Les titres qui vont assurer


Édition du 19 Septembre 2015

Les titres qui vont assurer


Édition du 19 Septembre 2015

Par Stéphane Rolland

[Photo : Shutterstock]

Au moment où la faiblesse de l'économie canadienne pèse sur les grandes banques du pays, les compagnies d'assurance vie attirent de plus en plus l'attention des investisseurs qui cherchent des actions alliant croissance et dividende. Si l'«inévitable hausse des taux d'intérêt» qui doit leur donner un élan se fait toujours attendre, leurs perspectives favorables ne se limitent pas qu'au rendement des obligations.

Stéphane Rochon, vice-président et chef de la recherche chez BMO Nesbitt Burns, préfère les assureurs aux grandes banques canadiennes. «Dans les prochaines années, les assureurs devraient être en mesure de livrer une croissance annuelle du bénéfice par action de 10 % à 12 %, explique le stratège. Pour les banques, ça devrait être la moitié de ce rythme.»

L'expansion à l'international est l'une des avenues de croissance qu'aiment les experts interrogés. À l'exception de l'Industrielle Alliance (Tor., IAG), qui est plus régionale, la Financière Manuvie (Tor., MFC), la Financière Sun Life (Tor., SLF) et la Great-West (Tor., GWO) tirent toutes plus de 50 % de leurs bénéfices à l'étranger, selon les données compilées par RBC Marchés des Capitaux. «L'expansion à l'étranger est bienvenue, tandis que la situation économique n'est pas très bonne au Canada», ajoute M. Rochon.

Au même titre que les grandes banques canadiennes, les assureurs ont diversifié leurs activités vers la gestion de patrimoine ces dernières années. Ces activités procurent des marges bénéficiaires plus élevées que l'assurance traditionnelle, commente Michael Sprung, président de Sprung Investment Management à Toronto. «Compte tenu de l'arrivée massive des baby-boomers à la retraite, la tendance démographique est très favorable aux produits liés à la retraite [services-conseils, rentes viagères]», explique-t-il en entrevue.

L'assurance traditionnelle reste cependant une industrie ingrate pour les investisseurs qui accordent une importance à la popularité d'une marque, prévient Vincent Lui, analyste chez Morningstar. «Les clients accordent peu d'importance à la réputation des assureurs lorsqu'ils magasinent leur police d'assurance, rappelle l'analyste. Pour cette raison, la concurrence est féroce, ce qui exerce une pression sur les prix. Puisque les polices d'assurance vie et les rentes s'étalent sur de longues périodes, les coûts futurs de ces produits sont hautement incertains.»

Les taux d'intérêt, un facteur moins décisif que par le passé

Impossible de parler des assureurs sans évoquer la question des taux d'intérêt. Néanmoins, les compagnies d'assurance vie ont fait de grands efforts pour limiter leur sensibilité aux mouvements des taux d'intérêt. «Depuis la crise financière, les assureurs ont recours aux produits dérivés afin de réduire les effets défavorables des taux d'intérêt, constate M. Sprung. De plus, ils ont diversifié leur offre dans la gestion de patrimoine. Les taux devraient monter à long terme et cela sera profitable, mais je crois que c'est un facteur moins décisif que par le passé.»

Le rendement des obligations à long terme revêt tout de même une importance particulière pour les assureurs. Une augmentation des taux d'intérêt aurait pour effet de réduire la valeur de leur passif, explique Stéphane Rochon, de BMO Nesbitt Burns. «Une bonne partie des liquidités tirées des primes d'assurance sont réinvesties dans le marché obligataire, ajoute-t-il. Avec des taux plus élevés, ils obtiennent davantage de revenus.»

La hausse des taux se fait toutefois attendre alors que l'économie canadienne traverse un passage à plat. Depuis janvier 2014, la distribution des obligations 10 ans du gouvernement du Canada a perdu un point de pourcentage, passant de 2,7 % à 1,5 %. À ce seuil, M. Rochon pense qu'une hausse est plus que probable, même s'il est impossible de dire à quel moment exact elle surviendra. «En attendant, les assureurs réussissent à présenter de bons résultats, même sans augmentation des taux», soutient le stratège.

Pour un investisseur, la sensibilité des assureurs aux taux d'intérêt apporte un élément de diversification supplémentaire à un portefeuille. «Ça protège les portefeuilles, précise M. Rochon. Généralement, les actions performent moins bien lorsque les taux d'intérêt montent, contrairement à celles des assureurs.»

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