Mines: pas encore la lumière au bout du tunnel en 2016

Publié le 27/12/2015 à 08:10

Mines: pas encore la lumière au bout du tunnel en 2016

Publié le 27/12/2015 à 08:10

Photo: Shutterstock

PRÉVISIONS 2016– Le marché des métaux a connu en 2015 des chutes de prix vertigineuses –de 20% à 50% selon le cas– et ce n’est certainement pas en 2016 que ceux-ci rebondiront, préviennent les analystes.

Le cuivre, baromètre de l’économie mondiale

Si le cuivre est parfois perçu comme un baromètre de l’économie mondiale, sa récente évolution n’a rien pour rassurer. En effet, il a perdu 20% de sa valeur en 2015 pour retomber à moins de 2,10$US la livre, son niveau le plus bas depuis la crise financière de 2008.

«C’est juste au-dessus de la moyenne des coûts de production, mais sous la moyenne du seuil de rentabilité», observe Patricia Mohr, spécialiste des matières premières à la Banque Scotia.

Pourtant, le cuivre a connu des réductions de production significatives dans les derniers mois. Après Freeport McMoran et Grupo Mexico, c’était récemment au tour du géant Glencore d’annoncer l’interruption de deux mines de cuivre en Zambie et en République démocratique du Congo, dans l’espoir de freiner la dégringolade des prix.

Selon Mme Mohr, ces coupures massives finiront bien par rééquilibrer le marché… mais pas avant 2017. «Les prix dépendent plus du sentiment que des facteurs fondamentaux de l’offre et la demande, surtout à court terme», dit-elle. «Et parce que le sentiment est négatif actuellement, avec toutes ces inquiétudes concernant la Chine, je ne crois pas que le prix du cuivre soit beaucoup plus haut que 2,10$US en 2016.»

Si le Québec ne compte pas de mine de cuivre, celui-ci figure tout de même parmi les sous-produits de plusieurs mines, dont LaRonde et Bracemac-McLeod.

Fer et nickel : la traversée du désert

L’année 2015 a été extrêmement pénible pour le nickel, qui a perdu 45% de sa valeur, à 3,90$US la livre. «Les prix ont tellement baissé que les analystes estiment que 50% de la production mondiale est déficitaire», dit Mathieu D’Anjou, économiste principal chez Desjardins. Cette chute s’explique en partie par la baisse des investissements dans les industries lourdes de la pétrochimie et du pétrole et gaz –qui requièrent énormément d’acier inoxydable et de superalliages– ainsi que par les abondants stocks accumulés ces dernières années.

«En 2016, les prix vont rester bas parce qu’on ne prévoit pas de revirement dans les investissements d’industries lourdes» estime Mme Mohr. Elle pense toutefois qu'ils pourraient revenir à 7$US la livre l'année suivante, c’est-à-dire à leur niveau de décembre 2014.

En avril dernier, Québec a consenti un prêt de 100 millions à la société Canadian Royalties afin qu’elle augmente la production à sa mine Nunavik Nickel, dans le Grand nord. Quant à la mine Raglan, elle ne semble pas concernée jusqu’à maintenant par le programme de réduction de coûts et de ventes d’actifs de son propriétaire Glencore.

Les producteurs de fer non plus ne sont pas au bout de leur peine. Le «Big 3» (Vale, BHP Billiton, Rio Tinto) mène depuis quelques années une stratégie implacable qui consiste à inonder le marché de minerai de fer produit à bas prix, de façon à noyer les plus petits producteurs et à s’arroger leurs parts de marché.

Cette surproduction a fait chuter le prix de 45% en 2015, à près de 38$US la tonne. Il semble que cet élagage douloureux ne soit pas terminé, surtout que d’autres mines entrent en production pendant ce temps. C’est notamment le cas du projet Roy Hill, en Australie (2015) et surtout du mégaprojet SD11, au Brésil (2016), qui ajouteront à terme 145 millions de tonnes de minerai sur le marché.

«Les prix vont remonter vers 2018, une fois que les gros acteurs auront complété leur expansion», prévoit Mme Mohr. Selon elle, il faudra d’autres fermetures, notamment en Chine, avant que le marché se rééquilibre et que les prix remontent. Ceux-ci devraient ainsi rester assez bas en 2016, entre 45 et 50$US la tonne», estime la spécialiste.

Il y a quelques jours, la société Champion Iron Mine a décidé d’acquérir la mine Lac Bloom, fermée depuis décembre 2014, pour 10,5 millions –une infime fraction des 4,9 milliards que Cliffs Natural Resources avait payés au plus fort du boom en 2011.

La Chine, encore et toujours

La plupart des analystes du secteur minier mentionnent à gros traits la transition qui s’opère en Chine. Celle-ci a résulté en «un recul durable de la demande des produits de base naturellement accompagné d’une chute des prix», pour citer le rapport de Deloitte sur les tendances 2016. En effet, le premier consommateur mondial de matières premières a vu en 2015 sa croissance décliner à un rythme inférieur à 7 %.

Au-delà de cet «atterrissage en douceur» de l’économie chinoise, la crise boursière de juin 2015 qui a frappé le pays et les interventions subséquentes du gouvernement ont certainement ajouté à l’inquiétude ambiante, dit Mathieu D’Anjou. «C’est sûr que les prix des métaux sont bas à cause de l’état des stocks dans plusieurs cas, mais depuis la mi-2015, c’est aussi lié aux craintes vis-à-vis la Chine, gonflées par la correction boursière et la dévaluation de la monnaie.»

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