« ­Je n’ai pas bâti ­Exfo pendant 32 ans pour la vendre », dit ­Germain ­Lamonde, expliquant pourquoi il confie la présidence à son dauphin, ­Philippe ­Morin

C'est en toute confiance et avec un peu de fébrilité que Germain Lamonde transmet le témoin à Philippe Morin pour diriger l'entreprise qu'il a menée depuis sa fondation, dans son appartement de Québec, il y a 32 ans.

«Nos chemins se sont recroisés au bon moment. Philippe, que je connais depuis 16 ans, cherchait un nouveau défi, et moi, je cherchais un successeur compétent et dynamique pour assurer la pérennité de l'entreprise», raconte Germain Lamonde, en entrevue.

Il lui a offert «sa job», non sans lui donner au préalable l'occasion de faire ses preuves à titre de chef de l'exploitation pendant 16 mois.

L'entrepreneur de 58 ans est visiblement heureux d'avoir pu trouver un dirigeant québécois pour prendre la barre de son entreprise qui fait face, comme tant d'autres, à un défi de relève.

L'arrivée de M. Morin soulage M. Lamonde, qui voulait plus que tout que son entreprise reste québécoise et dure dans le créneau exigeant de la haute technologie, sans l'imposer à ses trois enfants adultes.

M. Morin achète 1,8 M$ de ses actions

L'ingénieur en physique et en optique, qui se dit inspiré par le parcours du fondateur du Groupe CGI, Serge Godin, se consacrera désormais à la stratégie à long terme, aux relations avec les plus gros clients, aux acquisitions et au développement interne de talents.

«Je passe le témoin, mais je ne me retire pas. Avec 60 % des actions, je compte veiller à mes intérêts à long terme, mais je ne travaillerai plus 70 heures par semaine», confie l'entrepreneur.

Pour s'assurer que son dauphin soit «engagé» financièrement, le nouveau président exécutif du conseil vend à M. Morin 600 000 de ses actions à 3 $ chacune, un rabais important par rapport au cours actuel. Ces actions seront aussi sous écrou.

Vision stratégique, sports et mentorat

Athlète accompli, M. Lamonde compte aussi s'adonner à ses sports préférés, la course, le vélo et le tennis. L'entrepreneur veut également transmettre sa passion et ses connaissances en tant que coach et ange financier.

Il a déjà donné une des trois formations de 24 heures à L'École d'entrepreneurship de Beauce, qu'il s'était engagé à donner.

«Les ateliers de sport sont un excellent mélange de compétition et de collaboration. J'ai essayé de transmettre l'importance de s'entourer de gens qui ont des forces complémentaires», indique-t-il.

M. Lamonde est aussi l'un des quinze entrepreneurs du Fonds Innovexport consacré à l'amorçage et au démarrage d'entreprises innovantes qui visent les marchés internationaux.

L'entrepreneur est hautement qualifié, car il a bâti une entreprise présente dans 25 pays, qui offre ses produits dans 120 marchés et qui exploite aussi une usine en Chine et des centres de mise au point en Inde eten Finlande.

«J'ai moi-même reçu un prêt de 60 000 $ d'une agence gouvernementale pour démarrer. J'estime que nous avons exporté l'équivalent de 2 à 3 G$ depuis nos débuts», dit-il.

Ce profil mondial est d'ailleurs ce dont il est le plus fier, en plus des énormes efforts en recherche et développement qui occupent la moitié des 1 600 salariés d'Exfo.

«C'est là où réside le plus grand défi d'Exfo : savoir anticiper les tendances en technologie», indique M .Lamonde qui tire une grande satisfaction d'avoir hissé Exfo dans le trio de tête de son industrie mondiale.