Épiciers: le recul des prix persiste, un analyste abaisse ses prévisions en bloc

Publié le 10/02/2017 à 06:46

Épiciers: le recul des prix persiste, un analyste abaisse ses prévisions en bloc

Publié le 10/02/2017 à 06:46

Par Dominique Beauchamp

La baisse des prix des aliments frais persistera plus longtemps que prévu et les revenus, les ventes comparables et les marges des épiciers s’en ressentiront.

C’est ce que conclut Peter Sklar, analyste chez BMO Marchés des capitaux, après sa dernière enquête sur le terrain des prix du panier d’épicerie moyen chez Metro (MRU,40$), Loblaw (L, 68,50$), Sobeys/IGA et Wal-Mart (NY., WMT).

Chaque mois, l’équipe de M. Sklar collige les prix de 70 produits.

Il abaisse donc ses prévisions de bénéfices pour tous les épiciers jusqu’en 2018. Il faut dire que ses estimés étaient supérieurs à celles de ses collègues, à l’exception d’Empire (Tor.,EMP.A,16,81$) le propriétaire de Sobeys/IGA.

La baisse des prix s’est accentuée à 3% en janvier et risque de se prolonger jusqu’au troisième trimestre de 2017, avant de se résorber au dernier trimestre de l’année, prévoit désormais M. Sklar.

Les prix des fruits, des légumes et de la viande en particulier sont nettement moins élevés qu’un an plus tôt. En janvier 2016, l’inflation incitait au contraire les consommateurs à éviter des aliments ou à les substituer.

Au premier trimestre de l’exercice 2016, Metro avait d’ailleurs affiché un bond de 2,8% de ses ventes comparables et de 24% de son bénéfice.

Le recul des prix s’étend des épiceries au rabais aux supermarchés conventionnels.

Les prix des aliments chez Wal-Mart ont cessé de chuter, mais ils restent bas, dans le magasin visité dans la région de Montréal, précise M. Sklar.

«Le recul persistant des prix pourrait entraîner un recul des revenus et déclencher une guerre de prix au cours des prochains trimestres, au dériment des marges brutes des épiciers», prévient l'analyste.

L’effet des plus petits nombres

Si la baisse des prix sourit aux consommateurs et peut même inciter certains clients à mieux remplir leur panier, elle diminue les revenus des épiciers et la croissance des ventes comparables des magasins ouverts depuis plus d’un an, et par ricochet rétrécit les marges.

Les épiciers adaptent bien sûr leur stratégie de marchandisage et leurs promotions en conséquence, mais mathématiquement les résultats auront néanmoins moins belle allure.

Les nouvelles prévisions ne changent pas les cours cibles ni les recommandations neutres de M. Sklar pour tous les épiciers, mais la croissance de leur rentabilité se modère.

Ainsi, les prévisions de bénéfices pour Metro baissent de 4 à 5% pour chacun des trois prochains trimestres, de 5% pour 2017 et de 4% pour 2018.

Ses bénéfices augmenteront tout de même de 2,45$ en 2017 à 2,63$ en 2018, par rapport à 2,39$ en 2016, esrime M. Sklar.

Ces prévisions présument que Metro réussira à maintenir ses marges brutes par la gestion habile de son approvisionnement et de son offre qui atténue l'impact de la déflation sur la valeur de son panier moyen,

Son cours cible de 43$ est porteur d’un rendement total de 9%, incluant le dividende de 1,6%.

Cet objectif repose sur un multiple de 10 fois le bénéfice d’exploitation (et exclut son placement dans Alimentation Couche-Tard).

Loblaw, plus frappée

L’épicier de la famille Weston, Loblaw, est plus touché parce que M. Sklar ajuste en plus les dépenses d’amortissement, administratives et d’intérêts.

Contrairement à Metro, Loblaw est plus présente en Ontario et dans l'Ouest, où la concurrence plus intense amplifie l'effet de la déflation sur la valeur du panier moyen.

Pour chacun des trimestres de 2017 et pour l’exercice entier, ses estimés diminuent donc de 6 à 10%.

La déflation se fera le plus sentir au premier trimestre de 2017. Au lieu de prix stables, l’analyste s’attend désormais à un recul de 4,5% au cours de ce trimestre, suivi d’un repli de 3%, au trimestre suivant.

Son cours cible de 71$ est porteur d’un rendement total de seulement 5% incluant le dividende de 1,5%.

Cet objectif s’appuie sur un multiple de 8,5 fois le bénéfice d’exploitation (et exclut le placement dans le fonds immobilier Propriétés de Choix).

Le propriétaire de Sobeys/IGA déjà aux prises avec l’intégration laborieuse de Safeway et le repositionnement raté de l’enseigne IGA au Québec, Empire, y goûte aussi.

M. Sklar ampute ses prévisions de bénéfice de 4 % à 0,43$ par action en 2017 et de 12% à 0,44$ par action, en 2018.

Son cours cible de 16$ est inférieur de 2% au cours actuel.

Cette conjoncture plus corsée n'est pas de nature à raviver l'intérêt des investisseurs qui boudent déjà les épiciers en Bourse et qui préfèrent déjà miser sur des industries plus cycliques.

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