Les organisateurs de croisières en eaux calmes

Publié le 30/05/2016 à 10:04

Les organisateurs de croisières en eaux calmes

Publié le 30/05/2016 à 10:04

(Photo: Shutterstock)

Les joueurs qui sont intervenus tôt dans la partie ont l'avantage de la première manoeuvre, attirent plus d'investisseurs et sont positionnés pour la croissance à long terme.

Lorsque le bateau de croisière de luxe Adonia (704 passagers) a quitté Miami pour la Havane lors de son voyage inaugural au début mai, il a mis un terme à une interruption de 40 ans des voyages commerciaux au large du détroit de Floride: le plan d’eau qui sépare les États-Unis et Cuba. Considéré de bon augure par l’industrie des croisières, ce voyage d’agrément de sept jours qui coûte 1 800$US par personne a probablement débloqué un flux de revenus lucratifs pour les organisateurs de croisières.

Le voyage de l’Adonia est un autre signe de croissance future pour les sociétés de croisières. L’industrie mondiale des croisières connait déjà une croissance record. Un nombre de passagers estimé à 24 millions devrait partir en croisière cette année, soit deux millions de plus qu’en 2014. La plupart évoluent dans les Caraïbes (33,7%), puis en Méditerranée (18,7%), selon les données les plus récentes publiées par l’organisation internationale des lignes de croisière. Et bien qu’il soit prévu par le portail de données en ligne Statista que l’industrie mondiale des croisières génère plus de 40 milliards $ de revenus cette année, la performance boursière de ces sociétés laisse à désirer. Le sous-indice S&P 500 Hotels, Resorts and Cruise Lines a chuté de plus de 6% pour l’année échue au 6 mai. 

Individuellement, les principaux organisateurs de croisières ont baissé de 10% à 25% pour l’année échue au 10 mai. Pourtant, ces sociétés, qui contrôlent 90% du marché mondial, continuent à se négocier à un rabais important par rapport à leur juste valeur, qui repose sur des données fondamentales solides. Ces entreprises ne cessent d’augmenter leur capacité en passagers et leurs prix, sont au service d’un bassin de clients divers et elles cherchent à élargir leur impact au-delà des régions à capacité élevée comme les Caraïbes pour s’implanter dans les marchés asiatiques à croissance rapide, selon les recherches effectuées sur les actions par Morningstar. 

Carnival Corp.

Symbole (NY., CCL)

Rendement courant 2,26%

C/B prévisionnel 12.0

Cours 49,63$US

Juste valeur 58$US

*Données au 25 mai 2016

Avec plus de 100 navires, Carnival Corp. est le plus gros organisateur de croisière au monde. La société, avec des marques comme Carnival Cruise Lines, Princess cruises, P&O Cruises et Cunard Line, exerce principalement ses activités en Amérique du Nord, en Europe et en Australie. Elle a plus de 10 millions de clients chaque année.

« Carnival est la société la plus capable de capitaliser sur des marchés internationaux peu exploités, en raison de son envergure mondiale et de l’adaptabilité de sa flotte, a dit un rapport Morningstar. Le repositionnement et le déploiement des navires dans les régions sous-représentées et à croissance plus rapide comme L’Asie-Pacifique devraient contrebalancer l’offre de régions à forte capacité comme les Caraïbes, ce qui devrait aboutir à des stratégies de tarification plus lucratives dans le monde entier. » 

L’analyste d’actions de Morningstar Jaime Katz a indiqué dans un rapport que la société produirait un rendement du capital investi à deux chiffres, sous l’impulsion de la croissance rapide de la tranche d’âge de 65 ans et plus, soit le marché démographique clé pour les organisateurs de croisières. Elle invoque aussi l’amélioration de la situation de l’emploi aux États-Unis, qui devrait stimuler le désir de dépenser de l’argent chez les consommateurs à revenu plus modeste.

Pour répondre à la croissance de la demande, Carnival va ajouter quatre navires à sa flotte en 2016. Son expansion dans le marché mal servi de la Chine sera pour Carnival un autre grand moteur de croissance des profits les prochaines années, a ajouté Mme Katz. « Avec le temps, la demande de la Chine devrait dépasser celle de l’Amérique du Nord. »

Mme Katz a établi la juste valeur de l’action à 58 $US. Elle pense que le BAIIDA (bénéfices avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement) de Carnival et le rendement de son capital investi croîtront respectivement de 30% et plus de 12% pendant les prochaines années. Avec une amélioration spectaculaire de la conjoncture économique, les marges d’exploitation devraient augmenter pour atteindre 26% dans les 10 ans qui s’annoncent. 

