Des titres à considérer dans un marché cher

Offert par Les Affaires


Édition du 30 Septembre 2017

Des titres à considérer dans un marché cher

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Édition du 30 Septembre 2017

Par Dominique Beauchamp

Photo: Shutterstock

Les marchés haussiers ne meurent jamais parce qu'ils avancent en âge, dit l'adage boursier bien connu. Force est cependant d'admettre qu'après huit ans d'appréciation, les gains deviennent naturellement plus difficiles à arracher et que moins de titres en profitent. Dans ce contexte plus corsé, nous avons demandé à quatre gestionnaires très différents les uns des autres de suggérer leurs meilleures idées pour les investisseurs patients. Résultat: six choix de titres susceptibles de bien performer à moyen et à long terme et sept autres à cueillir dans un mouvement de repli.

Barry Schwartz, vice-président et chef des investissements, Baskin Wealth Management

Brookfield Asset Management (Tor., BAM, 47,40 $)
Valeur boursière : 36,9 G$
Multiple des bénéfices prévus dans 12 mois : 16,1 fois

Le principal et le plus ancien gestionnaire d'actifs alternatifs au pays est le coup de coeur à long terme de Barry Schwartz, vice-président et chefs des investissements de Baskin Wealth Management, parce que la société de Toronto cumule plusieurs attributs qu'il apprécie.

Les dirigeants, dont Bruce Flatt (le PDG), sont des propriétaires-exploitants entièrement voués à la création de richesse à long terme.

La société est complexe avec quatre filiales essaimées en Bourse au fil des ans, mais ses actifs tangibles, tels que les autoroutes, les infrastructures de production d'électricité et les immeubles, ont beaucoup de valeur et une longue durée de vie.

M. Schwartz préfère les actions de Brookfield Asset Management à celles de ses filiales parce que les hauts dirigeants y sont très engagés financièrement et que c'est là où s'orchestre l'ingénierie financière.

«Son savoir-faire, sa taille (250 milliards de dollars [G$] en gestion) et sa présence dans 30 pays placent cette société en haut de la chaîne alimentaire lorsqu'un actif est mis en vente. Elle bénéficie aussi d'un coût en capital avantageux qu'elle peut mettre à profit, ce qui attire d'autres investisseurs dans ses multiples fonds depuis 17 ans», explique M. Schwartz.

L'entreprise, née de l'ancien conglomérat Brascan de la branche montréalaise de la famille Bronfman, vise un rendement annuel composé de 15 % au cours des 10 prochaines années, ce qui veut dire qu'un investisseur peut doubler son capital tous les 6 ans.

L'entreprise et ses filiales sont notamment aux premières loges pour la nouvelle phase de privatisations au Brésil, où elle est présente depuis 100 ans, bien qu'elle évite les enchères.

Brookfield est aussi douée dans la revente d'actifs. Sa filiale Brookfield Business Partners (Tor., BBU.U, 37,37 $), par exemple, a doublé sa mise en revendant pour 350 millions de dollars américains (M$ US) son placement de 40 % dans le fabricant d'équipements de salle de bains Maax de Sainte-Marie de Beauce, en février.

La société pourrait aussi revendre le producteur de palladium North American Palladium, qu'elle a rescapé en 2013, maintenant que le rebond du métal cette année a poussé son cours à un sommet en 16 ans.

Au fil des ans, Brookfield se transforme de plus en plus en gestionnaire d'actifs en co-investissant avec des partenaires, récoltant au passage des honoraires croissants.

Seule une montée en flèche des taux d'intérêt dévaluerait ses actifs et son titre en Bourse, note M. Schwartz.

Berkshire Hathaway (NY, BFK.B, 175,50 $ US)
Valeur boursière : 447,7,2 G$
Multiple des bénéfices prévus dans 12 mois : 22,2 fois

La réputation de Berkshire Hathaway, la société de portefeuille du légendaire Warren Buffett, n'est bien sûr plus à faire.

«C'est une machine perpétuelle de composition des rendements et une collection d'entreprises de grand calibre, en plus d'un trésor de capital», soutient M. Schwartz.

Évidemment, M. Buffett, 87 ans, n'est pas immortel, et sa société ne pourra répéter un rendement de 2 600 %, mais sa recette, qui consiste à acheter des actifs de qualité, peu cycliques, générant de bons flux de trésorerie, et à laisser le temps faire son oeuvre, donnera à la société de nombreuses belles années de rendement, croit M. Schwartz.

