Le Journal de Montréal est en lock-out depuis huit mois. Il reste à peine six semaines aux journalistes de La Presse pour se conformer aux demandes de la direction. Et on sait depuis mardi que The Gazette est officiellement en sursis. Le quotidien ne fait pas partie des actifs que CanWest a décidé de placer sous la protection des tribunaux, mais la division à laquelle il appartient est également en train de négocier un arrangement avec des créanciers qui se font pressants. Et on évoque déjà, là aussi, un prochain recours à la loi sur les arrangements avec les créanciers. Autrement dit, à la quasi failite.
Même si cela devait se produire, à court terme, rien ne changerait. Le journal continuerait d'être publié, le temps que l'on trouve un compromis, ce qui pourrait prendre des mois. Mais aimeriez-vous rentrer au boulot chaque matin avec une telle épée au-dessus de la tête ?
La presse imprimée vit sa « parfaite tempête » : une érosion de revenus accentuée par la crise économique. Il faut absolument réinventer le modèle d'affaires, tout le monde en convient. Qualifiez-moi de dinosaure si ça vous plaît, mais je ne peux imaginer un monde sans papier journal. Toujours lire sur un écran est à la fois malcommode et peu inspirant. Tout dépend des circonstances. Internet est un meveilleux outil de communication, mais je ne peux pas l'imaginer comme exclusif.
Sans compter la pub ! De la façon dont on en parle ces temps-ci, c'est un peu comme si les annonceurs faisaient preuve de grandeur d'âme en payant pour faire valoir leurs produits et services dans les journaux. Mais il y a des tonnes d'annonces qui pourraient difficillement se retrouver ailleurs. Des publicités locales, notamment. Les médias électroniques ne peuvent combler tous les besoins.
Enfin, on verra. C'est peut-être simplement un mauvais moment à passer. Ou le signe d'une profonde mutation irréversible.
PS : Pour ceux et celles qui veulent lire (en anglais) un intéressant point de vue sur le sujet, je vous renvoir à l'excellent blogue du Montréalais Mitch Joel, qui vient justement de reprendre les propos d'un commentateur américain, que voici.
