Un Québec prospère, c'est aussi un Québec peuplé


Édition du 21 Décembre 2013

Un Québec prospère, c'est aussi un Québec peuplé


Édition du 21 Décembre 2013

La population québécoise en âge de travailler est à la veille de décliner. La population active, elle, est déjà en déclin.

Ce sont deux données tirées du récent bilan de l'emploi en novembre, publié par Statistique Canada il y a quelques jours. Et les signaux qui s'en dégagent sont de mauvais augure. Avec le débat sur la Charte des valeurs, le Québec se retrouve plongé dans une crise identitaire au moment même où il devrait plutôt s'interroger sur son existence à plus long terme.

À cet égard, l'année 2013 aura été l'année de la schizophrénie collective au Québec. Une société qui dit aspirer à se faire valoir et à élever son niveau de vie ne peut, ou ne devrait, fermer en même temps les yeux sur le fait qu'elle est à la veille de se racornir.

Revenons sur les termes. Entre octobre et novembre, le nombre de gens en âge de travailler (les 15 à 64 ans) a augmenté d'à peine 4 000. Il y a déjà plusieurs mois que les hausses sont minimales et la tendance est au repli. Ce ne sera pas long avant qu'on ne voie effectivement rétrécir ce bloc de gens potentiellement actifs. Il part plus de travailleurs à la retraite qu'il n'en arrive de nouveaux sur le marché du travail.

La population active, elle, comprend toutes les personnes qui travaillent et celles qui souhaiteraient le faire mais qui sont réduites au chômage : autrement dit, toute la force de travail disponible. Et celle-ci est sur une pente descendante. En novembre, elle comptait 5 000 personnes de moins qu'en octobre. Rien n'indique que le mouvement peut s'inverser.

Nous allons finir par manquer de cerveaux et de bras.

C'est la première conclusion qui s'impose. Pour retarder le choc, ou l'amoindrir, il serait souhaitable de convaincre des gens en âge de travailler, mais qui se sont retirés du marché, d'y revenir en leur présentant l'occasion d'améliorer leur sort. Quoi qu'on en dise, beaucoup demeurent sur les lignes de côté d'abord et avant tout parce qu'ils se sont découragés, ou qu'ils ne se sentent pas aptes à remplir les postes disponibles.

C'est d'ailleurs là une des conséquences les plus désolantes du taux obstinément élevé de décrochage scolaire au Québec. Même si les efforts considérables mis à contrer ce fléau commencent à porter leurs fruits, encore trop de jeunes abandonnent l'école et se privent d'une formation qui leur fera cruellement défaut plus tard. D'autant plus que les économies modernes requièrent des connaissances de plus en plus poussées, ne serait-ce que pour être en mesure d'utiliser convenablement les nouvelles technologies de l'information et des communications, déjà omniprésentes dans toutes les sphères d'activité.

Mais même s'il devenait possible de mettre à contribution une bonne partie des gens pour l'instant désoeuvrés, nous allons tôt ou tard nous heurter à un mur. La pyramide québécoise des âges est déstructurée. En juillet 2102, pour la première fois de son histoire, le Québec comptait davantage de gens âgés de 65 ans ou plus que de jeunes de 15 ans ou moins. Et le phénomène ne cesse depuis de s'aggraver.

C'est pourquoi je suis revenu si souvent en 2013 sur l'essentiel apport de l'immigration. Il en va de notre avenir collectif.

Oui, il faut travailler à faire partager aux nouveaux arrivants notre vision et nos valeurs ; mais il faut en premier lieu les convaincre de venir ici plutôt qu'ailleurs s'ils décident de quitter leur patrie d'origine. Pourtant, le Québec est loin d'être la seule société qui cherche ainsi à renforcer ses rangs. Et l'image qu'il projette actuellement sur la scène internationale - à tort ou à raison - risque de nuire considérablement à sa réputation jusqu'ici enviable de terre d'accueil.

C'est là un aspect pratiquement évacué du débat actuel, mais qu'il importe de considérer. Il serait dommage que nous finissions un jour par en payer le prix.

Malgré ces dérapages, le Québec demeure pour l'instant en bonne position. On a pu le constater à la fin de novembre, alors que 43 entreprises d'ici ont rencontré, à Paris, quelque 1 400 candidats intéressés par un des 629 postes offerts. Cette neuvième édition des Journées Québec était organisée par le ministère de l'Immigration et des Communautés culturelles, ainsi que par Montréal International. Déjà 75 embauches ont été confirmées. D'autres suivront.

Dans les années qui viennent, il faudra multiplier ces efforts et nous présenter sous notre jour le plus avenant. C'est le passage obligé vers des lendemains qui chantent.

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