Une éolienne qui change la donne dans le Grand Nord

Publié le 04/04/2015 à 08:37

Une éolienne qui change la donne dans le Grand Nord

Publié le 04/04/2015 à 08:37

Le Grand Nord québécois est en voie de s’affranchir de la dictature du mazout.

Enfin, pas tout à fait, mais le changement est en marche.

Depuis octobre dernier, une éolienne hors de l’ordinaire est en place à proximité de la mine Raglan, propriété de Glencore, à quelques dizaines de kilomètres de la baie Deception, au plus loin du plus loin que l’on puisse aller dans le Nord québécois. En pleine activité, elle peut produire 3 MW d’électricité, l’équivalent d’une petite centrale hydroélectrique.

Sauf que nous sommes ici dans la Grand Nord, là où règne, faute de mieux, le mazout (ou diesel), qui alimente les machines. Au dernier décompte, il y a deux semaines, l’éolienne qui continue de faire l’objet de tests a déjà permis d’épargner la consommation d’un million de litres de mazout ! Et sur une base annuelle, en pleine activité, on parle d’un remplacement de deux millions et demi de litres de mazout. C’est énorme.

Tout ça grâce à une grande éolienne qui repose littéralement sur des pilotis, en plein pergélisol où le sol gelé risque cependant de bouger si la température s'élève.

C’est à la firme Tugliq qu’il faut attribuer le mérite de cette percée technologique, ainsi qu’à la société Glencore, qui a accepté de poursuivre ce que Xstrata (qu’elle a acquise) avait entrepris.

En gros, il s’agissait de voir si on pouvait installer, et gérer dans des conditions parfois extrêmes, une grande éolienne qui pourrait demeurer stable malgré les possibles mouvements du pergélisol.

C’est le défi qu’a relevé Tugliq, et dont pourront bientôt profiter les communautés Inuit du Nunavik si on peut reproduire chez elles le modèle de Raglan, dans des conditions apparentées.

En fait, il y avait deux gros défis.

Le premier était de s’assurer que l’éolienne puisse fonctionner même par grand froid. Ce n’est pas tout qu’il vente, encore faut-il qu’elle ne gèle pas !

Avec les gens de société allemande Enercon, dont venait la technologie de base, on a travaillé à adapter le concept. Va pour le froid. Mais comment stabiliser un moulin à vent qui fait l’équivalent d’un édifice de 40 ou 50 étages si le sol est instable ? La moindre variation peut le mettre en péril.

Solution : il faut l’arrimer au sol tout en lui conservant une marge de manoeuvre, comme s’il se trouvait sur pilotis quand arrive la marée.

On y est parvenu.

Aujourd’hui, non seulement l’électricité produite est moins polluante, elle coûte au moins deux fois moins cher.

Dans cette aventure, toutes les parties prenantes y gagnent.

Glencore, alias Xstrata, réduit ses émissions de gaz à effet de serre, donc les droits de carbone qu’il lui faut payer, tout en obtenant de l’électricité à meilleur coût.

Tugliq éprouve une technologie qu’elle elle peut maintenant imaginer déployer dans le Nord, avec la bénédiction de Glencore qui accepte volontiers que l’argent qui y a été investi profite aux communautés environnantes.

Et les communautés du Nunavik y verront une option intéressante pour ne plus dépendre uniquement des grosses génératrices qui leur fournissent l’électricité indispensable.

Voilà une belle avancée qu’il convient de saluer en espérant qu’elle fasse des petits !

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