appréciée pour les flux de trésorerie solides que lui procurait l’impression de chèques pour les clients des banques.

L’impression de chèques est évidemment en déclin et ne représente plus que 18% de ses revenus.

Toutefois, le déclin s’accélère tout à coup. La menace de grève chez Postes Canada a fait tomber les volumes de chèques de 12%, au dernier trimestre.

«Une fois que les clients abandonnent les chèques, il n’y reviennent plus», dit M. Steuart.

Ces revenus sont toutefois très rentables, avec des marges d'exploitation de 30 à 40%, et procurent les capitaux qui lui permettent de distribuer environ la moitié de ses bénéfices en dividendes.

En s’appuyant sur sa clientèle bancaire, DH tente depuis plusieurs années de se transformer en un véritable fournisseur de services de technologie financière, à coup d’acquisitions milliardaires qui ont aussi alourdi son bilan.

Résultat: son bénéfice d’exploitation s’approche du minimum prévu aux clauses de son financement bancaire l’an prochain. Proactive, la société est déjà en voie de les renégocier.

DH pourrait aussi émettre des débentures convertibles pour rembourser une tranche de dette due en juin 2017.

Un dividende à reconsidérer?

La société est dans un dilemme, croit Geoffrey Kwan, de RBC Marchés mondiaux. Les petits investisseurs veulent un dividende élevé, mais ses concurrents en fintech n’en versent pas.

Pour réellement marquer son virage, l’entreprise devrait envisager de réduire son dividende et de racheter ses actions. «Ça ferait mal au titre à court terme, mais ce serait bénéfique à long terme», fait-il valoir.

Au cours actuel, le dividende annuel de 1,28$ procure un rendement de 8%.

Trevor Johnson, de la Financière Banque Nationale, calcule d’ailleurs que son dividende consommera les trois quarts de son encaisse distribuable, en fonction de dépenses en capital prévues.

«Les dirigeants auront beaucoup à faire pour rassurer les investisseurs concernant la solidité de son dividende et de son bilan et redonner confiance dans ses perspectives à long terme», écrit-il.

Quatre analystes consultés ont charcuté leur cours cible d’une fourchette de 39$ à 48$ à une autre de 22$ à 33$.

La dégringolade du titre a été si brutale que ces nouveaux cours cible laissent tout de même entrevoir un potentiel de rebond de 35% à 103%.

 

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