Avoir l'air fou à court terme, mais génial à long terme

Offert par Les Affaires


Édition du 30 Janvier 2016

Avoir l'air fou à court terme, mais génial à long terme

Offert par Les Affaires


Édition du 30 Janvier 2016

(Photo: LesAffaires.com)

Un des pires débuts d'année de l'histoire pour les Bourses nord-américaines a probablement ébranlé certaines de vos convictions en tant qu'investisseur misant sur le long terme. Cela vous a peut-être poussé à prendre des décisions sur le coup de l'émotion.

Acheter en profitant d'aubaines pendant que les indices plongent? Oubliez ça, M. Clérouin!

Si les Bourses du monde baissent autant, c'est qu'une nouvelle crise de l'ampleur de celle de 2008-2009 est à nos portes. Les investisseurs reniflent la récession qui aura lieu dans six ou neuf mois, vous êtes-vous peut-être dit.

Il est excusable d'avoir le réflexe de s'inquiéter quand les manchettes annoncent le prochain Armageddon financier. C'est d'autant plus excusable quand le prix du baril de pétrole s'étiole chaque jour et glisse sous les 28 $US, alors que de grands experts prédisaient, il y a quelques années à peine, que le prix du baril ne descendrait plus sous les 150 $US.

Mais, vous êtes-vous demandé, si le marché avait tort, c'est-à-dire si l'opinion générale des investisseurs était erronée?

Ce que le marché sait vraiment

Quand les Bourses dégringolent comme elles l'ont fait depuis le début de 2016, de nombreux investisseurs ont tendance à voir le marché comme un organisme doté d'une grande intelligence. Ils le suivent dans l'espoir de comprendre ce qui se passe, ou mieux, de trouver des repères qui les aideront à prendre des décisions éclairées.

Or, c'est l'une des plus grandes erreurs que l'on puisse faire, juge le célèbre gestionnaire de portefeuille Howard Marks, d'Oaktree Capital.

Dans un récent commentaire, M. Marks soutient que les participants au marché boursier ont une compréhension limitée de ce qui se passe réellement sur le plan des éléments fondamentaux (croissance des revenus, des bénéfices, évolution des prix, de la demande, etc.).

Pire, tout élément rationnel qui pourrait expliquer leurs décisions de vendre ou d'acheter un titre est teinté de leurs élans émotifs. À ses yeux, le quotient intellectuel (QI) de l'ensemble des investisseurs n'est pas plus élevé que le QI moyen de chaque investisseur pris individuellement. Et en Bourse, chaque participant a un poids équivalent, la valeur du vote de l'investisseur brillant étant égale à celle du néophyte.

Cela fait naître des mouvements de troupeau qui relèvent parfois de l'hystérie. Et pousse des investisseurs paniqués à vendre des actions en justifiant leur décision par une donnée économique plus faible que prévu en Chine, même si l'effet du ralentissement du géant asiatique sur l'économie américaine est limité.

Profiter des moments d'égarement

Le marché est peut-être juste, mais il n'y a pas de raisons suffisantes d'affirmer qu'il entrevoit le futur avec exactitude.

C'est dans ces moments d'égarement du marché que l'investisseur intelligent, qui veut obtenir des rendements supérieurs à la moyenne, peut profiter des occasions qui se présentent.

N'est-ce pas ce qui est le plus logique de faire, acheter des entreprises de qualité à des prix déprimés qui ne reflètent pas leur réelle valeur intrinsèque ? Quand le prix d'un bien de grande valeur baisse, on veut en acheter davantage, et non l'inverse.

Si les éléments fondamentaux des entreprises que vous suivez ne se sont pas dégradés, mais que le cours de l'action chute, cela devrait réveiller le chasseur d'aubaines en vous.

Il est impossible de prévoir le moment idéal pour faire le plein du titre convoité, car son cours peut baisser après votre achat. C'est ce qui freine beaucoup d'investisseurs: la peur d'acheter trop tôt.

Comme le résumait un talentueux ami investisseur récemment, «je peux avoir l'air con à court terme en achetant, mais je pense qu'en fonction du prix que je paie aujourd'hui certains titres, je devrais réaliser un rendement décent sur un horizon de trois à cinq ans». Cet ami me donnait l'exemple des titres des banques canadiennes, qui se négocient à moins de 10 fois les bénéfices et dont le rendement du dividende dépasse les 5 %, comme c'est le cas de la Banque Nationale (Tor., NA).

Assistez aux assemblées annuelles

Une bonne façon d'être moins anxieux dans le contexte boursier actuel est de suivre d'encore plus près les entreprises dont vous détenez des actions et celles que vous désirez ajouter à votre portefeuille. Je vous invite donc à consacrer plus de temps au suivi et à l'analyse des sociétés.

Le moment est d'autant plus propice que la saison des assemblées annuelles des entreprises québécoises vient de débuter, dont celles de Groupe Sportscene (Tor.-C., SPS.A), de Metro (Tor., MRU) et du Groupe CGI (TOR., GIB.A). La période des résultats trimestriels prend aussi son envol au Canada.

Donnez-vous pour mission de suivre ces événements par l'intermédiaire des médias et, si possible, rendez-vous aux assemblées pour poser des questions aux dirigeants sur les perspectives de leur entreprise.

Suivez Yannick Clérouin sur Twitter @Clerouin_Inc

À propos de ce blogue

Après près de 16 années passées au journal Les Affaires, dernièrement en tant que chef de publication pour lesaffaires.com, Yannick Clérouin a rejoint en mars 2018 la société de gestion de portefeuilles Medici.

Yannick Clérouin