Le financier compare Berkshire à l'achat de l'indice S&P 500 diversifié, mais à bon compte, puisque l'action se négocie au rabais par rapport à la valeur intrinsèque de ses actifs et de ses placements.

«Et qui n'aimerait pas avoir 100 G$ US de capital à investir au prochain accident financier ?» évoque-t-il.

Richard Fogler

Richard Fogler, co-fondateur et chef des investissements, Kingwest & Company
FirstService Corp. (Tor., FSV, 84,03 $)
Valeur boursière : 2,2 G$
Multiple des bénéfices prévus dans 12 mois : 28,6 fois

Le principal gestionnaire de communautés résidentielles aux États-Unis est loin d'être une aubaine, mais son modèle d'affaires requiert peu de capital et génère des revenus récurrents et des flux de trésorerie élevés, fait valoir Richard Fogler.

Depuis que FirstService s'est séparée de son courtier immobilier Colliers International (Tor., CIGI, 61,71 $) en 2015, l'entreprise torontoise poursuit sa stratégie disciplinée d'acquisitions et a instauré un dividende et un plan de rachat d'actions.

Ses services résidentiels - de la conciergerie à la gestion complète de complexes, en passant par l'entretien de piscines - lui procurent 71 % de ses revenus de 1,6 G$.

Même si FirstService se hisse au premier rang, sa part de marché n'est que de 1 à 5 % selon les marchés, ce qui lui offre un potentiel infini de croissance, soutient le gestionnaire bientôt septuagénaire.

Ses franchises California Closet, CertaPro Painters, College Pro et Paul Davis Restoration, entre autres, contribuent pour 29 % aux revenus, mais pour 45 % au bénéfice d'exploitation, signe de la rentabilité du franchisage.

Là encore, sa faible part de marché ouvre la porte à des ventes croisées et à la pénétration de nouveaux marchés régionaux aux États-Unis. Sa masse critique croissante devrait aussi l'aider à gonfler ses marges, au fil du temps.

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M. Fogler ne s'attend pas à ce que le titre grimpe à la même vitesse que par le passé (de 8 $ à 154 $ depuis 1998, en incluant l'essaimage de Colliers), mais FirstService peut très bien croître de 15 % par année grâce à une croissance interne de 4 à 5 % et à un ajout de 10 % par année aux revenus par l'entremise d'acquisitions.

Blackstone Group LP (NY, BX, 31,61 $ US)
Valeur boursière : 39,1 G$
Multiple des bénéfices prévus dans 12 mois : 10,3 fois

Le cofondateur et PDG Stephen Schwarzman est plus connu que sa société de gestion, mais Blackstone est l'un des gestionnaires les plus rentables du monde, avance M. Fogler, en citant une marge de profit de 23,5 % et un rendement de l'avoir des actionnaires de 25 %.

La société a deux spécialités : l'investissement immobilier et le capital privé, sous toutes leurs formes.

Entrée en Bourse à fort prix au sommet de 2007, la société a depuis quadruplé son actif sous gestion, à 371 G$ US, ce qui lui procure des honoraires de 3,3 G$ US.

«Son titre est une espèce rare en Bourse pour participer au monde sélect du placement privé. Ses actifs croissent plus vite que tout autre segment de l'industrie financière, à l'exception des fonds négociés en Bourse», ajoute le financier.

Plusieurs de ses actifs, telles les 50 000 résidences achetées après la crise immobilière, ont une longue durée de vie.

Le mastodonte est très actif et il revend des placements autant qu'il en achète. Blackstone prépare l'entrée en Bourse de Vivint, qui fabrique des appareils intelligents pour la sécurité résidentielle. Si sa valeur de 3 G$ US se confirme, Blackstone aura triplé son argent en cinq ans.

La remontée des taux d'intérêt est certainement un facteur de risque, mais son titre est modestement évalué et verse un dividende élevé de 6,8 %.

Son multiple d'évaluation est par exemple de 50 % inférieur à celui que le marché accorde au gestionnaire de fonds communs T. Rowe Price (NY, TROW, 82,14 $ US), dont la croissance de l'actif ralentit, illustre M. Fogler.

Blackstone a accès à des capitaux de 90 G$ US qu'elle peut déployer à tout moment, et son bilan sans dette dispose aussi d'une encaisse de 10,2 G$ US.

