Le plan d'Hershey pour donner un «rush de sucre» à ses actionnaires

Publié le 14/04/2017 à 06:09

Le plan d'Hershey pour donner un «rush de sucre» à ses actionnaires

Publié le 14/04/2017 à 06:09

Par Stéphane Rolland

Photo:123rf

La vie continue après le refus de la demande en mariage de Mondelez (MDLZ). Moins d’un an après la proposition, l’action d’Hershey (HSY) s’échange à un prix supérieur à la dot qu’on avait offert aux actionnaires. La société, qui détient près de 46% du marché du chocolat aux États-Unis, a un plan pour croître en solo, mais la route ne se fera pas en criant «lapin», préviennent les analystes. Texte boursier chocolaté pour le week-end Pascal. 

Lorsqu’elle a fait ses premières avances en juin dernier, Mondelez offrait 107 $US pour l’action d’Hershey. Le titre a dépassé ce seuil en février, soit à peine sept mois plus tard. Mondelez aurait été prête à bonifier son offre jusqu’à 115 $US, mais le conseil aurait exigé un gage de 125 $US pour commencer sérieusement les discussions de fiançailles, ont confié des sources à l’agence Bloomberg après l’échec de la proposition en août. Une offre d’achat hostile aurait été impossible puisque la fiducie de la famille d’Hershey contrôle 80% des droits de vote de l’entreprise. 

Bien que le cours ait dépassé l’offre, cet épisode a rivé les projecteurs sur le plan de croissance d’Hershey, qui produit la barre du chocolat éponyme ainsi que les friandises Reese’s et Kisses. La société a dévoilé un nouveau plan stratégique de trois ans (2017, 2018, 2019) en mars, mais la pdg, Michelle Buck, reconnaît que la croissance sera plus difficile à obtenir, comme c’est le cas pour les autres joueurs du secteur alimentaire, qui doivent composer avec un contexte d’affaires stagnant.

Pour les trois prochaines années, Hershey vise une augmentation annuelle des ventes de 2% à 4%. Son précédent objectif à long terme était de 3% à 5%. Kenneth Zaslow, de BMO Marchés des capitaux, y voit le signe que «même Hershey a désormais succombé aux difficultés de l’industrie alimentaire ». Il maintient sa recommandation «performance de secteur» et sa cible de 105 $US.

La priorité aux États-Unis

L’idée centrale du plan de trois ans est de réduire les coûts de l’entreprise, particulièrement à l’international. La société vise des économies de 150 M$ US à 175 M$US. Cela permettra de maintenir la cible de croissance du bénéfice par action dans une fourchette de 6% à 8%. 

Robert Moskow, de Credit Suisse, trouve que la stratégie se compare avantageusement par rapport aux autres programmes de réduction de coût des producteurs alimentaires. «Le plan prévoit qu’il restera suffisamment de fonds pour réinvestir dans les actifs les plus rentables (confiserie aux États-Unis) afin de s’assurer que la croissance reste dans le premier tiers de l’industrie », juge l’analyste.

En effet, plus de la moitié des économies devraient être réalisées à l’international, qui ne représente que 40% des opérations. Des efforts seront déployés du côté de Shanghai Golden Monkey en Chine, une acquisition qui est devenue source de pertes pour la société américaine. L’entreprise veut se départir d’une partie de son équipe de vente, dont elle a hérité, pour rediriger ses efforts vers le commerce en ligne.

La société croit aussi pouvoir aller chercher des gains d’efficacité dans ses usines. Le taux d’utilisation y est de 65% en Amérique du Nord et pourrait monter jusqu’à 70-75%. Il y a une limite aux améliorations possibles en raison de la nature saisonnière de l’industrie, prévient cependant M. Moskow, qui réitère sa recommandation « surperformance» et une cible de 121 $US.

L’analyste de Credit Suisse fait partie de la minorité optimiste. Des 22 analystes qui suivent le titre, ils sont 4 à émettre une recommandation d’achat, contre 16 qui suggèrent de conserver le titre et 2 qui conseillent de vendre. Le cours cible moyen est de 112,35 $US.

D’autres restructurations possibles

Même si la majorité des analystes restent sur les lignes de côté, ceux-ci reconnaissent tout de même un mérite au plan. Joshua Levine, de J.P. Morgan, croit qu’il n’y a pas assez de catalyseurs à court terme pour justifier une recommandation d’achat, mais il se dit à l’aise à l’idée d’y investir à long terme (les cibles des analystes sont généralement sur une période d’un an). Il maintient sa recommandation « neutre» et sa cible de 119 $US.

Si jamais les ventes décevaient, Hershey a la marge de manœuvre pour réduire davantage ses coûts, poursuit M. Levine. L’analyste doute toujours que la société soit en mesure d’atteindre son objectif de marges avant impôts, intérêts et amortissement (BAIIA) de 22-23%. Après avoir discuté avec la pdg, il rapporte toutefois qu’il existe des cibles où la société pourrait « en théorie » effectuer d’autres réductions de coûts, si le besoin se manifestait, notamment du côté de la publicité.

Une acquisition? 

Une acquisition pourrait également s’ajouter à ce plan, note David Palmer, de RBC Marchés des capitaux. La société a dit qu’elle serait prête à atteindre un ratio d’endettement net de 2 fois le BAIIA pour financer «la bonne acquisition». Celui-ci est de 1,2 fois et les concurrents en moyenne ont un ratio de 3 fois. Il réitère une recommandation «performance de secteur» et une cible de 114 $US.

À la une

Bourse: nouveaux records pour le Dow Jones et le S&P 500 à Wall Street

Mis à jour à 17:10 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. La Bourse de Toronto est en hausse et les marchés américains sont mitigés.

À surveiller: Microsoft, Apple et Dollarama

Que faire avec les titres de Microsoft, Apple et Dollarama? Voici quelques recommandations d’analystes.

Bourse: les gagnants et les perdants du 28 mars

Mis à jour à 17:54 | LesAffaires.com et La Presse Canadienne

Voici les titres d'entreprises qui ont le plus marqué l'indice S&P/TSX aujourd'hui.