Seul saint Jude peut désormais secourir Nicolas Marceau


Édition du 30 Novembre 2013

Seul saint Jude peut désormais secourir Nicolas Marceau


Édition du 30 Novembre 2013

Après des mois de déni, le ministre des Finances du Québec, Nicolas Marceau, est à la veille d'admettre ce dont pratiquement tout le monde se doute depuis un bon moment : on va rater, et de loin, la cible de l'équilibre budgétaire pour l'exercice en cours. À part d'ultimes prières à saint Jude, le patron des causes perdues, le ministre n'a plus de munitions. Il ne pourra réaliser ses engagements.

Il y a tout juste un an, nous étions bien quelques centaines à décortiquer son budget, à Québec, pendant la séance à huis clos qui en précède la présentation officielle à l'Assemblée nationale. Devant nous, M. Marceau s'est montré formel, tout comme son collègue Stéphane Bédard, président du Conseil du Trésor : l'année allait se dérouler sous le signe de l'équilibre.

C'était d'ailleurs écrit noir sur blanc sur la toute première page du volumineux document détaillant le plan budgétaire du gouvernement : «Le présent budget confirme le retour à l'équilibre budgétaire en 2013-2014 et son maintien pour les années subséquentes, conformément à la Loi sur l'équilibre budgétaire.»

On devrait maintenant apprendre dans quelques jours que le gouvernement québécois va transgresser la loi en reconnaissant un lourd déficit. Il se pourrait même que le ministre annonce que les finances publiques seront également dans le rouge en 2014-2015. Québec ne peut plus fanfaronner et clamer qu'il s'illustre mieux que ses voisins. Le fédéral, lui, s'était gardé une petite gêne. Il prévoit dorénavant un retour aux surplus en 2015-2016. On peut parier que ce sera là le nouvel objectif que le Québec va devoir se donner, plutôt piteusement dans les circonstances.

Que s'est-il donc passé ?

En vérité, le ministre Marceau évoquait alors quatre risques qui pourraient influencer à la baisse la croissance économique du Québec. C'était prudent. Sauf que pas un seul de ces risques ne s'est effectivement manifesté ! Il faut donc chercher ailleurs la source du problème.

Voyons : on craignait d'abord une recrudescence des tensions financières en zone euro. Au contraire, la situation est en train de se normaliser. Était aussi redoutée une réduction trop soudaine du déficit budgétaire américain qui freinerait l'économie chez nos voisins. On peut certes décrier le cirque politique, mais l'économie s'y redresse. Écartée aussi la menace d'une hausse importante des prix du pétrole, tout comme celle d'un ralentissement marqué de la croissance économique en Asie.

Si ce n'est pas la faute des autres, ce doit alors être la nôtre ?

La question est légitime. Les prémisses de ce plan budgétaire se sont avérées exagérément optimistes. Et les actions erratiques du gouvernement en sont à tout le moins partiellement responsables.

La croissance économique allait se poursuivre, paraît-il. On a dû déchanter. Les investissements des entreprises ont fléchi au lieu de rester élevés. Les exportations, en baisse, n'ont pas contribué comme prévu à la croissance. En conséquence, la création d'emplois a été minimale. Pour reprendre le jugement sévère des économistes du Mouvement Desjardins, l'économie du Québec est tombée en panne.

Dans une de leurs dernières notes, ils entrevoyaient une éclaircie. Il le faudra. Le gouvernement Marois accumule déjà de nouveaux engagements qui risquent d'être coûteux, comme la mise en place du nouveau régime d'assurance autonomie, le financement accru des universités ainsi que celui de la recherche, et tout ce qui a trait à l'électrification des transports. Ajoutez les profits stagnants, voire en baisse, de ces deux vaches à lait que sont traditionnellement Hydro-Québec et Loto-Québec... Nicolas Marceau aura intérêt à ne pas ranger trop loin l'effigie de saint Jude.

Indexation, même sans inflation

La dernière lecture de l'inflation (novembre 2012 à octobre 2013) signale que le coût de la vie augmente très faiblement au Québec : à peine 0,2 %. Et on n'entrevoit pas de pression substantielle à moyen terme, ce qui signifie que la Banque du Canada ne se sentira pas pressée de relever son taux d'intérêt directeur.

Avec si peu d'inflation, peut-on imaginer que l'indexation des droits de scolarité universitaire décrétée par le gouvernement ne s'appliquera pas ? Non.

La formule d'indexation choisie est fondée sur l'évolution du revenu disponible des ménages par habitant, selon le calcul de Statistique Canada. Ce sera donc toujours fixé à 2,6 % pour 2013-2014. Désolé...

À la une

Il faut concentrer les investissements en R-D, dit le Conseil de l’innovation du Québec

24/04/2024 | Emmanuel Martinez

L’État devrait davantage concentrer les investissements en R-D dans certains secteurs, selon le Conseil de l’innovation.

Repreneuriat: des employés au rendez-vous

23/04/2024 | Emmanuel Martinez

REPRENEURIAT. Le taux de survie des coopératives est bien meilleur que celui des entreprises privées.

De nouvelles règles fiscales favorisent le repreneuriat familial

Édition du 10 Avril 2024 | Emmanuel Martinez

REPRENEURIAT. Elles devraient stimuler le transfert d'entreprise à des proches.