Christopher Mayer, auteur du livre 100 Baggers et directeur des placements, Bonner & Partners

Christopher Mayer, auteur du livre 100 Baggers et directeur des placements, Bonner & Partners
Tucows Group (Tor., TC, 61,92 $)

Valeur boursière : 674,7 G$
Multiple des bénéfices prévus dans 12 mois : 36,5 fois

Celui qui a consacré les dernières années à cerner l'ADN des entreprises performantes propose la société nichée Tucows, mieux connue pour son logo aux deux têtes de vache et pour son service Hover d'enregistrement des noms de domaine sur le Web.

Ce service lui procure des liquidités que l'entreprise de Toronto réinvestit ensuite dans des acquisitions (comme le service de noms de domaine Enom en janvier), ainsi que dans sa croissance.

C'est justement la répartition du capital qui a attiré l'attention de l'auteur financier. Depuis 2007, la société dirigée par Elliot Noss a en effet racheté environ la moitié de ses actions, incluant huit enchères par adjudication.

Le PDG détient 7 % des actions de Tucows.

«Ses rendements financiers sont élevés, et la société pourrait encore doubler son bénéfice d'exploitation», croit M. Mayer.

À l'ombre de géants, Tucows a lancé, en 2012, un petit opérateur de réseau mobile virtuel, Ting Mobile, qui compte 170 000 abonnés.

En 2015, Tucows a récidivé avec Ting Fiber, qui offre un service Internet haute vitesse dans cinq petites municipalités américaines.

Ting fait face à des concurrents mieux nantis qu'elle, mais les prix abordables pour ses services de mobile et d'accès Internet à large bande, ainsi que son bon service à la clientèle en temps réel, attirent et fidélisent les clients jusqu'à maintenant, croit-il.

Le titre n'est plus bon marché, mais son évaluation est encore raisonnable en fonction du bénéfice d'exploitation, qui est d'ailleurs un meilleur repère pour cette entreprise, précise M. Mayer.

Un multiple de 10 fois le bénéfice d'exploitation potentiel de 100 M$ US donnerait un cours plus près de 90 $ US.

Fairfax Financial (Tor., FFH, 596,12 $)
Valeur boursière : 17,8 G$
Multiple des bénéfices prévus dans 12 mois : 9,5 fois

Maintenant que Fairfax Financial a tourné la page sur son désastreux pari contre la Bourse américaine, qui lui a fait perdre 1,2 G$ US en 2016, l'assureur intéresse de nouveau Christopher Mayer.

La société de l'investisseur Prem Watsa est un titre de longue date dans le portefeuille Bonner Private Portfolio, mais M. Mayer vient d'ajouter à son placement, car son cours est redevenu plus attrayant par rapport à sa valeur comptable.

«La société a déjà procuré un rendement annuel composé de 17 à 19 % dans le passé, et nous croyons qu'elle peut de nouveau atteindre la marque de 15 % dans les années à venir grâce à des investissements judicieux», dit-il.

En juillet, l'assureur a fait, pour 4,9 G$ US, l'achat record de l'assureur en dommages Allied World Assurance, reconnu aux États-Unis pour ses rendements au-dessus de la moyenne et sa clientèle d'affaires triée sur le volet.

M. Watsa accentue aussi sa percée dans les marchés émergents avec une série d'investissements en Inde, en Argentine, en Europe de l'Est, en Indonésie et en Afrique, au cours des derniers mois.

M. Mayer aime particulièrement ses investissements en Inde, notamment son intérêt de 48 % dans le Bangalore International Airport, qui triplera sa capacité.

Fairfax peut aussi bien vendre, comme le démontre la vente récente de son assureur asiatique First Capital à l'assureur japonais Mitsui Sumimoto à prix fort. Le capital de 1,4 G$ récolté pourrait servir à doubler à 8 % la taille du rachat annuel de ses actions.

Fairfax dispose aussi de capital excédentaire de 11 G$ à son bilan, qu'elle pourra déployer dans l'avenir.

M. Watsa voudra sans doute aussi redorer son blason après trois années consécutives de gains médiocres sur ses placements et un rendement moyen de l'avoir des actionnaires de 6 %, depuis 2008.

Évidemment, la patience est de mise puisque les catastrophes naturelles comme les récents ouragans Harvey et Irma, et les réclamations qui y sont associées, réservent parfois de bien mauvaises surprises aux assureurs.

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