Vous n'avez rien volé non plus, mais vous payez quand même


Édition du 23 Août 2014

Vous n'avez rien volé non plus, mais vous payez quand même


Édition du 23 Août 2014

Ils auraient fort bien pu venir gronder eux aussi lors de la Commission parlementaire concernant le projet de loi 3 et l'avenir des régimes de retraite municipaux. Après tout, ils forment un groupe imposant, soit plus de 550 000 travailleurs, et on a doublé depuis 20 ans les cotisations qu'ils doivent payer pour participer à leur régime de rentes.

Cependant, ils n'ont pas d'association, eux, et avec le temps ils se sont résignés à payer ce qu'on leur demande, même si les fonds qu'ils recevront à leur retraite sont loin d'être généreux. Chose certaine, ils obtiendront beaucoup moins que les employés municipaux qui estiment se faire voler par les réformes proposées.

Eux, ce sont les travailleurs autonomes, qui forment 13 % de la force de travail québécoise. Ces fonds sont ceux que la Régie des rentes leur remettra le jour où ils décideront qu'ils en ont assez du boulot. À supposer qu'ils aient toujours cotisé les pleins montants pendant toute leur vie active, leur rente mensuelle maximale à compter de 65 ans serait de 1 038,33 $. Et s'ils ont la patience d'attendre jusqu'à 70 ans, elle pourrait s'élever à 1 474,33 $.

En échange, il leur aura fallu verser plus de 10 % de leur salaire, jusqu'à concurrence de 5 071 $ (en 2014). Et ce taux est appelé à monter au moins jusqu'en 2017.

Jadis, la facture était moins élevée, pour une rente pourtant identique (en dollars constants). Il y a 20 ans, en 1994, le taux de cotisation était de 5,20 %. Il a régulièrement augmenté depuis et atteint maintenant 10,35 %.

Scandale ? Non. Il faut sans cesse renflouer les caisses de la Régie des rentes pour assurer la pérennité du régime. C'est toujours l'enjeu ultime. Mais cette ponction en croissance constante défavorise les plus jeunes qui finiront bien par l'associer à une forme d'injustice : pourquoi paieraient-ils sans cesse davantage sans percevoir plus en retour ?

En fait, le même taux s'applique à tous les travailleurs québécois. Toutefois, les salariés, eux, ont la chance que leur employeur doive en assumer la moitié. Les travailleurs indépendants n'ont pas cet avantage et doivent casquer 100 % des cotisations.

Au moins, à la retraite, ils recevront une rente de base, même s'ils ne pourront pas compter sur elle pour parcourir la planète...

Et ceux qui disent que la bonification de ces rentes serait la meilleure façon de combler l'écart entre les salariés bien protégés et les autres oublient que pour tous les travailleurs, autonomes ou pas, cette «bonification» s'accompagnerait forcément d'une nouvelle hausse de cotisations. C'est bien de vouloir assurer ses vieux jours. Encore faut-il avoir de quoi vivre au moment présent.

Mais vous ne les verrez pas monter aux barricades, ces travailleurs autonomes, parce qu'ils n'ont tout simplement pas le temps. Ils se démènent pour assurer leur subsistance... et ils n'ont pas de lobby pour les défendre à coup de slogans. Malgré leur nombre élevé, leur rapport de force est quasi inexistant. Et on le voit bien par les temps qui courent, sans rapport de force, on ne peut pas faire avancer sa cause. Même si on n'a rien volé.

Statistique Canada dans le champ

Du jamais vu ! Statistique Canada, considérée comme une référence mondiale dans son domaine, a dû admettre une sérieuse erreur méthodologique qui l'a forcée à mettre aux poubelles son bilan de l'emploi en juillet, publié le 8 août, pour présenter une version corrigée une semaine plus tard. L'organisme a laconiquement parlé d'une «erreur humaine» pour expliquer le dérapage, tout en assurant qu'il allait fournir plus de détails d'ici à la fin du mois.

Comme bien d'autres, je m'étais fié à la première version pour conclure alors à l'effritement du marché du travail, particulièrement au Québec : création globale de 200 emplois à l'échelle nationale, recul de 14 000 au Québec. Avec une nette tendance dans la progression du travail à temps partiel. Pour juillet, normalement une période intense, c'était désolant.

Pfiou ! La nouvelle analyse montre apparemment un retour à la normale. Finalement, quelque 42 000 emplois ont été créés au Canada, et le Québec sauve tant bien que mal son honneur en allant en chercher 2 000 dans le lot.

Cette remontée est toute relative, car c'est d'abord du côté du temps partiel que les gains sont observés. Dans les faits, on comptait 60 000 emplois à temps partiel de plus en juillet, tandis que 18 000 emplois à temps plein ont disparu. Le secteur de la construction a particulièrement écopé. Le Québec n'a pas échappé à ces deux phénomènes.

Il faudra être prudent à l'avenir avant de sauter aux conclusions en se fiant aux données de Statistique Canada. Le doute vient de s'installer. Sans compter que les données sont tirées d'un sondage périodique qui comporte, à la base, une marge d'erreur.

Quand même, nous vivons dans une société qui carbure aux statistiques. Nous sommes devenus accros aux pourcentages et aux moyennes. Messieurs dames de Statistique Canada, rassurez-nous, nous avons besoin de nos doses régulières !

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