Les paris négatifs contre Bombardier continuent de grimper

Publié le 11/08/2017 à 12:02

Les paris négatifs contre Bombardier continuent de grimper

Publié le 11/08/2017 à 12:02

Par François Remy

INFOGRAPHIE. Pourquoi les spéculateurs s'ingénient à miser gros sur l'infortune de la multinationale québécoise?

Un titre peu glamour. Selon le tout dernier rapport de l'opérateur de la Bourse de Toronto, Bombardier (BBD.B) reste la deuxième action canadienne préférée des «short-sellers», les vendeurs à découvert en bon français. Mais si, vous savez, ces investisseurs convaincus qu’une action va chuter et qui l’empruntent alors à un tiers pour tenter de profiter de sa déconfiture. Une fois nettement affaiblie, ils l'achètent ainsi au rabais et la rendent au prêteur en dégageant un bénéfice.

L’intérêt pour les parts du constructeur basé à Montréal s’avère assez logique. Évoluant au sein de l’indice national S&P/TSX, Bombardier dispose d’actions parmi les plus liquides. Et la pratique du «short-selling» convient le mieux aux actifs pouvant être acheté ou vendu rapidement. 

Mais l’attachement des spéculateurs semble excessif depuis quelques mois. À partir du mois d’avril, l’action BBD.B a occupé la tête du classement des positions courtes à 6 reprises consécutives, sur les 15 inventaires de l’année.

À la mi-juillet, un seuil psychologique a d’ailleurs été franchi: plus de 100 millions de titres Bombardier étaient «shortés». Depuis les débuts de la crise financière en 2008, jamais autant de paris baissiers n’avaient été enregistrés contre le fabricant d’avions et de trains, soulignait-on chez les analystes.

La période se montrait propice au positionnement négatif puisque Bombardier comptait présenter peu de temps après ses résultats trimestriels. Lesquels ont été favorablement accueillis par le marché le 28 juillet.

Cela étant dit, en date du 31 juillet, 103,64 millions d’actions Bombardier étaient encore shortées, soit une augmentation nette de 2,54 M de titres par rapport au record précédent. Et si l'on observe les volumes depuis le début la première séance de 2017, les ventes à découvert ont grimpé de 169%!

Par catastrophisme, scepticisme ou pur opportunisme? Ces chiffres reflètent-ils les tensions avec Boeing ou les incertitudes relatives au carnet de commandes de CSeries?

Interrogé par nos soins sur ces volumes de paris négatifs, le service des relations avec l'investisseur de Bombardier nous a évidemment répondu n'avoir «aucun commentaire à faire à ce sujet». On se doutait bien que la communication ne dérogerait pas au principe consistant à taire les rumeurs ou les spéculations de marché. On en avait encore eu la démonstration récemment à propos de la mise en commun des activités ferrorivaires avec Siemens.

Pourtant, il convient de relativiser ce mécanisme parfois diabolisé de la vente à découvert. Les positions courtes servent à estimer par un autre biais le sentiment du marché sur les perspectives d’une entreprise. Elles permettent d'identifier des opportunités de placement pour les particuliers, aider à étoffer une stratégie pour les professionnels, voire développer une approche algorithmique du trading pour les institutionnels.

Selon l'approche traditionnelle, le consensus des analystes fait preuve d’un certain enthousiasme à l'égard de Bombardier. Sur les 12 couvrant l’action, seul un recommande de vendre, contre 3 conseillant de conserver et 5 invitant les clients à en acheter.

Abordons d’ailleurs autrement cette spéculation en rapportant les 103 millions de titres shortés à l’échelle des actions en circulation. Cela représente un peu plus de 5%. Un niveau somme toute faible.

Et il ne faut pas oublier que les conditions actuelles des marchés limitent les manœuvres spéculatives, nous explique Nicholas Heymann, de la banque d’investissement américaine William Blair. L’intérêt des shorteurs a certes décrit un pic de nervosité assez compréhensif avant les résultats, reconnaît-il, mais réduire la voilure ou clôturer des positions prend ensuite du temps. Au moins une quinzaine de jours dans le cas particulier de Bombardier.

D'ailleurs, l’analyste réaffirmait avec force sa recommandation «surperformance» sur l’action dans la foulée des trimestriels du constructeur.

Et si Bombardier venait par hasard à annoncer des commandes ou autres bonnes nouvelles du genre, les parieurs n’auraient pas d'autre choix que d’acheter des actions pour dénouer leurs positions et limiter leurs pertes potentielles.

Qui a dit qu’un «short» ne faisait pas le beau temps. Verdict lors du prochain classement.

 

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