La firme de notation Standard & Poor's abaisse à B- sa cote de notation sur Bombardier, ce qui signifie que sa dette est maintenant jugée «très spéculative». Elle n'est plus qu'à un niveau au-dessus de sa note triple-C, dernier niveau de notation de l'échelle de la maison et indicateur d'un investissement extrêmement spéculatif.
Standard & Poor's explique sa décote par la faiblesse des marchés actuels de Bombardier et de possibles futurs délais dans la réalisation du programme CSeries.
Elle dit redouter que des conditions de marchés moins favorables et les délais liés au CSeries se traduisent par des déficits de flux de trésorerie plus importants que ce qui est anticipé, ce qui viendrait limiter sa flexibilité financière.
L'agence dit en outre juger improbable que survienne une amélioration dans la situation d'endettement de Bombardier avant 2018 et souligne que cette situation d'endettement semble insoutenable à long terme.
Une mention stable est assignée à la nouvelle notation, Standard & Poor's estimant que les liquidités de Bombardier lui accordent actuellement une flexibilité financière significative pour couvrir les déficits de flux de trésorerie et toute sous-performance pendant l'année 2017.
Le titre de Bombardier perd 2,45% et cote à 1,59$, à 15h30. Il est en recul de 15% depuis le début de la semaine.
Au début du mois, la société a annoncé qu'elle ne livrerait pas 15, mais 7 avions CSeries à son client Swiss cette année, en raison de pépins que connaît le constructeur du moteur, Pratt & Whitney, avec sa cadence de production.
Bombardier est toujours en discussion avec le gouvernement fédéral pour une participation qui pourrait renforcer sa trésorerie.
Une autre agence, Fitch Ratings, s'est montrée moins sévère, maintenant la cote de crédit de Bombardier à "B", avec une perspective négative.
Par courriel, Bombardier a fait part de son désaccord avec l'opinion de Standard and Poor's, estimant que l'agence de notation "passait sous silence" les progrès réalisés par l'entreprise afin de réduire les risques associés à ses programmes en cours.
"La réalité, c'est que notre plan de redressement est en oeuvre, nous atteignons les jalons de nos programmes et nous avons adopté une approche proactive afin de faire face aux réalités du marché", fait valoir l'avionneur, dans un courriel.
En plus d'avoir abaissé ses prévisions en ce qui a trait aux livraisons de son nouvel avion commercial, Bombardier prévoit une baisse des activités dans son secteur des avions d'affaires.
À son centre de finition montréalais des Global 5000 et 6000, la société proposera des congés sans solde à ses quelque 1900 employés en raison d'une réduction temporaire des activités l'an prochain.
Les employés affectés aux programmes des avions d'affaires Challenger et Learjet ont également fait les frais du régime minceur décrété par Bombardier.
D'après l'Association internationale des machinistes et des travailleurs de l'aérospatiale (AIMTA), Bombardier prévoit une interruption de la production de ses jets d'affaires Challenger 350 et 650 dans ses usines montréalaises pour une période d'un mois.
À Wichita, dans l'État du Kansas, où sont construits les avions Learjet, on a également annoncé à des travailleurs qu'ils seraient transférés ou mis à pied.
"Nous pourrions abaisser de nouveau la cote de crédit de Bombardier si ses liquidités se retrouvent dans une situation plus faible que prévu", prévient Standard and Poor's.
Avec la Presse Canadienne.
