Photo: Benjamin Nantel
BLOGUE. Hélas, on continue à ne voir dans la réaction à la tentative de prise de contrôle de Rona qu’un réflexe nationaliste, une petitesse d’esprit bien québécoise, le sursaut chauvin du Québec Inc.
Bien sûr, quand toute l’élite politique et économique de la Saskatchewan s’oppose à la vente de Potash (malgré que son conseil d’administration ait approuvé la transaction), cela est bien et normal.
Bien sûr, quand tout le Canadian Financial Inc. se regroupe et rassemble les fonds pour faire une offre d’achat sur la Bourse de Toronto (dont le conseil avait déjà accepté l’offre de la Bourse de Londres), cela est bien et normal. Pas chauvin, pas étroit d’esprit.
L’ampleur du problème
Il convient d’intervenir pour que le Québec et le Canada ne soient pas les gogos de la mondialisation des marchés financiers, en laissant grande ouverte la porte aux entreprises étrangères qui voudraient acquérir des entreprises canadiennes sans l’accord du conseil d’administration. Il ne faut pas toutefois exagérer l’ampleur du problème.
Fort heureusement, la structure industrielle du Québec est composée de sociétés aux formes de propriété multiples et variées. Ainsi, les 100 plus grandes entreprises du Québec et au Canada (selon les revenus-2010) se répartissent ainsi :
Canada Québec
- Sociétés d’État ou de la couronne 13 8
- Sociétés privées 11 15
- Filiales de sociétés étrangères 13 17
- Coopératives 3 8
- Sociétés cotées en bourse 12 20
(avec contrôle exercé par une classe d’actions avec vote supérieur)
- Sociétés cotées en bourse 7 14
(avec actionnaires de contrôle)
- Sociétés à actionnariat dispersé 41 18
Ce tableau met bien en relief la dimension réelle du problème des prises de contrôle dites hostiles ou non souhaitées d’entreprises québécoises. Notons les 17 filiales de sociétés étrangères, parmi lesquelles on trouve Alcan.