CGI: des achats ciblés avant le prochain grand coup

Publié le 01/02/2018 à 09:26

CGI: des achats ciblés avant le prochain grand coup

Publié le 01/02/2018 à 09:26

Par Dominique Beauchamp

George Schindler, le PDG et Serge Godin, le co-fondateur et président exécutif du conseil à l'assemblée annuelle du 31 janvier. (Photo: courtoisie)

Ceux qui auraient aimé entendre Groupe CGI dire qu’un achat transformationnel se pointait à l’horizon devront aiguiser leur patience.

Bien que l’entreprise de services-conseil en TI Groupe CGI (GIB.A, 70,40$) dispose de moyens financiers énormes et de quelque 800 cibles dans son viseur, l’entreprise n’est pas pressée.

«Comme toujours, il faut la bonne entreprise, au bon moment et au bon prix», a répété Serge Godin, le fondateur de 68 ans, dans une entrevue accordée au siège social, après l’assemblée annuelle.

«Au cours des dernières années, il était devenu plus difficile d’évaluer avec justesse les revenus de cibles potentielles, car soit leurs produits étaient non différenciés ou leur créneau était perturbé par les nouvelles avancées technologiques», a expliqué pour sa part George Schindler, le PDG de CGI depuis octobre 2016, présent à la même entrevue.

Capacité pour 7 à 8 milliards d’achats

Pour doubler ses revenus à 22 milliards de dollars d’ici 5 à 7 ans, le spécialiste des TI devra éventuellement bouger.

Le dernier gros achat, celui de la Britannique Logica Plc, au prix de 2,7G$, date de 2012.

CGI a accès à des liquidités et des emprunts de 1,6G$ de dollars, en plus de générer des flux de trésorerie annuels libres de 1,3G$, indique Ralph Garcea, d’Echelon Wealth Partners. Richard Tse, de la Financière Banque Nationale, estime sa capacité d’acquisition à 7-8G$.

Avant de trouver sa perle rare, CGI ne chôme pas pour autant ayant enfilé six achats de 530 millions de dollars depuis cinq trimestres qui ajoutent environ 400M$ au chiffre d’affaires et 2400 aux effectifs.

Richard Tse y voit là un changement de régime bien que CGI ait avalé une centaine de proies depuis 42 ans.

Cinq des récentes élues sont des sociétés américaines qui densifient son réseau dans les agglomérations de Boston, Denver, Pittsburg, Birmingham (Alabama) et dans le corridor entre New York, New Jersey et la Pennsylvanie.

Les cibles fournissent de nouvelles spécialités que CGI peut ensuite offrir à ses clients existants.

CGI acquiert aussi des consultants en TI pour ensuite offrir ses multiples solutions numériques à leurs clients.

En retour, CGI comble l’incapacité de ces petits acteurs à offrir des solutions plus complètes à plus grande valeur ajoutée et l’impartition, par exemple, a précisé M. Schindler.

Sa stratégie de densification s’étend aussi à l’Europe.

En décembre, CGI a mis la main sur le spécialiste finlandais de l’analyse de données Affecto Oyj. pour 151,4M$, ajoutant 1000 à ses effectifs et 183M$ à ses revenus, en Europe du Nord.

M. Garcea croit que CGI lorgne le segment commercial aux États-Unis pour son prochain achat de taille, puisque la société sépare désormais le secteur privé et des gouvernements locaux de celui du gouvernement fédéral dans ses résultats et qu’elle a promu Dave Henderson en novembre pour le présider.


« La réforme des impôts ajoute à l’attrait du marché américain tandis que le Brexit diminue les évaluations en Grande-Bretagne. »

La bonne conjoncture peut améliorer le levier de rentabilité

Les dirigeants semblent assez satisfaits des perspectives de leur industrie.

Outre l’habituelle numérisation des entreprises et l'adoption de nouveaux outils - tels que le nuage, le Blockchain ou l’intelligence artificielle -, la conjoncture économique s’améliore.

Les nouveaux contrats signés de 2,9 milliards sont les plus élevés en deux ans, précise M. Tse.

«La nécessité pour les entreprises de se mettre à niveau à l’échelle de toute leur organisation forme une vague montante pour les dépenses en TI», évoque Philip Huang, de Barclays.

Si le Brexit fige les plans des entreprises en Grande-Bretagne, l’Europe continentale connaît sa meilleure croissance en dix ans tandis qu’aux États-Unis les réformes de l’administration Trump donnent la visibilité que les entreprises attendaient avant de réinvestir.

La grande banque JP Morgan Chase(NY., JPM) vient par exemple d’annoncer l’ouverture de 400 succursales, l’embauche de 4000 employés et des investissements de 20 G$US sur cinq ans.

Le secteur financier est important pour CGI et représente environ 22% de ses revenus et 19% des nouveaux contrats signés.

CGI est plus diversifiée que jamais, mais le marché américain lui procure encore 30% de ses revenus et 35% de ses bénéfices.

Un retour des dépenses des gouvernements et des entreprises pourrait amplifier le levier de rentabilité que lui procure sa dernière restructuration de 165 millions de dollars.

Ses marges d’exploitation, de 14,4% au premier trimestre, pourraient alors prendre du mieux, comme le prévoient la majorité des analystes pour la deuxième moitié de 2018.

Les trois-quarts des dépenses de la rationalisation sont déjà passées dans le tamis des états financiers, mais la majorité des bénéfices attendus restent à venir, a confirmé François Boulanger, le chef de la direction financière.

Le virage infonuagique des entreprises a cannibalisé certains des revenus des centres de données de l’entreprise, reconnaît M. Schindler.

En revanche, la guerre de prix que se livrent les titans tels que Amazon, Microsoft et Google, entre autres, libère des capitaux et des ressources pour offrir plus de solutions à valeur ajoutée, a-t-il ajouté.

M. Tse estime que 38% des nouveaux contrats signés sont des nouveaux mandats aux lieu de renouvellements, tandis que le quart des nouveaux contrats signés sont des solutions de propriété intellectuelle, plus rentables.

Le record historique de 72,39$ de l’action atteint en cours de séance le 31 janvier signale que les dirigeants ont de nouvelles attentes de croissance rentable à satisfaire.

Vingt des 21 analystes qui assurent le suivi de CGI des deux côtés de la frontière ont accru leur cours cible après les résultats du premier trimestre. 

La Financière Banque Nationale et Echelon Wealth Partners ont notamment haussé les leurs jusqu'à 85$, RBC jusqu'à 82$, TD à 81$ tandis que tandis que CIBC, Cormark, Raymond James ont porté leurs cibles à 80$. 

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