Investir pour faire cent fois sa mise


Édition du 11 Mars 2017

Investir pour faire cent fois sa mise


Édition du 11 Mars 2017

J'ai lu, il y a quelques semaines, le livre 100 Baggers, de Christopher Mayer. J'avais acheté ce livre après avoir lu un article qui le recommandait chaudement. Autrement, je ne crois pas que j'aurais été attiré par un livre qui porte un titre aussi accrocheur. Mon premier réflexe en voyant un titre de ce genre est de flairer la spéculation et la promotion, des activités dont je me tiens aussi loin que possible. Imaginez : un investissement dont la valeur se multiplie par 100 signifierait que votre investissement de 10 000 $ se transformerait en 1 M$ !

Toutefois, loin de prôner la spéculation, ce livre incite au contraire à élaborer une philosophie d'investissement axée sur le très long terme et sur la qualité des sociétés dans lesquelles on investit.

L'auteur a effectué une recherche pour trouver les titres de sociétés qui sont devenues des «100-baggers» entre 1962 et 2014. Parmi la liste de plus de 15 000 sociétés, 365 ont vu la valeur de leur titre multipliée par 100 ou plus pendant la période. Plusieurs titres de cette liste sont très connus : Coca-Cola dont la valeur a été multipliée par 868, Colgate-Palmolive (814 fois), Disney (3 276 fois !) et General Electric (210 fois). D'autres le sont moins : Hillshire Brands (942 fois), Vulcan Materials (979 fois), Sundstrand (188 fois) et EQT Corp. (713 fois).

Si vous croyez que multiplier votre investissement par 100 est une chimère, le tableau qui suit devrait vous convaincre que c'est possible.

C'est d'ailleurs le premier constat qui me saute aux yeux : il aura fallu en moyenne 26 ans aux titres de ces 365 sociétés pour voir leur valeur multipliée par 100. On est bien loin du «day trading» !

J'ai particulièrement apprécié que l'auteur recoupe plusieurs caractéristiques de ces «100-baggers» afin d'aider l'investisseur à en dénicher de nouveaux :

- Les «100-baggers» sont le produit du temps et de la croissance. Pour obtenir la croissance, il est préférable d'investir dans des sociétés de moindre envergure qui ont un potentiel de croissance attrayant à long terme. Vous n'obtiendrez pas un «100-bagger» avec Wal-Mart ou Apple. Les 365 «100-baggers» cernées par M. Mayer affichaient des ventes médianes de 170 M$ et une capitalisation boursière médiane de 500 M$. Donc, selon M. Mayer, il n'est pas suffisant de dénicher des titres peu chers pour obtenir des «100-baggers», il faut aussi regarder vers l'avant, imaginer le genre de sociétés qui pourraient un jour devenir de grandes entreprises. À ses yeux, «décrocher un "100-bagger" nécessite une vision, de la ténacité et la capacité de croire en une idée qui pourrait ne pas être évidente à la seule analyse des états financiers».

- Un rendement de l'avoir ou du capital élevé en plus de la possibilité de réinvestir les profits à un taux de rendement élevé.

- Une équipe de direction qui prendra les bonnes décisions pour investir le capital de la société. M. Mayer note que, dans bien des cas, les dirigeants qui prennent les meilleures décisions de manière constante, sans prendre de trop grands risques, détiennent beaucoup d'actions de leur société. «Dans l'ensemble, les gens qui mettent leur propre richesse à risque prennent de meilleures décisions que les dirigeants qui ne sont que de simples employés.» Les rachats d'actions font souvent partie d'une bonne répartition du capital et peuvent magnifier les rendements s'ils sont effectués à un bon prix. Les dirigeants-actionnaires ont aussi tendance à être plus opportunistes que les dirigeants-employés en plus d'accorder davantage d'importance à l'efficacité fiscale.

- Un modèle d'affaires protégé par des barrières à l'entrée élevées. Une barrière à l'entrée est un avantage concurrentiel soutenable qui protège le modèle d'affaires d'une société contre ses concurrents existants ou potentiels. Elle peut provenir d'une forte marque de commerce, de coûts d'exploitation inférieurs, de coûts de commutation («switching costs») élevés, d'effets de réseau (Facebook) ou d'économies d'échelle.

- Une forte croissance des profits à long terme est nécessaire, mais il préférable de payer un prix raisonnable pour le titre au départ. M. Mayer parle de l'effet «double turbo» de la croissance et d'un prix raisonnable : en plus de la croissance, le ratio cours-bénéfices augmente avec les années.

Les «100-baggers» existent bel et bien. De fait, vous en avez probablement déjà détenu un ou deux dans vos portefeuilles. Il est toutefois probable que vous les ayez vendus bien avant qu'ils atteignent le multiplicateur de 100. La plus grande difficulté n'est pas de dénicher de tels titres, mais bien de les conserver assez longtemps pour qu'ils deviennent des «100-baggers». Le problème n'est pas que nous n'avons pas la patience de garder un titre pendant 25 ou 30 ans, mais bien de traverser des périodes difficiles sans le vendre. La grande majorité des titres dont la valeur a été multipliée par 100 ont connu des périodes où ils ont fortement corrigé pour rebondir tout aussi fortement dans les années qui ont suivi. En cette nouvelle année, souhaitons-nous au moins un «100-bagger» dans notre carrière d'investisseur !

 

EXPERT INVITÉ

Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100. Plusieurs comptes sous la gestion de COTE 100 possèdent des actions de Berkshire Hathaway.

 

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