Grippe A(H1N1) : le danger de vouloir anticiper en Bourse

Publié le 06/11/2009 à 18:00

Grippe A(H1N1) : le danger de vouloir anticiper en Bourse

Publié le 06/11/2009 à 18:00

Un vaccin très prisé partout dans le monde. Photo: Bloomberg

La grippe A(H1N1) inquiète bien des gens, mais d’un point de vue placement, il n’y a pas de quoi s’alarmer ni saliver, du moins pour le moment, selon plusieurs experts.

Pour Michael Sjöström, analyste chez Sectoral Asset Management, malgré tout le tapage médiatique qui entoure la vaccination massive des Canadiens et d’autres peuples dans le monde, les titres des entreprises pharmaceutiques qui fournissent des vaccins et des antiviraux destinés à combattre la grippe A(H1N1) ne bénéficient pas vraiment de cette frénésie.

« La grippe peut apporter à court terme des revenus supplémentaires à certaines compagnies (il nomme GlaxoSmithKline, Roche, Novartis et Gilead Sciences), mais cela n’est pas complètement reflété dans leurs évaluations car ce sont des revenus non récurrents peu prisés des investisseurs », dit-il. Seules des petites entreprises dont les ventes sont encore faibles ou nulles peuvent profiter d’un réel « effet grippe A », dit M. Sjöström.

C’est le cas par exemple de la société américaine BioCryst, qui a développé un antiviral ressemblant au Tamiflu, et dont le titre a quintuplé depuis un an. Mais là encore, M. Sjöström se montre sceptique quant à un effet durable de la grippe A : « On fait des parallèles entre la grippe A et la grippe espagnole, mais on oublie de mentionner que la plupart des gens ne sont pas morts de la grippe comme telle à l’époque. »

Dans un monde où les antibiotiques existent, même une épidémie n’aurait pas les conséquences passées, selon cet expert. Jean-Paul Giacometti, portefeuilliste chez Claret, à Montréal, abonde dans le même sens et compare le climat de peur actuel à celui qui avait cours quelques jours avant l’an 2000.

« CGI, qui devait être le sauveur en informatique, était à un sommet, mais quelques mois plus tard le titre s’est effondré », souligne-t-il.

« Irresponsable »

Les doutes sur le potentiel boursier d’un événement comme la grippe A sont évidemment teintés par la position qu’on a sur la gravité réelle de la maladie. M. Sjöström, de son côté, juge carrément « irresponsable » l’attitude de l’Organisation mondiale de la santé dans la gestion de ce dossier, et parle de « galvaudage d’argent public » en ce qui a trait aux campagnes de prévention mises en avant un peu partout dans le monde.

« À partir du moment où l’OMS tire la sonnette d’alarme, il est normal que les politiciens réagissent et que la population panique », explique-t-il. Or, souligne-t-il, la grippe A n’a jusqu’ici fait ni plus ni moins de victimes que n’importe quelle vague de grippe courante. La seule différence est qu’alors que la grippe fait en général le plus de victimes chez les personnes âgées et les petits enfants, les jeunes adultes sont cette fois le plus à risque.

M. Sjöström, qui est basé à Montréal, reconnaît qu’il ne se fera lui-même pas vacciner dans le cadre de la campagne de vaccination massive organisée par l’État.

« Le vaccin anti-grippe A a été développé dans l’urgence et on ne connaît pas bien toutes ses conséquences », relève-t-il. Il n’existe aucun fondement, selon lui, à la production massive de vaccins anti-grippe A, telle qu’on l’observe en ce moment et qu’on destine à toutes les couches de la population.

C’est la raison pour laquelle les compagnies pharmaceutiques ont un peu été prises de court par la demande.

Giacometti plus circonspect

S’il compare le climat actuel à celui entourant le « bogue de l’an 2000 », Jean-Paul Giacometti est plus circonspect sur le danger réel de la grippe A. Il ne s’empêchera pas pour autant d’investir en ce moment dans des entreprises des secteurs du transport, du voyage ou encore du loisir s’il y voit de belles occasions.

«C’est déjà assez compliqué de bien évaluer une compagnie que j’évite de tenir compte de scénarios globaux comme celui de la grippe A», explique-t-il.

M. Giacometti verrait une possibilité de profiter de la grippe A en Bourse seulement si la pandémie se matérialisait et qu’elle faisait chuter des titres de secteurs à risque en Bourse.

« On pouvait acheter une entreprise de qualité comme Disney pour une bouchée de pain au lendemain du 11 septembre », rappelle-t-il.

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