Royal Caribbean Cruises Ltd.

Symbole (NY., RCL)

Rendement courant 1,79 %

C/B prévisionnel 10,3

Cours 77,50 $US

Juste valeur 94 $

*Données au 25 mai 2016

La deuxième société de croisières au monde, Royal Caribbean Cruises, exploite plus de 40 navires regroupés sous six bannières dans l’industrie des croisières. La société a aussi un placement de 50 % dans une coentreprise destinée à exploiter TUI Cruises.

RCL est en train de développer agressivement son empreinte mondiale par des coentreprises et en ajoutant de nouveaux bateaux de croisière à ses entreprises existantes en Europe et en Asie. La société s’est implantée à Hong Kong l’année dernière et songe à se procurer un autre bateau de croisière de luxe d’ici la fin de cette année. De plus, RCL s’est récemment alliée à une société de capitaux privés espagnole, Springwater Capital, pour développer sa présence en Espagne, en France et au Portugal.

«L’application avec laquelle la société s’emploie à trouver des amateurs de croisières dans les marchés internationaux comme l’Asie et l’Europe permet de localiser un potentiel de demande plus important, indique Mme Katz dans un rapport Morningstar. Atteindre des couches plus profondes de ces populations mal desservies est essentiel pour la croissance à long terme de Royal Caribbean.» 

Le bénéfice net rajusté de la société pour le premier trimestre de 2016 a plus que triplé pour atteindre 124 millions $US, alors que l’année dernière à la même époque il était de 45,2 millions $US. Mme Katz a récemment fait passer son estimation de juste valeur de l’action de 88$US à 94$US. Elle a indiqué que l’objectif de la direction, qui était d’atteindre un rendement du capital investi à deux chiffres tout en doublant d’ici 2017 ses bénéfices par action par rapport à 2014, était une ambition réalisable. 

Elle a prévu que les marges de BAIIDA de Royal Caribbean passeraient de 26% en 2015 à plus de 30% dans les dix années à venir, pourvu que Royal « soit capable de maintenir son image de marque supérieure et continue à être vigilante dans le contrôle de ses coûts ».

Norwegian Cruise Line Holdings Ltd.

Symbole NCLH

Rendement courant -

C/B prévisionnel 9,3

Cours 46,57 $US

Juste valeur 66 $US

*Données au 25 mai 2016

Avec 22 bateaux pour passagers offrant des croisières de luxe et des croisières libres, Norwegian Cruise Line est la troisième société de croisières au monde, avec plus de 510 destinations. Norwegian va se procurer cinq nouveaux navires d’ici 2019 pour accroître ses capacités et élargir son impact. « Étant donné que Norwegian est une société relativement plus petite que ses homologues nord-américains, elle a une capacité de croissance importante au niveau mondial pendant les cinq années qui s’annoncent », a dit Mme Katz dans un rapport Morningstar. 

Le style de croisière libre de cet exploitant est considéré comme un produit diversifié répondant à la fois aux besoins des couches plus âgées et à ceux des millénaristes, et « permettant aux familles de voyager ensemble », a dit Mme Katz. Elle a estimé que l’action se négociait actuellement à un rabais de 30% par rapport à son estimation de juste valeur de 66 $US. 

L’acquisition par Norwegian de la marque Prestige plus luxueuse procure à la société un coussin contre la volatilité économique, a dit Mme Katz. Ses produits de luxe, affirme-t-elle, « sont offerts aux consommateurs qui ont tendance à être moins affectés par les cycles économiques et les changements intervenant dans les stratégies de tarification ».

La société a publié pour le premier trimestre une hausse de 41% de ses profits et de 15% de ses revenus sur une base ajustée selon le risque, stimulée par une demande solide émanant des Caraïbes. 

Gardant l’œil sur la croissance des classes moyennes et le changement de train de vie dans les pays émergents, Norwegian rejoint ses homologues du marché de l’Asie-Pacifique en proposant des croisières au départ de Singapour, Hong Kong, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. « Il se peut que Norwegian soit en mesure d’afficher une meilleure croissance de ses rendements dans l’avenir, en remplaçant les destinations moins rentables par d’autres qui le sont plus », dit Mme Katz.

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