Vézina: le Plan Nord rattrapé par la grisaille planétaire

Publié le 19/10/2012 à 15:54, mis à jour le 19/10/2012 à 19:14

Vézina: le Plan Nord rattrapé par la grisaille planétaire

Publié le 19/10/2012 à 15:54, mis à jour le 19/10/2012 à 19:14

On a dû se réveiller avec de lourdes interrogations à Fermont, Port-Cartier… et aussi à Québec.

Jusqu’à présent, Arcelor Mittal était un peu perçu comme le « Poster Boy » du développement du nord, alias le Plan Nord, sa grande campagne de publicité pour gonfler son effectif à Port-Cartier et Fermont en étant l’exemple le plus éclatant.

Mais la réalité planétaire semble avoir rattrapé l’entreprise minière géante. Depuis ce matin, au lieu de parler d’expansion, elle se retrouve au centre de rumeurs qui voudraient la voir céder une part de ses actifs québécois à d’autres intérêts, probablement asiatiques. Le site internet du Globe and Mail en faisait état vendredi matin, en citant un texte paru dans le Financial Times, de Londres.

PLUS : Arcelor Mittal vendra-t-elle une partie de ses mines québéoises ?

Dans le cadre du Plan Nord, d’autres grands, très grands projets miniers ont été évoqués, comme celui du Lac Otelnuk, au Nunavik, où Adriana Ressources et Wisco songent à investir au moins 13 milliards $ pour exploiter le plus important gisement de fer en Amérique du Nord. Mais avant de rêver au futur, il faudrait au moins garantir le présent. Et c’est ici que les récents développements concernant Arcelor Mittal laissent songeur.

La compagnie travaille actuellement à étendre sa production du Mont Wright, près de Fermont, ce qui signifierait un surcroît d’activité à Port-Cartier, sur la Côte-Nord, de même que pour le chemin de fer qui relie les deux villes.

Mais… emportée par son appétit, Arcelor Mittal a multiplié les acquisitions et les dettes au fil des ans. Par exemple, c’est en achetant Dofasco, en 2006, qu’elle a hérité de Quebec Cartier Mining et a pu installer ses bannières dans le nord-est québécois.

Son endettement atteignait 22 milliards $, aux dernières nouvelles. Ses possessions québécoises, elles, vaudraient près de la moitié de cette somme. Elle pourrait donc se renflouer en vendant en tout ou en partie certaines de ses activités. D’autant plus que la baisse de la demande asiatique laisse entrevoir n marché plus mou pour le fer, du moins à court et à moyen terme.

Sans compter le facteur X. Il n’y a plus moyen de savoir quelles sont au juste les intentions du nouveau gouvernement québécois. Les déclarations se suivent et se contredisent sur la contribution santé, les écoles privées, le français dans les garderies… et sur le Plan Nord, que la ministre Martine Ouellet avait prématurément enterré, semble-t-il.

Quel sera le niveau des redevances ? De l’impôt sur les profits ? Comment pourrait s’appliquer le crédit d’impôt que la première ministre Pauline Marois a évoqué en France ? Lorsque des milliards de dollars d’investissement sont en jeu, la devinette n’est pas un jeu populaire. L’incertitude freine les décisions. Le climat actuel n’aide certainement pas.

Arcelor Mittal n’est pas à la veille de quitter le Québec et notre récente Mission Grand Nord nous l’a montré. Mais les dernières nouvelles sont préoccupantes. Quels sont maintenant ses plans ? Si un nouveau partenaire arrive dans le paysage, que demandera-t-il ? Se pourrait-il que le bel élan des dernières années vers le Nord soit en train de subir son premier test sérieux ?

Si c’est le cas, on sera bel et bien en train de revivre à la sauce québécoise de La laitière et le pot au lait, qui se brise en emportant plein de beaux rêves.

PLUS : Pauline et le pot au lait

Il faut donc souhaiter qu’Arcelor Mittal fasse au plus vite le point sur sa situation. L’enjeu est trop important pour être ballotté au gré des rumeurs.

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