Le PDG d'Industrielle Alliance vise toujours une croissance du bénéfice de 10 % par année


Édition du 29 Septembre 2018

Le PDG d'Industrielle Alliance vise toujours une croissance du bénéfice de 10 % par année


Édition du 29 Septembre 2018

Par Dominique Beauchamp

« Nous avons prouvé dans le passé que nous pouvions battre l’industrie. Nous sommes en train de raffiner nos stratégies gagnantes », a déclaré Denis Ricard, le nouveau PDG de l’Industrielle- Alliance, lors de sa première sortie publique.

Le nouveau PDG de IA Groupe financier (IAG, 53,13 $), Denis Ricard, ne cache pas que son plus grand défi sera de procurer la croissance promise de 10 % des bénéfices par année d'ici 2020.

«Une entreprise qui ne croît pas est vouée à mourir», a-t-il même évoqué en marge d'une allocution au Cercle canadien de Montréal, le 17 septembre.

Dans l'ombre de géants, le quatrième assureur du pays se taille une place en faisant appel à son agilité, à la proximité qu'entretiennent ses 25 000 agents avec leurs clients, et en sautant sur des occasions hors des champs d'intérêt de ses rivaux.

«On se doit de performer contre les meilleurs», a dit celui qui a consacré toute sa carrière de 33 ans à Industrielle-Alliance.

La force des conseillers

Pour protéger sa part de marché au pays, IA Groupe financier a notamment mis la main sur Patrimoine Hollis, en 2017, et sur PPI Management, en février dernier. Le premier regroupe des conseillers qui offrent tous les placements ainsi que les fonds communs et les fonds distincts. PPI est une organisation de marketing et de distribution de produits d'assurance qui compte 15 bureaux au Canada.

En avril, l'assureur a greffé à PPI Abex Brokerage Services, un courtier d'assurance qui soutient les conseillers indépendants dans l'Ouest canadien.

IA Groupe financier se classe déjà au premier rang canadien pour les ventes de fonds distincts, qui offrent une garantie de capital. Le grand patron estime qu'il peut prendre plus de place en s'appuyant justement sur son réseau de distribution.

Jugeant les objectifs ambitieux, Sumit Malhotra, analyste de la Banque Scotia, révèle que l'assureur aimerait que les produits IA représentent 7 % de l'actif en gestion de 80 milliards de dollars de Patrimoine Hollis, par rapport à 4 % aujourd'hui. La distribution de produits d'assurance et d'épargne représente 10 % des bénéfices et M. Ricard entend bien mettre la main sur d'autres distributeurs.

L'assureur peut en effet offrir plus de ses produits aux clients fortunés des conseillers affiliés grâce aux conférences annuelles et aux présentations itinérantes.

Comme en témoigne la chute de 77 % des ventes de fonds communs et de 51 % de celles des fonds distincts au dernier trimestre, il s'agit d'un effort de longue haleine.

«PPI et Hollis ajouteront aux parts de marché à long terme, mais contribueront peu à la progression des bénéfices», prévoit Paul Holden, de Marchés mondiaux CIBC.

Les garanties prolongées pour automobiles

IA Groupe financier domine aussi la niche des garanties prolongées offertes par les concessionnaires d'automobiles au pays, après 20 ans dans le domaine.

«Nous pouvons être encore plus dominants», a-t-il indiqué au parterre de convives réunis dans un hôtel du centre-ville de Montréal, sans préciser le plan d'action.

IA Groupe financier occupe le même créneau aux États-Unis et aimerait que la contribution américaine aux profits double à 10 % au cours des prochaines années.

«Ce segment très fragmenté offre un potentiel de consolidation important», a dit l'actuaire de formation.

En janvier, l'achat pour 135 millions de dollars américains de Dealers Assurance Co. et de Southwest Reinsurance a doublé son volume d'affaires aux États-Unis.

Plus de capital pour acquérir

M. Ricard s'est aussi dit très satisfait d'hériter d'un assureur en bonne santé financière, ce qui lui permet d'envisager d'autres acquisitions.

Le patron estime à 600 M$ les capitaux excédentaires qu'il peut y consacrer.

Cette cagnotte pourrait même atteindre plus de 1 G$, en incluant la capacité d'emprunt.

L'assureur vise à ce que 2 % de la croissance annuelle promise de 10 % des bénéfices provienne d'acquisitions.

«Les nouvelles règles de capitaux propres l'avantagent et libéreront environ 200 M$ de capitaux frais par année. Cette nouvelle flexibilité l'aidera à conclure des transactions sans avoir à émettre de nouvelles actions à chaque achat», dit M. Malhotra.

En 2013, une émission d'actions surprises de 450 M$ avait déplu aux investisseurs.

En mars dernier, l'assureur a aussi émis 148 M$ d'actions au cours de 54,10 $ chacune pour acquérir PPI.

Malgré tout, IA Groupe financier n'est pas aussi bien capitalisée que ses semblables, ce qui lui vaut parfois des reproches de la part des analystes.

Ainsi, pour relever son capital excédentaire par 100 M$ d'ici 2020, l'assureur a choisi d'utiliser des produits dérivés afin de neutraliser l'impact des taux d'intérêt sur ses bénéfices.

M. Holden, de CIBC, estime que l'assureur n'a pas tout à fait accompli sa «mission» à cet égard.

Gabriel Dechaine, de la Financière Banque Nationale, juge que la politique de couverture (hedging) constitue un bon compromis qui donne un coup de pouce bienvenu à la croissance des bénéfices.

M. Malhotra a une préférence pour Manuvie (MFC, 23,94 $) et Sun Life (SLF, 52,40 $), mais tous les assureurs-vie sont attrayants à ses yeux étant donné la compression notable de leur évaluation.

Les taux à long terme stables, les craintes suscitées par divers ajustements aux réserves dans l'assurance aux États-Unis et le déclin des ventes de fonds sont trois facteurs qui portent ombrage aux assureurs-vie cette année.

Après un recul de 13 % depuis le début de l'année, l'action d'IA Groupe financier s'échange à un multiple de 9,2 fois les bénéfices attendus en 2019, par rapport à une moyenne à long terme de 11 fois.

Cette valeur d'aubaine avait d'ailleurs incité Tom MacKinnon, de BMO Marchés des capitaux, à recommander de nouveau l'achat du titre de l'assureur au début août.

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