L'action de Facebook, après la débandade

Publié le 27/07/2018 à 13:56

L'action de Facebook, après la débandade

Publié le 27/07/2018 à 13:56

Par Stéphane Rolland

Photo:123rf

Jamais autant de valeur boursière ne s’est évaporée en une seule journée pour les actionnaires d’une compagnie. Facebook (FB) prévoit que sa croissance sera moins rapide que prévu, ce qui a fait chuter le titre de 19%, jeudi. Est-il temps de poser un regard neuf sur le titre?

Les investisseurs doivent revoir leurs attentes. La société anticipe que la croissance des revenus devrait être moins élevée de près de 10 points de pourcentage. La direction attribue ce ralentissement à l’effet des devises (un dollar fort déprécie la valeur des revenus internationaux) et au développement des Stories, de courts vidéos partagés sur Facebook et Instagram, qui génèrent moins de revenus publicitaires, pour l’instant.

Facebook planifie que les dépenses, pour leur part, augmenteront de 50% à 60% en 2018 par rapport à l’année précédente. Pour cette raison, les marges devraient diminuer pour se situer «au milieu» de la fourchette 30%-39% pour les prochaines années. La société doit investir dans la protection des données personnelles de ses utilisateurs et elle devra aussi investir en recherche et développement pour continuer d’innover et tenir ses concurrents à distance.

Réactions

«Facebook accorde manifestement plus d’attention à renforcer la qualité du contenu et la sécurité des plateformes, ce qui est probablement la source de la décélération de la croissance des revenus et du nombre de nouveaux utilisateurs, résume Colin Sebastian, de Baird, selon un compte rendu publié par Bloomberg. La plus forte performance d’Instagram n’était pas suffisante pour affronter les vents contraires sur la plateforme mère (Facebook).»

Les prévisions traduisent peut-être un excès de prudence chez Facebook, nuance Ralph Schackart, de William Blair. La direction a pris l’habitude de sous-estimer sa croissance par le passé. «On tente de réinitialiser les attentes, mais la patience des investisseurs pourrait être sollicitée.»

Prudente ou non, la prévision a été très mal reçue par le marché, surpris par une prévision de ralentissement si prononcé. Le titre a effacé 18,96% à 176,26 $US. À la fin de la séance jeudi, la capitalisation bourisère de Facebook a fondu de 120 G$US, une perte historique en terme nominal. Le triste record revenait auparavant à Intel qui avait effacé 91 G$US de valeur en septembre 2000.

Les analystes ont été plus tempérés dans leurs réponses. Au moins 4 des 47 analystes suivant le titre ont abaissé leurs recommandations, selon une recension de Reuters. Le titre conserve tout de même une forte cote d’amour. Ils sont 42 à avoir une

recommandation d’achat. Seulement trois suggèrent de le conserver et deux de le vendre.

Les belles années se sont-elles écoulées?

Le marché potentiel de Facebook n’est pas infini et la révision des prévisions remet les pendules à l’heure, souligne Brian Wieser, de Pivotal Research Group. «Comme nous l’avons écrit à plusieurs reprises, le marché publicitaire – et le marché digital- ne peut croître indéfiniment, ce qui est le premier facteur restreignant Facebook», commente-t-il, selon des propos rapportés par Bloomberg.

Mark Mahaney, de RBC Marchés des capitaux, pense, au contraire, qu’il y a encore bien des avenues de croissance à l’horizon. À l’avenir, la société pourra toujours trouver des manières de monétiser ses plateformes Messenger et WhatsApp où l’on ne vend pas encore de publicités. Il voit dans Facebook «une des entreprises Internet avec le plus de leviers de croissance encore inutilisés».

Dans le titre de sa note, l’analyste y va du conseil suivant : «ne bloquez pas Facebook de vos amis». La baisse de jeudi offre probablement «l’un des meilleurs points d’entrée possible pour investir dans la société», selon lui.

Avec Facebook, Instagram, Messenger et WhatsApp, l'entreprise détient des plateformes parmi les plus solides dans le secteur des médias sociaux et dans les services de messagerie, poursuit M. Mahaney. Malgré les difficultés, l’attractivité de la société auprès des départements de marketing ne semble pas avoir diminué.

À ceux qui s’inquiètent des dépenses de la société, il met en relief que les marges sont importantes. «Nous pensons qu’une augmentation des investissements est une bonne nouvelle à ce stade-ci de l’histoire de la compagnie.»

L’accroissement des investissements est d’abord et avant tout un choix et non pas une fatalité, renchérit Rich Greenfield, de BTIG, selon un compte rendu de Market Watch. «Ils font volontairement moins d’argent» afin d’accroître l’engagement des utilisateurs. «Les annonces de la mort de Facebook sont grandement exagérées », conclut-il, dans un clin d’œil à la célèbre citation de l’auteur Mark Twain.

Un prix plus attrayant, mais…

Pour sa part, Daniel Salmon, de BMO Marchés des capitaux, voit dans les résultats décevants la confirmation de sa thèse plus prudente (il est un des rares à être sur les lignes de côté). Par contre, la baisse de 20% du titre force à réfléchir à la juste valeur de Facebook. L’analyste pense que le nouveau prix tient compte des risques, mais il attendrait d’avoir plus de visibilité avant de bonifier sa recommandation, commente-t-il ? «Après cette baisse de 20%, je préférerais toutefois Facebook à Alphabet (GOOG)».

Suivant la correction, Ali Mogharabi, de Morningstar, pense, lui aussi, que le titre est légèrement sous-évalué. Il garde confiance en la capacité de l’entreprise de lancer de nouveaux produits et de monétiser plus efficacement ses abonnés. «Nous recommandons d’attendre encore pour une plus grande marge de sécurité, probablement à un prix entre 150 $US et 160 $US avant d’investir».

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