Les « selfies » de la philanthropie

Publié le 02/09/2014 à 11:24

Les « selfies » de la philanthropie

Publié le 02/09/2014 à 11:24

Impossible de manquer en ce mois d’août les fameuses vidéos de personnalités bien connues ou de vos amis participant au défi du « ice bucket challenge ». Chaque jour sur les médias sociaux, un « ami » se verse un seau d’eau glacée sur la tête pour soutenir le combat contre la sclérose latérale amyotrophique (SLA). L’association SLA indique d’ailleurs avoir amassé 70 millions de dollars en dons cette année contre 2,5 millions de dollars l’an passé.

C’est une belle réussite financière pour soutenir la recherche et améliorer l’aide aux personnes atteintes. C’est aussi une belle démonstration de l’utilisation des médias sociaux pour mettre sur pied une campagne de financement efficace.

Cela dit, en visionnant les courtes vidéos de ceux et celles qui ont relevé le défi, je me pose toujours les mêmes questions : vont-ils faire un don? Et si oui, de quelle somme? Vont-ils continuer d’appuyer la cause dans les prochaines années?

Pour ceux qui ont participé à des campagnes de financement, à titre de donateur ou de solliciteur, vous savez bien que jouer sur la corde de l’ego, c’est souvent ce qu’il y a de plus payant. Sentir qu’on vous sollicite, qu’on fait appel à votre aide, que votre action comptera, que vous allez être reconnu et remercié pour cet acte généreux, que d’autres verrons votre nom dans une liste de donateurs connus. Tout cela fonctionne généralement bien dans le contexte d’une campagne et c’est ce qui explique grandement le succès du « ice bucket challenge ».

Mais les organismes à but non lucratif vous le diront : le vrai défi est de transformer ces campagnes de financement en adhésion durable à une cause et de faire émerger des ambassadeurs qui soutiendront la cause à long terme. Est-ce que le « ice bucket challenge » fera naitre de vrais ambassadeurs qui s’activeront longtemps pour aider à la recherche sur la SLA?

Je suis persuadé que de nombreux organismes philanthropiques réfléchissent actuellement aux façons de répéter le succès du « ice bucket challenge ». En suivant cette voie, ne risque-t-on pas de verser dans la philanthropie « feu de paille » alors que les donateurs se dirigeront vers la campagne la plus « tendance » du moment, la plus « cool » et la plus populaire sur Facebook?

Le succès de ces campagnes est rapide et impressionnant. Convaincre ceux et celles qui deviendront pour longtemps les soutiens de votre cause demande de la patience et de la persévérance, mais c’est très payant. Car en plus de donner de l’argent, ces ambassadeurs seront prêts à donner de leur temps et à devenir les leaders d’une cause dans leur communauté et auprès des pouvoirs publics.

Souhaitons que ces « selfies » de la philanthropie fassent aussi émerger les porteurs de causes qui en ont bien besoin en ces temps de rigueur budgétaire.

 

Blogues similaires

Les salutations de Jacques Ménard... ainsi que les miennes

Édition du 30 Juin 2018 | René Vézina

CHRONIQUE. C'est vraiment la fin d'une époque chez BMO Groupe financier, Québec... et le début d'une nouvelle. ...

La fin de ce blogue, une occasion de rebondir

Mis à jour le 06/03/2017 | Julien Brault

BLOGUE INVITÉ. Je pourrai découvrir de nouvelles occasions d'affaires. C'est ainsi que prospèrent les start-ups.