Patience à la Fed et autour du golfe Persique

Publié le 18/12/2014 à 13:50

Patience à la Fed et autour du golfe Persique

Publié le 18/12/2014 à 13:50

Par Jean Gagnon

La présidente de la Fed, Janet Yellen. (Photo: Bloomberg)

La Réserve fédérale américaine (Fed) ne dit plus que les taux vont demeurer bas durant une période de temps considérable. Elle dit toutefois qu’elle sera patiente avant de débuter la normalisation de la politique monétaire, c’est-à-dire de hausser les taux d’intérêt.

Dans les faits, cela ne change pas grand-chose. Sauf peut-être qu’elle confirme que ses décisions dépendront de l’évolution de certains facteurs économiques, surtout l’emploi et l’inflation, bien sûr.

«La Fed n’a pratiquement pas modifié sa vision de la conjoncture, bien que les bonnes données économiques s’accumulent aux États-Unis et que la baisse des prix de l’essence est largement perçue comme étant positive pour la croissance américaine», note Francis Généreux, économiste principal chez Desjardins.

Toutefois, elle revoit ses prévisions quant au chômage et à l’inflation en 2015. Le taux de chômage que prévoit la Fed en 2015 est maintenant de 5,2-5,3 %, comparativement à sa prévision précédente de 5,4-5,6 %.

Mais c’est au chapitre de l’inflation que la révision des prévisions de la Fed est plus importante, signale M. Généreux. «La fourchette de la variation annuelle du déflateur des dépenses de consommation prévue pour la fin de 2015 passe d’entre 1,6 % et 1,9 % à une fourchette entre 1,0 % et 1,6 %», dit-il.

Les dirigeants de la Fed sont entre deux eaux concernant l’inflation, constate l’économiste de Desjardins. «D’un côté elle espère que l’inflation se rapprochera de sa cible de 2%, mais de l’autre elle ne peut que constater que les prix du pétrole auront une grande influence sur l’inflation totale au cours des prochains mois», dit-il. Chez Desjardins, on estime même que la variation annuelle des prix à la consommation tombera sous 1 % au cours des prochains mois. Comme quoi Mme Yellen pourrait avoir toutes les raisons de patienter.

Le communiqué de la Fed et les commentaires de sa présidente, jumelé à une légère remontée du prix du pétrole, ont eu un effet très positif sur les marchés boursiers. Depuis hier après-midi, le S&P 500 est à la hausse de plus de 3 %.

Les places boursières en baisse dans la région du golfe Persique

Mais ce n’est rien à côté de l’impact sur les bourses des pays du golfe Persique. On devine que les bourses de Dubai, d’Abu Dhabi et d’Arabie Saoudite, étaient en forte baisse depuis l’implosion du prix du pétrole étant donné que la région du golfe représente 30 % des réserves prouvées de pétrole dans le monde.

Ces marchés boursiers étaient en territoire baissier (bear market) depuis le 30 novembre, c’est-à-dire qu’ils étaient en baisse de plus de 20 % de leur sommet précédent. Mais ce matin, ils ont littéralement explosé. À Dubai, l’indice DFM General Index a bondi de 13 %.

Les réactions de certains dirigeants de la région du golfe persique rapportées ce matin par l’agence Bloomberg laissent croire que, tout comme Mme Yellen, ils seront patients.

«Le marché du pétrole fait face à un problème temporaire causé surtout par un ralentissement de l’économie mondiale», dit par voix de communiqué Ali Al-Naimi, le ministre du pétrole d’Arabie Saoudite. «L’économie du royaume peut endurer temporairement les fluctuations du prix du pétrole», ajoute-t-il.

«Il serait illogique pour les membres de l’OPEP de couper sa production pour compenser les augmentations des producteurs hors du groupe», ajoute Suhail Al Mazrouei, ministre du pétrole des Émirats Arabes Unis.

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