Il pourrait être temps d'acheter TVA

Publié le 02/10/2010 à 00:00

Il pourrait être temps d'acheter TVA

Publié le 02/10/2010 à 00:00

Quebecor, BCE et Shaw Communications doivent-elles être autorisées à conserver exclusivement leurs contenus pour le sans-fil, ou doit-on les forcer à les rendre accessibles aux concurrentes comme Telus, MTS, SaskTel et Eastlink ?

La question a été particulièrement débattue au cours des derniers jours, après la présentation de Telus devant le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) pour réclamer des règles qui ne permettent pas de préférence indue.

Shaw est venue expliquer aux autorités de réglementation qu'elle n'avait pas l'intention de se servir des contenus de Canwest à des fins exclusives pour ce qui est du sans-fil. En acquérant le diffuseur, elle paraît plutôt vouloir lutter contre de nouveaux sites Internet comme Apple TV et Hulu, qui risquent à long terme de devenir d'importants rivaux pour les câblodistributeurs.

Cependant, BCE ne cache pas vouloir utiliser certains contenus du réseau de télévision CTV à des fins exclusives. Les deux principaux motifs : attirer des abonnés à son service sans fil et se placer à l'abri de la hausse de prix du contenu vidéo sur le marché (le coût des acquisitions vidéo grimpent de 10 % par an). BCE avait déjà négocié une exclusivité pour les Jeux olympiques, ce qui semble avoir donné de bons résultats.

L'exclusivité est-elle vraiment payante ?

Est-ce une bonne stratégie ? Cela reste à voir. À première vue, l'adhésion à un service sans fil semble davantage une question de prix.

À prix égaux, la possibilité de visionner les matchs du Canadien peut inciter une cohorte de consommateurs à choisir un fournisseur plutôt qu'un autre. On peut cependant se demander si la diffusion de tels contenus chez tous les fournisseurs de sans-fil ne serait pas, tout compte fait, plus payant pour un groupe média.

Le risque TVA

D'accord, pas d'accord ? Quelle que soit notre école de pensée, il est intéressant de porter attention au titre de TVA.

On dira que la rentabilité de la grande antenne s'érode en raison de la fragmentation du marché publicitaire. C'est vrai. Mais la direction de TVA a d'assez bons antécédents en matière de contrôle des coûts.

De plus, le lancement prochain de la nouvelle chaîne Sun TV pourrait miner la rentabilité. Mais cette initiative ne devrait pas avoir d'incidence sur l'évaluation du titre. En effet, les analystes excluront les pertes initiales de leurs calculs, car si le projet avorte, la rentabilité du groupe s'en trouvera automatiquement améliorée.

À moins d'un retournement économique (ce qui n'est jamais à exclure), le risque opérationnel paraît donc relativement limité.

Le potentiel TVA

Voyons maintenant le potentiel haussier. Lorsque la Cour d'appel fédérale aura rendu sa décision sur la légalité du cadre réglementaire projeté, TVA pourrait recevoir une solide contrepartie financière en échange de son signal (le fameux dossier des redevances), et ce, sans obligation de réinvestissement.

Comme elle détient les meilleures parts de marché du Canada, TVA est sans doute la chaîne qui possède le meilleur pouvoir de négociation au pays. Dans son évaluation de la situation, le CRTC a déjà, dans le passé, étudié deux scénarios de redevances. À 0,50 $ par abonné, cela représente 26 millions de dollars (M$) de revenus additionnels pour TVA, et à 0,25 $, 13 M$. Ce résultat est à mettre en perspective avec un BAIIA (bénéfice avant intérêts, impôts et amortissements) qui s'établit à environ 70 M$ actuellement.

Revenons à présent sur la question des contenus vidéo diffusés sur le sans-fil. Si on suit le raisonnement de BCE, on se rend compte qu'elle se place actuellement à l'abri d'une inflation des prix. De deux choses l'une : soit que TVA vendra à Quebecor Media (et aux autres) ses contenus au prix du marché, soit que TVA lui cédera ses contenus à rabais par rapport aux prix du marché.

Les actionnaires de TVA seraient gagnants avec la première option, et à l'évidence, perdants avec la seconde.

Il existe toutefois des règles juridiques de protection des actionnaires minoritaires. Céder les contenus de TVA à meilleur prix à Quebecor Media risquerait d'engager une sérieuse discussion au sujet de la gouvernance, ce qui placerait tout le monde mal à l'aise, la Caisse de dépôt et placement en premier lieu. Quebecor a beau contrôler 99 % des votes (grâce aux actions à droits de vote multiple), elle ne contrôle que 50,9 % de l'avoir.

Conclusion

Deux scénarios gagnants se dégagent. Si le premier modèle est adopté, la rentabilité de TVA devrait grimper. Si c'est le second, il ne serait pas surprenant de voir Quebecor Media présenter finalement une offre publique d'achat (OPA) sur TVA, de manière à pouvoir faire ce qu'elle veut avec ses contenus. Dans ce cas, une prime sur le cours actuel serait évidemment versée.

Restons à l'antenne !

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