Embellie boursière: est-ce un complot des banques centrales?

Publié le 24/03/2016 à 14:20

Embellie boursière: est-ce un complot des banques centrales?

Publié le 24/03/2016 à 14:20

Par Jean Gagnon

(Photo: Bloomberg)

Une entente secrète entre les banques centrales lors du G-20 à Shanghai il y a quelques semaines serait-elle la cause de l’embellie actuelle des marchés boursiers?

Depuis le début du mois de mars, le dollar américain a reculé de plus de 3%. Cela a permis une appréciation importante des actifs que l’on dit plus risqués comme les ressources naturelles et les Bourses. Ces actifs risqués ont amorcé une reprise étonnante à la mi-février bien que les perspectives étaient alors très négatives. 

Depuis un mois, le prix du pétrole est passé de 26 à 40 $US, et l’indice S&P 500 de 1820 à 2050, une hausse de 12,6%. Le dollar canadien, qui avait touché 0,68 $US, vaut maintenant 0,75 $US, et la Bourse canadienne s’est aussi appréciée de plus de 12%.

Les 27-28 février se tenait à Shanghai une rencontre du G-20 réunissant les dirigeants des 20 plus importantes banques centrales au monde. Bien qu’aucune entente ne fut annoncée à la fin de la réunion, les rumeurs vont bon train depuis que le dollar s’est mis à faiblir.

«Pour tous les adeptes de la théorie du complot, tout est devenu très évident», écrit Chris Weston, chef stratège chez IG, un important courtier de Londres, dans une note à ses clients que rapporte Sara Sjolin, chroniqueuse pour MarketWatch. «Il y a en place un effort global coordonné des banques centrales pour affaiblir le dollar américain», écrit M. Weston.

Collaboration forcée

Malgré les dires du stratège de IG, il n’y a pas lieu d’évoquer un complot ou une entente secrète qui serait intervenu à Shanghai, croit Luc Vallée, stratège à la Banque Laurentienne. Pour lui, c’est plutôt que les Européens et les Japonais ont réussi à forcer les Américains à collaborer.

L’automne dernier, ce sont les Américains qui tentaient de forcer les autres à collaborer. La Réserve fédérale américaine (Fed) voulait monter les taux d’intérêt, mais ne voulait pas que les autres baissent les leurs de façon à ne pas exacerber la divergence entre les politiques monétaires, indique M. Vallée.

«Rappelons que le Fonds monétaire international (FMI), par la voie de sa présidente Christine Lagarde, implorait alors les dirigeants américains de ne pas hausser les taux d’intérêt, ce que la Fed fit quand même le 16 décembre», dit-il.

Malgré les désirs de la Fed, la Banque du Japon et la Banque centrale européenne (BCE) sont allées de l’avant en adoptant des taux négatifs et en procédant à des achats massifs de titres, avec comme conséquence d’attiser la hausse du dollar américain.

Pour les Américains, il était devenu impératif de stabiliser leur devise, car un billet vert trop fort affecte autant la croissance économique américaine que mondiale. De plus, les marchés boursiers étaient en déroute. «La Fed a alors collaboré en réduisant la semaine dernière de 4 à 2 le nombre de hausses de taux d’intérêt qu’elle effectuera durant le reste de l’année», dit M.Vallée.

S’il y avait vraiment eu complot à Shanghai, la BCE n’aurait pas baissé ses taux, déjà négatifs, la semaine dernière, opine Hendrix Vachon, économiste principal et spécialiste des marchés des devises chez Desjardins.

Il constate toutefois que la BCE annonçait en même temps que ce serait la dernière baisse de taux. «Elle signale ainsi que l’on arrive à la fin du cycle de resserrement, et cela supporte l’euro», dit-il.

Complot ou pas, les banques centrales semblent mieux coordonner leur politique monétaire, et les investisseurs ne s’en plaignent pas.

Toutefois, il faudra être attentif dans un mois ou deux à ce que fera le dollar américain, croit Luc Vallée. «On a diminué le niveau de divergence entre les actions des banques centrales, mais il faudra voir ce qui se passera lorsque l’on approchera du moment de la prochaine hausse de taux aux États-Unis», dit-il.

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