Enbridge veut nourrir ses promesses de dividendes


Édition du 17 Septembre 2016

Enbridge veut nourrir ses promesses de dividendes


Édition du 17 Septembre 2016

Par Dominique Beauchamp

[Photo : Bloomberg]

Freinée dans sa croissance au Canada en raison de l'opposition aux oléoducs et du ralentissement pétrolier, Enbridge (ENB, 57,82 $) se tourne vers les États-Unis et fusionne avec Spectra Energy. La société de Calgary profite ainsi de l'effet tonifiant de la baisse des taux sur la valeur de son action qui devient la monnaie d'échange pour la fusion record de 59 G$, en incluant la dette. Il est rare que les fournisseurs canadiens de l'énergie s'échangent à parité avec leurs consoeurs américaines, du moins en matière d'évaluation.

Les faibles taux d'intérêt permettent aussi au géant de soutenir une énorme dette combinée de 56 G$, soit 6,7 fois le bénéfice d'exploitation avant impôts pro forma.

Moody's surveille ce ratio de très près après avoir affublé sa cote de crédit de «perspectives négatives». L'agence veut voir la dette diminuer dès l'an prochain. Les deux sociétés ont déjà établi des économies de 543 M$, des pertes fiscales de 340 M$ et des ventes d'actif de 2,6 G$ à réaliser d'ici 2019.

Réduire le risque par la diversification

À l'instar de 12 de ses collègues, Patrick Kenny, de la Financière Banque Nationale, voit donc la transaction transformationnelle d'un bon oeil. Il relève aussi son cours cible de 61 à 63 $.

Grâce à Spectra, Enbridge devient la plus grande société d'infrastructure énergétique de l'Amérique du Nord. Elle compte 306 400 kilomètres de pipelines, tandis que sa valeur boursière atteint 167 G$.

Enbridge diminue sa dépendance au pétrole lourd, dont la part des revenus reculera de 75 à 49 %. Le transport, l'entreposage et la transformation du gaz naturel contribueront dorénavant pour 47 % de ses revenus.

La nouvelle société porte aussi ses projets fermes de croissance interne à 26 G$ ainsi que ses futurs projets potentiels à 49 G$, explique l'analyste.

Enbridge cherche ainsi à sécuriser sa croissance à long terme et à respecter son engagement à soutenir une hausse annuelle de 15 % de son dividende d'ici 2017 et de 10 à 12 % par année jusqu'en 2024.

«Nous recommandons de nouveau l'achat du titre, puisque la société combinée affichera un niveau d'endettement légèrement inférieur. La réalisation éventuelle des projets d'expansion de 49 G$ ajoute aussi 12 % à son évaluation. L'appréciation potentielle de l'action et la trajectoire prévue des dividendes donnent un rendement total potentiel de 17,8 %, ce qui est supérieur à celui de 14,9 % de ses pairs», précise aussi M. Kenny.

Les perspectives plus visibles de croissance à long terme, la complémentarité géographique des sources d'énergie et de revenu, et un meilleur positionnement concurrentiel justifient une évaluation supérieure, explique Linda Ezergailis, de Valeurs mobilières TD. L'analyste hausse son cours cible de 59 à 62 $.

Robert Hope, de Scotia Capital, est plus prudent que ses collègues et maintient son cours cible de 61 $. «Si la transaction offre plus de visibilité aux revenus après 2019, elle n'ajoute pas aux flux de trésorerie ni aux bénéfices d'ici là», rappelle l'analyste. Il lui faudra générer 6 G$ de revenus additionnels de ses projets d'expansion, chaque année après 2019, pour répondre à ses engagements de dividendes.

Les canadiennes de l'énergie achètent leur croissance aux États-Unis

Acquéreur / Cible / Val. trans.¹ / Date

Enbridge / Spectra Energy / 59 G$ / 1er tri. 2017

TransCanada / Columbia Pipeline Group / 13 G$ / juillet 2016

Fortis / ITC Holdings / 14,8 G$ / déc.2016

¹ En milliards de dollars canadiens Source : Bloomberg

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