«30% de nos clients sont de nouveaux acheteurs» - José Boisjoli, président de BRP

Publié le 28/05/2020 à 16:48

«30% de nos clients sont de nouveaux acheteurs» - José Boisjoli, président de BRP

Publié le 28/05/2020 à 16:48

Par Dominique Beauchamp
José Boisjoli, président et chef de la direction de BRP

José Boisjoli, président et chef de la direction de BRP (Photo: Martin Flamand)

Le fabricant de motomarines, de véhicules tout terrain, de bateaux et de motos à trois roues redémarre la machine après une période d’arrêt imposée par la pandémie.

Le président et chef de la direction de BRP (DOO, 48,87$) José Boisjoli, a fait le point en entrevue, après le dévoilement des résultats du premier trimestre et la tenue de l’assemblée annuelle.

 

DOMINIQUE BEAUCHAMP - Vous repartez vos usines la semaine prochaine. Quelles sont vos priorités immédiates étant donné que la COVID-19 frappe plus à certains endroits que d’autres?

JOSÉ BOISJOLI - Évidemment, la sécurité des employés est notre premier souci. Le protocole mis en place à Valcourt est imposé partout. Quand la distanciation de deux mètres n’est pas possible, sur les chaînes de production de nos plus petits produits par exemple, nous exigeons le port du masque ou d’une visière. Je n’ai pas bien sûr le contrôle sur le déplacement des employés après leur quart de travail. Au Mexique par exemple, les pratiques sont plus libérales, mais on va tout faire pour éviter des cas d’infection qui pourraient  interrompre la production. La deuxième priorité sera de gérer nos 550 fournisseurs pour qu’ils suivent la cadence.

 

D.B. - Votre action s’est repliée malgré des résultats supérieurs au consensus. Est-ce à cause de l’absence d’orientations annuelles ?

J.B. - Je crois que certains investisseurs voient dans la chute des revenus un indicateur de la demande. Pourtant nos ventes étaient en hausse de 24% avant la COVID-19 (40% pour les véhicules côte à côte) et elles ont rebondi de plus de 35% en mai. Les revenus manqués proviennent de l’arrêt de production et de la fermeture des concessionnaires. On pouvait difficilement vendre des motos à trois roues quand il était impossible d’obtenir les plaques d’immatriculation. Le redémarrage en juin ne sauvera pas le deuxième trimestre, car il nous faudra recommencer à expédier nos produits de façon efficace aux concessionnaires, mais on va rouler à pleine capacité jusqu’à la fin de l’année pour répondre à la demande. 

 

D.B. - Comment réconcilier la baisse prévue de vos revenus de 10 à 40% par trimestre d’ici la fin de l’année et le fort rebond observé en mai? 

J.B. - Il est vrai que la deuxième semestre sera difficile à cause du déconfinement décalé dans plusieurs marchés étrangers. En même temps, le phénomène de la staycation (vacances à la maison) nous avantage, car nos véhicules récréatifs offrent tous des expériences extérieures. D’ailleurs, 30% de nos clients en Amérique du Nord sont de nouveaux acheteurs au lieu de l’habituel 20%. C’est très positif. Par contre, on ignore comment le chômage et la confiance du consommateurs évolueront au cours des prochains trimestres. C’est la grande question pour cet automne et pour 2021.

 

D.B. - Vous avez mis à pied un total de 900 travailleurs et réduit vos coûts de 450 millions de dollars. Aurez-vous à couper encore si la pandémie connaissait une deuxième vague?

J.B. - Nous avons appris de la crise financière à réagir plus vite et à mieux prévoir les coups. Nous ne prévoyons pas avoir à procéder à d’autres mises à pied pour une deuxième vague à moins qu’elle soit d’une grande amplitude. Nous avons aussi protégé notre bilan en ajoutant une tranche de 600 millions de dollars américain à la facilité de crédit plus flexible et sans clause restrictive. La production est aussi plus agile. On pourra par exemple devancer d’août à juin l’expédition des modèles 2021 de nos motomarines si les concessionnaires venaient à manquer de produits cet été. 

 

D.B. - Que signifie la décision d’abandonner la fabrication de vos propres moteurs hors-bord pour vos visées pour le Groupe marin? 

J.B. - L’une de nos forces est notre gamme diversifiée de produits. Les embarcations restent une offre complémentaire à la nôtre  puisque le tiers de nos clients possèdent aussi un bateau. On veut apporter plus de technologie, de design et d’innovation à cette industrie conventionnelle avec de nouveaux produits plus modernes. Ils verront le jour comme prévu dans 24 mois. 

 

D.B. - Votre plan pour des revenus de 9,5 milliards de dollars et un bénéfice de 7,50$ par action en 2025 est-il encore réalisable? 

J.B - Dès 2019, on nous avait posé la question à savoir si le plan quinquennal tenait compte d’une récession possible. Nous avions alors dit que les objectifs restaient les mêmes (une croissance annuelle composée de 10% des revenus et de 15% des bénéfices par année), mais qu’ils pourraient être repoussés de 12, 18 ou 24 mois, dans l’éventualité d’une récession. Une analyste m’a redemandé la même chose aujourd’hui. J’ai répondu qu’on devait attendre que la situation se stabilise avant de revoir le plan. La stratégie de base n’a pas changé, mais nous allons l’ajuster.

 

D.B. - Votre action joue au yo-yo en Bourse en fonction de l’humeur du jour des investisseurs au sujet des perspectives pour la consommation. Quel repère devraient-ils suivre?

J.B. - J’aimerais leur redire que la société a bien changé depuis 2003. Nous avons des bases solides pour continuer à performer, abstraction faite de la pandémie. Depuis deux ou trois ans, on bât la compétition trimestre après trimestre. On suit ces statistiques de très près. Ça met une saine pression à l’interne de se comparer aux concurrents. À la fin de l’année, quand on voit notre taux de croissance surpasser celui des rivaux, c’est notre récompense et  le meilleur indicateur qu’on gagne des parts de marché.

 

 

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