Faut-il miser sur le retour en force de SNC-Lavalin?


Édition du 14 Mars 2015

Faut-il miser sur le retour en force de SNC-Lavalin?


Édition du 14 Mars 2015

Par Stéphane Rolland

[Photo: Bloomberg]

La route de SNC-Lavalin (Tor., SNC, 37,35 $) est semée d'embûches, et l'action de la firme de génie-conseil montréalaise en subit les contrecoups. En théorie, son titre s'échange à un prix alléchant, mais quant à savoir si cette occasion se concrétisera, l'opinion des analystes est divisée.

Bert Powell, de BMO Marchés des capitaux, illustre bien leur hésitation. M. Powell est optimiste pour l'avenir de la société, mais il préfère attendre que la tempête passe. «En principe, si tout va pour le mieux, il y a beaucoup de valeur cachée dans le titre, commente-t-il. Il reste tout de même des risques que la direction ne contrôle pas.» M. Powell abaisse sa recommandation de «surperformance» à «performance de secteur». Son cours cible recule de 54 à 40 $.

À l'instar de M. Powell, ses collègues trouvent eux aussi que le titre est peu cher. Cependant, ils sont partagés entre ceux qui suggèrent d'en profiter et ceux qui prônent la prudence. Sept d'entre eux suggérent l'achat de l'action, par rapport à huit qui émettent la recommandation «conserver». Leur cours cible moyen est de 46,45 $.

Les prévisions décevantes publiées lors des résultats du quatrième trimestre ont semé le doute quant aux perspectives de l'entreprise. La société a indiqué que sa division ingénierie et construction devrait enregistrer un bénéfice par action de 1,30 à 1,60 $ en 2015. Les analystes anticipaient plutôt 2,26 $. À cela s'ajoutent les accusations de fraude déposées par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) liées à des contrats en Libye. Si SNC-Lavalin est reconnue coupable, elle pourrait perdre l'accès aux lucratifs contrats du gouvernement fédéral.

Le scénario optimiste

Keith Farrant, gestionnaire de portefeuille chez Claret, croit que le contexte offre une aubaine attrayante aux investisseurs. «Au prix actuel, on est convaincu qu'il n'y a pas beaucoup de risque baissier», répond-il en entrevue.

En fait, l'encaisse de l'entreprise représente une valeur de 6 $ par action, estime le gestionnaire de portefeuille. La participation dans des concessions d'investissement en infrastructure (dont fait partie l'autoroute 407, dans la grande région de Toronto) vaudrait près de 23 $ par action. «En accolant un multiple de 12 aux prévisions de bénéfice de SNC-Lavalin - ce qui est prudent, à mon avis -, on pourrait ajouter de 16 à 19 $ au titre», calcule-t-il.

De plus, il croit que les difficultés de la division ingénierie et construction devraient se résorber. «Les projets qui donnent de mauvaises marges vont se terminer, explique M. Farrant, laissant la place à des projets plus rentables.»

Quant aux risques que posent les accusations criminelles, le marché surestime leur gravité, avance M. Farrant. «Je n'y crois pas "pantoute" [que la société perdra l'accès aux contrats publics], tranche-t-il au bout du fil. Ça n'aurait aucun sens. Pensez-vous qu'ils soient les seuls à avoir fait ça ? Grâce à sa nouvelle équipe, la firme est devenue l'une des plus éthiques dans son domaine. Les autorités vont se rendre compte que tout a changé.»

Un appel à la prudence

Paul Lechem, de Marchés mondiaux CIBC, pense quant à lui que miser sur SNC-Lavalin est un pari risqué à ce stade. «Nous voyons très peu de raisons de nous précipiter pour acheter le titre, commente l'analyste. Les prévisions de 2015 sont loin d'inspirer confiance et ne nous permettent pas d'anticiper le temps qui sera nécessaire pour que la situation se redresse.» Il émet une recommandation «performance de marché», et abaisse son cours cible de 56 à 44 $.

Il se demande également ce qu'il adviendra à la suite de la vente de la participation dans l'autoroute 407 dans la grande région de Toronto, qui devrait survenir cette année. «Nous nous interrogeons quant à la pertinence de vendre cet actif au moment où le marché est volatil, écrit-il. Nous nous demandons aussi si le redéploiement des recettes de cette vente créera de la valeur pour les actionnaires.»

À la une

À surveiller: Microsoft, Apple et Dollarama

Que faire avec les titres de Microsoft, Apple et Dollarama? Voici quelques recommandations d’analystes.

La SAQ rapporte une autre baisse de son bénéfice net

La SAQ n’a pas caché que la «légère décroissance» observée lors des trois derniers trimestres pourrait se poursuivre.

BRP a connu une baisse de ses revenus et de ses profits au quatrième trimestre

Le fabricant de Ski-Doo et Sea-Doo a rapporté jeudi un bénéfice de 188,2 M$, ou 2,46 $ par action.