Les motivations du mariage entre Jarislowsky Fraser et Scotia

Publié le 12/02/2018 à 18:32

Les motivations du mariage entre Jarislowsky Fraser et Scotia

Publié le 12/02/2018 à 18:32

Par Stéphane Rolland

Stephen Jarislowsky, président-fondateur Jarislowsky Fraser.

En unissant sa destinée à la Banque Scotia, Jarislowsky Fraser gagne l’accès à un réseau lui ouvrant de nouvelles avenues de croissance. La Scotia, pour sa part, augmente ses actifs sous gestion et diversifie ses activités de gestion de patrimoine.

La Scotia paiera près de 950 M$ pour mettre la main sur la firme montréalaise. Après la transaction, la Scotia deviendra le troisième gestionnaire d’actifs en importance au Canada (166 G$), derrière RBC et TD. La transaction doit être conclue au troisième trimestre de l’exercice 2018 de l’institution financière, soit entre mai et la fin juillet.

«La Scotia nous donne des occasions d’affaires sur les marchés internationaux qu’on ne peut pas avoir seul, explique Pierre Lapointe, président de Jarislowsky Fraser, en entrevue. Ça nous permet d’avoir les capitaux pour lancer de nouveaux produits. En plus de ça, ils ont des centaines de succursales. Un réseau de cette ampleur-là, pour nous, c’est incroyable.»

Pour la Scotia, le modèle d’entreprise de Jarislowsky Fraser offre une «belle complémentarité» à ses actifs sous gestion. «Nous avons une très large offre de fonds de détails, explique Glen Gowland, son vice-président principal et chef, Gestion d'actifs, en entrevue. De notre actif de plus de 100 G$, près de 75% proviennent des fonds communs vendus au détail et seulement 10% offerts aux investisseurs institutionnels. Chez Jarislowsky Fraser, cette proportion est pratiquement inversée. Près de 77% sont dans le secteur institutionnel et le reste est de la gestion pour des clients fortunés. Pour atteindre nos objectifs, nous devons développer notre offre pour les investisseurs institutionnels.»

Le «juste prix»

Banque Scotia a payé le juste prix pour mettre la main sur Jarislowsky Fraser, estime Scott Chan, de Canaccord Genuity. Le prix de 950 M$ représente environ 2,3% des actifs sous gestion. «Un prix raisonnable en tenant compte des transactions passées et du fait que des gestionnaires de cette taille se font rares », commente l’analyste dans une note publiée après la transaction.

M. Chan croit, lui aussi, que le mariage portera des fruits. «Nous croyons qu’il y a de nombreuses occasions de ventes croisées», anticipe-t-il. Par contre, il ne pense pas que la transaction aura un impact «matériel» sur les résultats de la troisième banque au pays. À long terme, la progression des synergies pourrait toutefois être une créatrice de valeur, selon lui.

À la Scotia, on estime que la transaction sera une source de profit pour la banque à partir de l’exercice 2020 (commence en novembre 2019). La transaction sera financée à l’aide d’une émission d’actions. La dilution de l’actionnariat serait de courte durée, car la direction prévoit racheter ces titres dans le cours des 12 à 18 prochains mois.

 

La fin d’un chapitre

La vente de Jarislowsky Fraser marque la fin d’un chapitre pour la firme cofondée par Stephen Jarislowsky en 1955. Le gestionnaire de portefeuille a bâti, ce qui restait l’une des rares firmes indépendantes de cette ampleur au Canada.

Connu pour sa passion de l’investissement, M. Jarislowsky continuera de travailler à la firme. Le milliardaire de 92 ans se rend encore tous les jours au bureau. En entrevue M. Lapointe, explique que M. Jarislowsky n’aura plus de participation dans la firme et ne jouera pas de rôle décisionnel. «Il va continuer à s’occuper de ses clients. Il le fera désormais à titre d’employé.» M. Jarislowsky n’était pas disponible pour une entrevue.

L’aventure entrepreneuriale de cet immigrant né dans une famille bourgeoise de Berlin en 1925 aura fait de lui le 51e Canadien le plus riche, selon un palmarès du Canadian Business Magazine.

Pendant de nombreuses années, la firme aura été le plus important gestionnaire de portefeuille privé au pays. Le style valeur de son équipe aura été particulièrement payant à la suite de l’éclatement de la bulle techno au tournant des années 2000. La société, qui avait évité les titres technos en vogue, a fait mentir ses détracteurs jugeant son approche «vieux jeu ». 

La firme a perdu quelques plumes depuis. Au début des années 2000, elle valait 60 G$, selon un texte publié en 2013 par Finance et Investissement. L’actif sous gestion est maintenant de 40 G$. La popularité des fonds indiciels et des placements alternatifs a exercé un vent de face.

M. Gowland pense qu’il reste un appétit pour la gestion active. «C’est vrai que le marché des fonds équilibrés canadien est très concurrentiel, admet le dirigeant. L’équipe de Jarislowsky Fraser a toutefois une grande expertise dans ce secteur. Je crois qu’il reste une demande pour la gestion active. Nous venons de lancer un fonds négocié en Bourse (FNB) en partenariat avec BlackRock (qui vend les fonds indiciels iShares), qui a reçu un bel accueil. On le voit avec la volatilité des derniers jours. Il y a un besoin pour la gestion active, mais il faut que la qualité des gestionnaires soit un argument assez fort pour justifier les frais de gestion.»

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