Dollarama revient sur terre


Édition du 22 Septembre 2018

Dollarama revient sur terre


Édition du 22 Septembre 2018

Par Dominique Beauchamp

[Photo: Romeo Mocafico]

Des ventes moins fortes que prévu durant deux trimestres consécurtifs ont fait tomber Dollarama (DOL, 41,15 $) de son piédestal. Son titre a plongé de 23 % entre les 12 et 14 septembre, amputant 4,6 milliards de dollars de sa valeur boursière.

La hausse de 2,6 % des ventes comparables à son dernier trimestre est toute une décélération par rapport à celle de 6,1 % de l'an dernier. C'est aussi la cadence la plus modeste depuis 2013.

«Les ventes par magasins comparables sont un repère très suivi, encore plus pour un détaillant à forte croissance se négociant à fort multiple en Bourse», résume bien Patricia Baker, de la Banque Scotia.

Autre surprise : le détaillant a abaissé d'une fourchette de 4 % à 5 % à une autre de 2,5 % à 3,5 % la croissance prévue des ventes par magasins comparables, pour l'exercice entier. Ses rivaux n'ont pas refilé aux clients toute la hausse des salaires et des frais de transport. Les objectifs initiaux misaient là-dessus.

Le verdict

La chute de l'action est telle que le nouveau-cours cible moyen des analystes de 48,86 $ offre un gain potentiel de 13 % d'ici 12 mois. Huit analystes recommandent encore l'achat du titre, par rapport à 14 à la mi-juin. Le nombre de financiers neutres est passé de trois à sept.

Si tous les analystes abaissent leurs cours cibles, ils se divisent toutefois en deux camps : ceux qui jugent que la chute du titre en fait une occasion parce que le modèle d'entreprise n'est pas brisé, et ceux qui craignent que son profil moins constant mène à une contraction durable de son évaluation.

«Comme le montre la hausse des marges, Dollarama n'a pas besoin que ses ventes comparables croissent de 4 % à 5 % pour que la croissance de son bénéfice dépasse 10 %», dit Irene Nattel, de RBC Marchés des Capitaux. Ses mesures d'efficacité procurent plus d'économies que prévu, tandis que le coût des marchandises importées de Chine est moins élevé qu'anticipé.

La progression de 10 % à 11 % du bénéfice d'exploitation par année, le rendement de 35 % du capital investi et la conversion de 69 % des bénéfices en flux de trésorerie libres restent nettement supérieurs à ses semblables, ajoute Mme Nattel.

Tout de même, l'analyste abaisse son cours cible de 55 $ à 52 $, soit 24,5 fois le bénéfice prévu en avril 2021, un multiple au bas de sa moyenne depuis quatre ans.

À la Banque Scotia, Mme Baker salue la stratégie proactive et délibérée de Dollarama de ne pas relever ses prix afin de préserver sa «proposition de valeur» et la loyauté des clients et ainsi protéger sa place dans le marché. «Nous sommes des acheteurs au cours actuel», dit-elle.

Pour s'adapter aux nouvelles orientations, le cours cible de Mme Baker passe de 56 $ à 50 $, soit 26 fois le nouveau bénéfice de 1,94 $ projeté en 2020.

Mark Petrie, de Marchés mondiaux CIBC, se rend à l'évidence : le multiple d'évaluation de 32 fois qu'il accordait était trop généreux pour un détaillant dont la croissance des bénéfices de plus de 10 % est assurée, mais qui offre peu de potentiel d'accélération à court terme.

Il réduit ce ratio cours/bénéfice à 24 fois, une évaluation plus adéquate qui équivaut encore à deux fois la progression prévue des bénéfices.

«Dollarama a encore un long parcours devant elle, mais l'entreprise devient plus prudente, ce qui modérera sa cadence et donc le prix que nous sommes prêts à payer», évoque M. Petrie.

Le marchand pourrait relever ses prix plus tard en 2020, mais d'ici là, il veut les garder bien en deçà (26 %) de ceux de Wal-Mart pour protéger la «perception de valeur» si importante à son modèle, puisque le détaillant ne fait pas de marketing ni de promotion pour attirer les clients en magasin, explique l'analyste.

Son cours cible passe de 59 $ à 46 $ et il ne recommande plus l'achat du titre.

Même s'il juge la chute du titre exagérée à court terme, Peter Sklar, de BMO Marchés des capitaux, fait lui aussi plonger son cours cible de 61 $ à 47 $.

Keith Howlett, de Desjardins Valeurs mobilières, devient à son tour plus sévère à l'égard de Dollarama, dont le nombre de transactions a décliné lors de 5 des 10 derniers trimestres.

«C'est la première fois de mémoire que le détaillant attribue sa propre performance au comportement des concurrents», dit-il en référence au deuxième trimestre.

Il abaisse de 30 à 23 fois le multiple d'évaluation du titre, et son cours cible, de 58 $ à 45 $. Il ne recommande plus l'achat du titre.

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