Pourquoi un blogue?

Offert par Les Affaires


Édition du 08 Juillet 2017

Pourquoi un blogue?

Offert par Les Affaires


Édition du 08 Juillet 2017

Les Affaires accueille un nouveau blogueur sur son site internet : Sylvain Carle, associé chez Real Ventures et directeur général de FounderFuel. Voici le premier billet de «Qui ne risque rien».

Avec maintenant trois années bien remplies comme associé chez ­Real ­Ventures, je commence à avoir un certain recul quant au capital de risque au Québec, au ­Canada et en ­Amérique du ­Nord. Dans les 20 dernières années, j’ai tour à tour été pigiste, employé par Mon ­Mannequin ­Virtuel de ­Public Technologies ­Multimédia, une des premières start-up Web 2.0 au ­Québec (ça date), et consultant ­VP ­Technologie à louer en ­Californie, juste avant l’éclatement de la bulle Internet en 2001. Ensuite, j’ai été entrepreneur et ­cofondateur de cinq start-up en 10 ans (certaines ont eu plus de succès que d’autres). Puis, j’ai été engagé comme évangéliste techno senior chez ­Twitter à ­San ­Francisco en 2012.

«Professionnel» de l’investissement

Après ces deux décennies comme entrepreneur, l’idée de me joindre en 2014 à un fonds d’investissement avait fait son chemin. Bien que n’ayant aucune formation dans le domaine de la finance, ma compréhension de l’impact du capital de risque dans un écosystème de start-up était bonne. Ayant connu les défis du financement d’un projet comme ­cofondateur, ainsi que les risques qui accompagnent le financement à petite et à grande échelle et le processus d’appel public à l’épargne (IPO) chez ­Twitter, j’avais l’impression de pouvoir aider les entrepreneurs à mieux comprendre le processus.

J’avais aussi en tête les montagnes russes du parcours des fondateurs de start-up. C’est donc avec ce cocktail d’ambition, d’espoir, de naïveté et d’humilité que j’ai amorcé à l’été 2014 mon double rôle au sein de ­Real ­Ventures : directeur général du programme d’accélérateur ­FounderFuel et «professionnel» de l’investissement dans les jeunes pousses technos de ­Montréal et du ­Québec.

La leçon la plus importante que j’ai tirée de mes expériences au cours des dernières années est sans aucun doute associée à la chance exceptionnelle que j’ai eue de voir passer 1 000 start-up par année. Comme entrepreneur, j’ai réalisé, au mieux, quatre ou cinq deals d’investissement, soit pour ma propre entreprise, soit comme conseiller auprès des autres. Et j’ai la plupart du temps fonctionné dans 5 ou 10 contextes d’affaires, souvent similaires.

Cependant, comme investisseur, pouvoir évaluer plusieurs sociétés par semaine, investir dans ­quelques-unes chaque trimestre, en accompagner des dizaines chaque année et être au sein d’une équipe qui multiplie tout ça par 3, 5 ou 10... ça donne beaucoup de perspective, beaucoup de données et des effets de réseau incroyables. C’est cette perspective unique, dont je tire une grande leçon, que je veux partager avec vous ici. «Quelle est donc cette leçon ?» me ­demanderez-vous, à bout de souffle à force de lire mes phrases contenant trop de virgules...

Le ­YouTube du ­Québec

Cette leçon est à l’opposé du fameux proverbe québécois «Quand on se regarde on se désole, quand on se compare on se console». La réalité, la voici: il ne faut pas se fier à ce que l’on sait ­soi-même (et sur ­soi-même), il faut se comparer pour s’améliorer (sans cesse).

Parce que c’est un environnement extrêmement compétitif. Sur 230 entreprises qui postulent pour une cohorte de notre accélérateur afin de recevoir un investissement de 100 000 $, seulement 8 sont sélectionnées. Faites le calcul. (Pour les paresseux, voici la réponse : 3,5 %.) C’est très difficile pour un entrepreneur de comprendre complètement son environnement d’affaires, mais c’est très, très important. C’est un des facteurs les plus importants. Il faut comprendre comment et à qui on se compare. Ça prend du temps, des efforts, de l’énergie. Tout ça avant même d’aller chercher le premier dollar d’investissement.

J’ai souvent utilisé l’exemple de l’entrepreneur venu me raconter comment sa société allait devenir le ­YouTube du ­Québec. Pas intéressant ! ­Premièrement, il y a de bonnes chances que le ­YouTube du ­Québec soit... YouTube. Deuxièmement, pourquoi juste au ­Québec ? ­Internet, c’est l’accès au monde entier ! ­Pourquoi ce projet, pourquoi vous, pourquoi maintenant ? ­Que ­savez-vous que peu d’autres personnes savent ? ­Connaissez-vous très bien un secteur précis, ses enjeux, ses défis, ses défauts, l’écosystème des parties prenantes, du passé, du présent (et de l’avenir) ? ­Dans quoi ­pouvez-vous être le meilleur ? Ça, c’est intéressant !

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Je tiendrai un blogue sur lesaffaires.com pour partager un peu de ma perspective de «VC», pour expliquer comment on évalue les projets, comment on y investit, comment on accompagne les entrepreneurs. Pour revamper l’expression bien connue «ça prend tout un village pour élever une start-up». Ça prend un environnement mature pour générer de grands succès. Ça prend 25 ans pour boot­strapper [autofinancer] un écosystème de start-up. Je pense qu’on est à l’année 12 ou 15 à ­Montréal et au ­Québec.

Dans ma prochaine chronique, je vous raconterai comment j’évalue notre écosystème et les défis qui sont devant nous (je parlerai aussi de nos accomplissements).

D’ici là, on se croise en juillet à la soirée démo de ­FounderFuel, au ­StartupFest ou à la maison ­Notman. Venez m’expliquer comment vous allez vous y prendre pour être le prochain ­Snapchat du ­Québec (ou pas) !