Elle est entrée en Bourse il y a moins de six ans grâce à un premier appel public à l’épargne qui portait sa valeur à environ 1,3 milliard de dollars. Elle se trouve aujourd’hui à un sommet historique et vient de franchir le seuil symbolique des 10 milliards de dollars de capitalisation boursière: la chaîne de magasins de produits à 1$ et plus Dollarama(Tor., DOL).

Le détaillant dirigé par Larry Rossy a accompli un exploit que peu d’entreprises québécoises ont réussi: multiplier leur valeur par plus de sept en cinq ans et demi à titre de société inscrite en Bourse.

Ce rendement boursier a été alimenté par la performance financière de la société, qui en retour lui a valu une évaluation plus généreuse de la part des investisseurs. Dollarama a en effet affiché une croissance annuelle de 21,8% de ses bénéfices au cours des cinq dernières années, selon BMO Marchés des capitaux, cela, en dépit de la vive concurrence de géants comme Walmart, Canadian Tire(Tor., CTC.A), Loblaw(Tor., L), ou encore Target(NY, TGT), lors de son bref passage au Canada. La chaîne, qui comptait 585 établissements au moment de son entrée en Bourse, ouvrira prochainement son 1000e emplacement.

«J’ai une grande admiration pour Larry Rossy, qui est à mes yeux un pdg exceptionnel. La performance du titre est justifiée, en raison de la croissance des bénéfices. Et étant donné sa croissance exceptionnelle, le titre a aussi profité d’une augmentation méritée de son ratio cour-bénéfice», souligne François Rochon, président de Giverny Capital et actionnaire de longue date de Dollarama.

L’entreprise fondée en 1992 a encore un bon potentiel de croissance, estime le gestionnaire de portefeuille. Elle vise exploiter environ 1400 magasins au pays et analyse la possibilité de prendre de l’expansion à l’étranger, notamment en Amérique latine. Dollarama a en effet établi une relation d'affaires avec la chaîne Dollar City, qui exploite 25 magasins au Salvador et deux au Guatemala. La direction de Dollarama tente ainsi de déterminer si son modèle d’entreprise peut être exporté en Amérique latine.

Une évaluation qui fait sourciller

Pour mettre en perspective la performance de Dollarama en Bourse, soulignons que la société vaut aujourd’hui plus de deux fois celle de Bombardier(Tor., BBD.B). Et en fonction des cours actuels, le détaillant vaut seulement 1 milliard de dollars de moins que Bombardier (4,50 milliards de dollars) et une autre multinationale, Groupe SNC-Lavalin(6,58 milliards de dollars), réunis.

Les sociétés de consommation qui affichent des résultats prévisibles ont eu la cote auprès des investisseurs au cours de la dernière année. Elles ont servi de refuge aux investisseurs canadiens, qui ont fui la débâcle du secteur de l’énergie et qui ont diminué leur participation au secteur bancaire, en raison de la faiblesse de l’économie et des risques liés à l’immobilier. Lisez le blogue de Dominique Beauchamp qui explique l'écart historique entre les sociétés de consommation et les banques.

Dans ce contexte, l’action de Dollarama a progressé de 66% au cours de la dernière année. En 2015, elle a bondi de 28%, pendant que l’indice S&P/TSX reculait de 1%.

Dollarama se négocie ainsi à 29 fois le bénéfice prévu en moyenne par les analystes pour l’exercice 2016 et à 25 fois celui anticipé pour 2017, selon les données compilées par Bloomberg.

Une recommandation de vente

Le titre a d’ailleurs dépassé lundi la cible moyenne des analystes qui suivent l’entreprise. Le cours cible moyen est effet de 77,27$, selon Bloomberg.

La semaine dernière, l’analyste Neil Linsdell, de l’Industrielle Alliance, a réitéré sa recommandation de vente pour le titre et sa cible de 60$. Il jugeait le titre cher et son évaluation ne tient pas compte à son avis que le détaillant performant aura plus de mal à soutenir la cadence à l’avenir. Lisez notre texte complet à sujet.

«L’évaluation est élevée», concède François Rochon. «Il n’y aura plus d’expansion du cours-bénéfice, la hausse du titre reposera davantage sur la croissance du bénéfice par action», note-t-il.

En franchissant la barre des 10 milliards de dollars de valeur boursière, Dollarama suit une autre entreprise québécoise qui a réalisé cet exploit récemment: Gildan(Tor., GIL). Dollarama se trouve ainsi derrière Gildan parmi les principales capitalisations boursières du Québec Inc., en onzième position. Lisez notre texte Gildan franchit le cap des 10 milliards en Bourse