Dividendes: pour protéger votre rendement, élargissez vos horizons

Offert par Les Affaires


Édition du 21 Novembre 2015

Dividendes: pour protéger votre rendement, élargissez vos horizons

Offert par Les Affaires


Édition du 21 Novembre 2015

L'année qui s'achève aura été d'une grande souffrance pour les adeptes de titres canadiens qui procurent un revenu régulier. Comme les perspectives s'annoncent encore sombres, mieux vaut élargir vos horizons pour protéger le rendement recherché.

L'effondrement du prix des ressources naturelles et la faiblesse de l'économie canadienne ont forcé un grand nombre de généreux verseurs de dividendes de la Bourse de Toronto à charcuter leurs distributions. Les investisseurs qui ne jurent que par les sociétés aux dividendes élevés parce qu'ils sont réputés être moins sensibles aux replis boursiers, dont les retraités, se sont donc fait rattraper par la réalité.

Au cours de la dernière année, le FNB iShares Core S&P/TSX High Dividend Index ETF, qui regroupe les sociétés canadiennes aux rendements les plus élevés, a reculé de 12 %. Le carnage a également touché de nombreux titres privilégiés par les amateurs de dividendes.

Un coup d'oeil au top 100 des payeurs de dividendes canadiens du numéro de novembre du magazine MoneySense nous montre l'ampleur des dégâts. Des 15 titres qui figurent dans le palmarès des «vedettes de la retraite», seulement quatre ont affiché des gains dans la dernière année. À l'opposé, cinq d'entre eux ont subi des pertes de 20 % et plus. L'action de la Banque Nationale (Tor., NA) a effacé le cinquième de sa valeur, celle du fournisseur d'assurances prêt hypothécaire Genworth MI Canada (Tor., GMI) a fondu de 26 % et celle du producteur pétrolier Whitecap Resources (Tor., WCP) a cédé 27%.

La saignée n'est pas terminée

Même si une foule de producteurs d'énergie et d'autres matières premières ont déjà diminué leurs dividendes, la saignée risque de se poursuivre au cours des prochains mois au Canada. Non seulement le prix des ressources ne montre aucun signe de reprise, mais plusieurs sociétés devront prendre d'autres mesures pour cesser l'hémorragie de liquidités.

À peine 39 % des 58 sociétés du sous-indice de l'énergie de S&P/TSX ont dégagé des liquidités excédentaires de leurs activités au cours des 12 derniers mois terminés, selon les données tirées de Bloomberg.

Nima Billou, analyste du secteur de l'énergie pour Veritas Research, m'a expliqué que plusieurs entreprises actives dans l'exploration et la production de pétrole et gaz ont préféré réduire leurs budgets d'investissement et s'endetter plutôt que de baisser leur dividende. Mais selon lui, Vermilion Energy (Tor., VET), Arc Resources (Tor., ARX) et Crescent Point Energy (Tor., CPG) pourraient abaisser leur dividende dans la prochaine année.

Les endroits où les fervents de rendement peuvent se réfugier au Canada sont rares. Même si leur dividende n'est pas à risque à court terme, les six grandes banques du pays restent vulnérables à un ralentissement marqué de l'immobilier dans certains marchés clés.

Traversez la frontière

Dans ce contexte, les investisseurs assoiffés de rendement doivent élargir leurs horizons. Oubliez les suspects habituels et tournez-vous vers des titres moins connus, mais dont les perspectives permettent d'envisager le maintien, ou mieux, la croissance du dividende.

Par exemple, rares sont les sociétés technologiques canadiennes à récompenser leurs actionnaires par l'intermédiaire de dividendes, étant donné qu'elles utilisent habituellement leurs liquidités excédentaires pour stimuler leur croissance. Certaines sociétés font toutefois exception à la règle.

Le fournisseur d'équipements télévisuels Evertz Technologies (Tor., ET) est une des entreprises de la Bourse de Toronto qui ont augmenté le plus rapidement leur dividende au cours des dernières années. Son rendement est de 4,5 %. La prochaine année semble prometteuse pour l'entreprise torontoise, en raison d'événements phares tels que les Jeux olympiques et les élections présidentielles américaines.

Il me paraît incontournable d'aller au sud de la frontière également pour dénicher des verseurs de dividendes qui permettent d'accroître la diversification et de diminuer les risques associés à la dépendance aux secteurs de l'énergie et de la finance.

Voici quelques sociétés qui, sans représenter nécessairement des achats, diversifieraient un portefeuille de dividendes canadien.

Le numéro un mondial de la restauration rapide, McDonald's (NY, MCD), bonifie son dividende chaque année depuis 1976. Il vient d'annoncer qu'il engraisse son versement trimestriel de 5 %, à 0,89 $US par action, portant ainsi le rendement annuel du dividende à 3,2 %. La volonté de l'entreprise de retourner davantage de liquidités excédentaires aux actionnaires intervient à un moment où les résultats s'améliorent.

Les deux plus importants constructeurs automobiles américains, General Motors (NY, GM) et Ford (NY, F), procurent de juteux rendements de dividende, en plus de se négocier à des valorisations très faibles. Ford a recommencé à verser un dividende au premier trimestre de 2012, l'a doublé en 2013, l'a bonifié de 25 % en 2014 et de 20 % en 2015, souligne Morningstar. Son rendement est de 4,3 %. Ces constructeurs carburent aux excellentes ventes en Amérique du Nord et affichent une bien meilleure santé financière qu'il y a quelques années.

D'autres sociétés qui ne figurent pas sur l'écran radar de la majorité des investisseurs en quête de rendement méritent qu'on s'y attarde. Par exemple, Texas Instruments (Nasdaq, TXN) a récemment annoncé une hausse de 12 % de son dividende trimestriel, élevant ainsi son rendement annuel à 3,2 %. Le géant texan des composants électroniques, qui verse un dividende depuis 1962, a relevé ses distributions à chacune des 12 dernières années.

Profitez de l'occasion pour vous intéresser aux banques américaines. Elles ont assaini leur bilan ces dernières années et bénéficient d'une économie plus vigoureuse qu'au Canada. Il pourrait être avantageux de se pencher sur une banque comme Wells Fargo (NY, WFC), réputée pour sa propension à retourner le maximum de capital à ses actionnaires sous forme de rachats d'actions et de dividendes.

Suivez Yannick Clérouin sur Twitter @Clerouin_Inc

À propos de ce blogue

Après près de 16 années passées au journal Les Affaires, dernièrement en tant que chef de publication pour lesaffaires.com, Yannick Clérouin a rejoint en mars 2018 la société de gestion de portefeuilles Medici.

Yannick Clérouin