Couche-Tard: les analystes et le marché ne s'entendent pas

Publié le 23/03/2018 à 14:31

Couche-Tard: les analystes et le marché ne s'entendent pas

Publié le 23/03/2018 à 14:31

Par Stéphane Rolland

Photo: Charles Desgroseilliers

Les marchés et les analystes ne sont pas sur la même longueur d’onde en ce qui concerne Alimentation Couche-Tard (ATD.B, 57,43$). Son action a connu sa pire séance depuis 2010 à la suite de la publication de résultats décevants. «Et après?», répondent tous les analystes qui ne partagent pas les inquiétudes qui circulent sur le parquet.

Le bénéfice par action de la société de Laval a manqué l’anticipation des analystes par une bonne marge. L’exploitant de dépanneurs et de stations-service a enregistré un bénéfice par action de 0,54 $US au troisième trimestre de son exercice 2018. Les analystes anticipaient plutôt 0,73 $US.

D’où vient l’écart entre les prévisions et la réalité?

Deux choses, répond Irene Nattel, de RBC Marchés des capitaux. Les deux tiers sont attribuables à la vente de carburant aux États-Unis et l’autre tiers aux ventes comparables stagnantes dans les dépanneurs américains. Elle estime cependant que ces difficultés sont temporaires. Elle maintient donc sa recommandation «surperformance» et sa cible à 78$.

Ces difficultés «temporaires» font en sorte que l’action de Couche-Tard est devenue attrayante, poursuit Michael Van Aelst, de Valeurs mobilières TD. Le titre s’échange à 14 fois sa prévision de bénéfice par action pour les douze prochains mois. C’est un multiple grandement inférieur aux comparables qui s’échangent à un multiple de 20 fois. Pourtant, il prévoit que le bénéfice par action augmentera de 30% au cours de l’exercice 2019 et de 15% en 2020. Il renouvelle sa recommandation d’achat, mais abaisse sa cible de 83$ à 79$.

L’optimisme des deux analystes est partagé par l’ensemble de leurs confrères. Des 13 analystes suivant le titre, tous émettent une recommandation d’achat ou «surperformance», selon une recension faite par Reuters. Le cours cible moyen est à 77,99$.

Le point sur les déceptions du trimestre

Du côté du carburant, les marges ont été comprimées par un grand écart de prix entre le pétrole de la Côte-Ouest et de la Côte du Golfe aux États-Unis. Vishal Shreedhar, de la Financière Banque Nationale, pense que l’enjeu est temporaire. Il arrive que les marges de l’entreprise fondée par Alain Bouchard s’écartent de la moyenne nationale pour de brèves périodes, comme ce fût le cas au troisième trimestre. À long terme, elles finissent toujours par revenir vers la moyenne, souligne-t-il. L’analyste renouvelle sa recommandation «surperformance», mais il abaisse sa cible de 77$ à 71$.

Au-delà des fluctuations des prix du pétrole, les chiffres démontrent que le marché est difficile pour les dépanneurs de Couche-Tard aux États-Unis, précise Mark Petrie, de CIBC Marchés mondiaux. Les ventes comparables ont augmenté d’à peine 0,1% au troisième trimestre, poursuivant le ralentissement observé depuis près de deux ans. «Plus d’attention devra être accordée à l’impact de la concurrence, notamment celle des chaînes de restauration rapide et des magasins à un dollar, prévient l’analyste. Il réitère sa recommandation « surperformance ». La cible passe de 77$ à 73$.

Malgré le ralentissement, Patricia Baker, de Banque Scotia, est optimistes quant à la stratégie de marchandisage de l’entreprise. L’embauche d’un nouveau chef du marketing (Kevin Lewis), en juillet dernier, permettra le déploiement d’une approche promotionnelle «plus ciblée», selon elle. L’aspect décentralisé de l’entreprise permet d’adopter des promotions mieux adaptées aux préférences régionales des consommateurs. 

La société développe aussi des offres promotionnelles «prometteuses» aux États-Unis, comme le Circle K Tobbacco Club. Le programme de fidélité destiné aux fumeurs de cigarettes Marlboro a déjà recueilli 600 000 membres et a enregistré 2,4 millions de transactions. «Le programme a clairement permis de générer de l’achalandage et des ventes », écrit Mme Baker. Elle a une recommandation «surperformance». L’analyste est l’une des rares analystes à bonifier sa cible, qui passe de 76$ à 80$.

Tout n’était pas sombre pour autant dans les résultats trimestriels, affirme Derek Dley, de Canaccord. Couche-Tard a bonifié son objectif de synergies dans l’intégration de CST Brand. La société pense dégager des synergies de 215 M$US en trois ans, comparativement au précédent objectif de 150 à 200 M$US. M. Dley estime que cela pourrait ajouter 0,06$ au bénéfice par action. L’analyste juge également que la réforme fiscale aux États-Unis ajoutera entre 0,04 et 0,08 $US au bénéfice par action. Il maintient sa recommandation d’achat. La cible passe de 75$ à 73$.

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